Dans la nuit, le ballet des tracteurs est incessant en cette période de campagne sucrière. En effet, pour éviter les bouchons et arriver à temps à l’usine, les planteurs n’ont pas le choix, ils sont contraints de faire la route de nuit.
Sa montre affiche précisément 4h03 lorsqu’Alix prend le volant de son tracteur. Planteur dans l’Ouest, il doit tous les jours transporter ses cannes en plein coeur de la nuit jusqu’à la balance du Grand Pourprier. Une heure bien matinale qui ne relève pas d’un choix délibéré, mais plutôt d’une précaution nécessaire pour éviter de rester bloqué dans les embouteillages. "Je me réveille vers 3h30 pour arriver à la balance à 5 heures." La livraison ne commence qu’à 6 heures, mais Alix est obligé de partir aussi tôt s’il ne veut pas se retrouver dans le flux de circulation à l’heure de pointe.
4h39. Alix, au volant de son tracteur, emprunte les rampes de Plateau Caillou, puis la Chaussée Royale. Un détour de plusieurs minutes, mais obligatoire puisqu’il lui est formellement interdit de circuler sur la route des Tamarins.
A 4h47, soit trois quarts d’heure après son départ, l’esprit d’Alix s’échauffe un peu. "Si j’avais pris la bretelle d’accès pour la route des Tamarins, je serais déjà arrivé sur la plate-forme de Plateau Caillou", se désole le planteur devant cette perte de temps.
Finalement, peu avant 5 heures, le tracteur d’Alix arrive enfin à destination. Le jour n’est pas encore levé, mais il a mis près de 50 minutes à parcourir 16 kilomètres. Un voyage déjà long et semé d’embûches qui risque de se compliquer encore avec le début des travaux sur les rampes de Plateau Caillou, programmés à partir du 28 août.
"On va être dévié par les hauts et on perdra encore un quart d’heure", explique Alix, "Il faudra que je parte à 3 heures". Inquiets par ce nouveau détour annoncé, les planteurs de l’Ouest ont d’ores et déjà demandé une dérogation afin de pouvoir ponctuellement circuler sur la route des Tamarins. Leur requête n’a reçu pour l’instant aucune réponse.