La page facebook et la vitrine de la boutique Addict à Saint-Denis, affichaient jusqu’à vendredi, la photo d’une voleuse présumée. Un appel à témoins, qualifié de délit par les magistrats, qui a sucité l’indignation des consommateurs.
"Afin de lutter contre le vol et son impunité, nous partageons ci-dessous la photo d’une voleuse récidiviste, merci pour tout retour d’info en message privé". Cet appel assorti de la photo d’une jeune femme, a été diffusé sur la page Facebook d’une boutique dionysienne à l’attention des utilisateurs du réseau social. Malgré les notifications d’indignés, le post a récolté juste avant son retrait, une soixantaine de "like" et près de 185 partages.
Les faits remontent à quelques jours. Une femme dérobe dans la boutique de vêtements Addict, trois articles. Un larcin qui représente une valeur totale de 400 euros. Interpellée par la commerçante, la jeune femme s’en amuse, avant de nier en bloc et de prendre la fuite. Seule dans la boutique, la vendeuse se retrouve dans l’incapacité de la poursuivre.
Bien connue dans le quartier, la propriétaire de la boutique alerte les commerçants de la rue. Le lendemain, l’un d’eux semble apercevoir la prétendue voleuse, et prend un cliché de la femme accompagnée d’un nourrisson. Cette dernière est vêtue d’une des robes dérobée la veille.
Carine Costa, responsable de la boutique Addict, publie deux photos sur Facebook et les exhibe également sur la vitrine de son magasin. Un appel à témoins qui fait apparaître une élégante jeune femme, poussant un landau. Seul un bandeau noir masque les yeux de l’enfant. Une acte totalement illégal explique Maître Alain Antoine, spécialisé dans le droit à l’image, “vous ne pouvez pas prendre en photo quelqu’un et l’exposer ensuite sur Internet”, affirme-t-il. Un acte sévèrement réprimé, puisque “la peine encourue est d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende”, souligne le magistrat qui parle d’un délit “jamais vu à La Réunion".
Les consommateurs s’indignent également, “ là on diffuse l’image d’une personne, tout le monde sera au courant de son identité, c’est pas bien. C’est la loi qui doit s’exprimer sur ce vol. Ce n’est pas à la boutique de s’en charger”, clame un passant. Un autre s’inquiète des violences que pourraient subir la jeune femme, ”ça a un intérêt pour le magasin, mais c’est dangereux pour la personne !”
Et pour cause, l’histoire ne s’arrête pas là. la boutique du centre ville du chef-lieu a reçu ce vendredi la visite du substitut de procureur qui lui a ordonné d’enlever l’affiche, mais également du père de l’enfant immortalisé sur la photo. Ce dernier se serait montré menaçant. La voleuse serait en fait, l’une des amies de la mère du bébé.
Carine Costa de son côté a laissé savoir qu’elle ne regrettait pas son attitude. “Je ne cautionne pas le vol. J’ai diffusé sa photo car je veux qu’on retrouve cette personne et j’espère qu’elle ne reviendra plus ici. J’assume complètement mes choix".