Président de l’association "Vérité Requins Réunion", Yann de Prince rend public un rapport confidentiel émis par la société Click Research. Ce rapport contredit dès 2012 les conclusions de l’IRD sur la présence de requin et de spécimens dangereux au large de Boucan Canot et des Roches Noires.
8 mai 2013, Stéphane Berhamel est tué par un squale au large des Brisants. La société Click Research, qui gère une balise située 400 mètres plus loin va relever les données enregistrées, avant de transmettre ses conclusions aux scientifiques de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Dans un rapport confidentiel, elle estime qu’un seul animal est suspect : celui nommé Estelle. "Les faits notables sont la très forte présence du 3451 le matin de l’attaque et au moment de l’attaque, ainsi que l’absence d’autre requin marqué."
Deux semaines plus tard, l’IRD rend un rapport officiel aux conclusions bien différentes : "Bien que de fortes présomptions pèsent sur le requin 3451, on ne peut scientifiquement pas affirmer que ce soit cette femelle qui soit l’auteur de l’attaque car il y avait aussi d’autres requins marqués sur zone."
Pour Yann de Prince, président de l’association "Vérité Requins Réunion" : "Si ce rapport avait été communiqué, et qu’on avait dit à la population : “Attention, il y a des requins de 300 kilos qui passent leur vie et leur journée devant les Roches Noires. On mesure des dizaines de passage de ces prédateurs”, pensez-vous que les écoles de surf auraient continué, comme c’était le cas, à aller se baigner à cette période comme elles ont continué de le faire, jusqu’à l’attaque mortelle du surfeur Berhamel, survenue aux Roches Noires ? Et pour laquelle je dois rappeler que lorsqu’elle est survenue, les requins étaient présents sur la zone depuis 10 jours."
Près d’un an avant cette attaque, Estelle avait pourtant été identifiée comme un requin particulièrement dangereux, car fixé plusieurs fois par an à proximité des plages de l’Ouest. Une information donnée par Click Research en mai 2012. Là encore, dans un rapport confidentiel.
"A ce stade, la question de la sédentarité de ce requin mérite d’être posée et a d’ailleurs fait l’objet d’un débat sémantique avec l’IRD qui la réfute à grand renfort de formules..."
Ces observations ont-elles été transmises au plus haut niveau de l’État ? Ou sont-elles restées dans les cartons de l’IRD ? Il est impossible de le savoir. En revanche, aucune nouvelle mesure n’a été prise, entre la date de ce rapport, et le décès de Stéphane Berhamel.
Gérant de Click Research, Fabrice Schnoller souligne : "Estelle était parmi les requins qui potentiellement était beaucoup détectée. Cela ne permet pas de conclure sur quoi que ce soit, mais, en attendant, on aurait pu plutôt pêcher celle-là qu’en pêcher 100 au hasard. On peut aussi utiliser les détections des Tags pour faire de la prévention."
Interdites en 2013, les activités nautiques auraient-elles dues ou pu l’être plus tôt ? Certains savaient alors, depuis plus d’un an qu’un requin-bouledogue de 3 mètres de long s’était sédentarisé près des plages de Boucan Canot et des Brisants.