Présidente du tribunal de grande instance de Saint Denis, Françoise Andro-Cohen est l’invitée du 12h30 d’Antenne Réunion. Devant quitter le département à la fin du mois, elle fait le point sur ses fonctions depuis 2001.
Françoise Andro-Cohen est encore pour quelques jours, la présidente du tribunal de grand instance, car elle quitte le département à la fin du mois. Connaissant La Réunion en ayant occupé différentes fonctions ici depuis 2001,
Elle s’exprime sur la question de l’autorisation des téléphones portables dans les prisons.
"La question est difficile et je comprend tout à fait la réaction des surveillants des centres pénitentiaires, qui sont très réservés sur ce sujet. On sait qu’illégalement, beaucoup de détenus en ont dans leur cellule. Je pense qu’il faut les laisser accéder à des téléphones fixes. Et je crois d’ailleurs que c’est la proposition du ministre de la Justice en réalité, pour leur mettre à disposition des téléphones fixes pour avoir des communications avec leur famille essentiellement."
"Ça serait très compliqué de légaliser ces portables, car une partie de leurs conversations pourraient échapper à tout contrôle, notamment s’il s’agit de communication sur des activités frauduleuses, il faut être extrêmement prudent."
Pendant ses fonction à La Réunion, la présidente du tribunal de grande instance a dit que l’évolution du modèle familial avait des conséquences lourdes sur le système judiciaire. Elle s’explique.
"Ce que je voulais dire par là est que nous avons assisté depuis ces 20 dernières années à une progression des contentieux, notamment autour de la famille. Aussi bien des contours autour de la maltraitance, avec un éclatement des cellules familiales qui ont conduit les parents à être en plus grande difficulté, et donc à pouvoir faire des actes de maltraitance sur leurs enfants. Les situations de divorces et de séparations conduisent aussi à des conflits que nous n’arrivons pas à résoudre, et qui poussent systématiquement à saisir les juges aux affaires familiales."
"Nous développons la médiation familiale, en essayant de résoudre ces difficultés sans forcément recourir au juge mais avec des médiateurs."
3 300 affaires sont traitées par magistrat par an à La Réunion. Françoise Andro-Cohen, souligne un exercice plus que périlleux pour rendre la justice.
"Quelques fois, il m’est arrivé de dire avec le procureur de la République à la fin de la journée qu’il est miraculeux que l’on puisse rendre autant de décisions."