Alors que la filière porcine traverse une crise en Métropole, dans l’île, elle se porte bien selon les éleveurs et les bouchers. les tarifs sont plus élevés qu’en Hexagone, du simple au double, sauf sur le prix final. Mais un équilibre s’est mis en place.
Ce client vient acheter de la viande de porc dans cette boucherie traditionnelle de Saint-Pierre. Il ne paiera pas forcement plus cher qu’un client en Métropole. Pourtant, le mode de fonctionnement de la filière porcine est totalement différent dans notre île. les 250 éleveurs réunionnais bénéficient d’un tarif minimum garanti situé entre 2,50 euros et 2,70 euros le kilo de carcasse.
"On produit pour 45 truies entre 900 et 1 100 cochons qu’on arrive à vendre entre 2,50 et 2,60 euros le kilo. Si on n’avait pas eu tous ces outils, nous n’aurions pas pu continuer longtemps comme on le fait aujourd’hui", concède Jérémy Bègue, jeune éleveur porcin.
Il faut dire que 80 % du marché est détenu par une seule coopérative qui détient tout l’outil, de la naissance, à l’abattoir. La production, de l’ordre de 11 à 12 000 tonnes par an, est également ajustée en fonction des besoins réels du marché réunionnais.
"L’abattoir nous appartient, tout comme la salle de découpe. C’est pour cela qu’on dit que c’est un circuit court. Alors qu’en Métropole, ça passe par plusieurs mains, et chacun prend sa marge au passage", indique Henri Lebon, éleveur et président du conseil de surveillance de la Coopérative de producteurs de porcs de la réunion (CPPR).
Difficile donc pour les grandes surfaces et les boucheries charcuteries de négocier les tarifs ou de faire jouer la concurrence. Leurs tarifs d’achat sont plus élevés qu’en Métropole, mais pour ce membre du syndicat des bouchers, pas question d’importer de la viande.
"Effectivement ça coûte pratiquement le double que la Métropole, mais ici on a une fraîcheur incomparable", affirme Francis Chan Ashing, boucher et secrétaire du syndicat mixte des bouchers - charcutiers - traiteurs de La Réunion.
Un équilibre réunionnais qui semble tenir jusqu’à maintenant et évite à la filière de se retrouver dans une situation aussi compliquée qu’en Métropole.