Lors de la réunion du Comité opérationnel de réduction du risque requin, hier en préfecture, plusieurs pistes ont été avancées par les acteurs du dossier. Les drumlines de Cap Requins seront déployées sur d’autres territoires de l’île. L’utilisation de la chair de requin dans la fabrication de nourriture pour animaux fait également partie des projets.
Point d’étape crucial pour le Comité opérationnel de réduction du risque requin à La Réunion (CO4R) jeudi 10 juillet. La première phase du projet prend bientôt fin. Les différents acteurs ont fait le bilan des opérations menées et ont évoqué les prochaines étapes.
Cap Requins, CHARC et Ciguatera
Les drumlines du programme Cap Requins, installées en baie de Saint-Paul ont porté leurs fruits. Qu’il s’agisse de balisage acoustique pour comprendre le comportement des squales ou de prélèvements des espèces identifiées comme dangereuses à des fin d’études sanitaires, les lignes de pêche ont permis d’enregistrer des dizaines de requins tigre et bouledogue. 16 squales ont été prélevés et 39 marqués depuis le début de l’année.
Du côté des résultats, si les études se poursuivent, les équipes ont déjà retiré des pistes sérieuses. "Le premier résultat de cette expérimentation, c’est que nous avons un effet de dissuasion par rapport à la présence des requins dans l’espace que l’on souhaite protéger", a expliqué le préfet. Il ajoute que les données "montrent que la présence de cette ligne de pêche dans une zone évacue une part non négligeable des requins qui pourraient être présents".
Le programme Ciguatera entre également dans une nouvelle phase. 15 requins ont été pêchés sur les 90 prévus (45 bouledogues et 45 tigres). L’étude qui vise à déterminer la toxicité de la viande de requin en vue d’une commercialisation.
"C’est une tâche plus difficile que je ne l’aurais pensé", a avoué Jean-Luc Marx. Un dispositif de pêche "plus articulé" et "plus participatif" a été mis en place il y quelques jours. 30 pêcheurs sont mobilisés. Pour chaque requin, une trentaine de paramètres doit être étudiée.
Cap à l’Est et au Sud
Une quarantaine d’acteurs étaient présents lors du CO4R. Etat, collectivités, scientifiques, associations... Tous estiment qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure.
Jean-Luc Marx a évoqué "la très probable entrée d’autres communes que Saint-Paul dans l’expérimentation" Cap Requins. Huit communes ont participé à la réunion du Comité. Parmi elles, Saint-Pierre, L’Etang-Salé et Saint-Benoît qui verront peut-être bientôt des drumlines dans leurs eaux.
Le dispositif sera étendu à l’Est et au Sud et l’installation prochaine de drumlines à Boucan Canot et aux Roches Noires a été annoncée. Selon Chantal Ambroise, sous-préfète de Saint-Paul, il s’agira "dans un premier temps, d’un basculement dans la zone récifale", Les expérimentations n’étaient jusqu’à présent menées qu’en baie de Saint-Paul.
Pour appuyer les recherches et coordonner les actions, un centre de ressources et d’appui sera créé. "Une structure qui fédérera l’ensemble des actions de prévention et de gestion du risque requin et qui sera partenariale", a expliqué Jean-Luc Marx.
Vigies Requins fait chou blanc
Si on ne peut pas dire qu’il soit menacé, le projet Vigies Requins est en difficulté. 71 sorties, 800 heures filmées 0 intéraction, c’est le bilan du dispositif. L’expérimentation établie par le Museum d’histoires naturelles, dure depuis environs six mois. Le dispositif a été prolongé d’un mois. Délai au bout duquel un rapport sera rendu. Les données indiqueront les suites à donner au projet de surveillance des zones d’activités nautiques par des plongeurs.
De la chair de requin dans les aliments pour animaux
La question de la valorisation du requin a également été au centre des discussions. "Les prélèvements qui sont faits le sont pour des motifs sanitaires. Ces requins qui sont prélevés sont examinés et analysés par un laboratoire", explique la sous-préfète de Saint-Paul.
Chantal Ambroise a par ailleurs annoncé qu’il est "envisagé en termes de débouchés, d’utiliser la chair de requin sur une revalorisation pour l’alimentation pour animaux dès lors que cette possibilité sera offerte".
Elle ajoute : "Nous avons déjà rencontré un certain nombre de chercheurs, notamment de l’université, nous allons amplifier cette recherche". La chair serait transformée en farine animale. Une valorisation via l’artisanat a par ailleurs été évoquée. Une collaboration avec la Chambre de Métiers est envisagée.
L’arrêté préfectoral maintenu
Des avancées dans le dossier risque requin mais un arrêté préfectoral qui reste toujours en vigueur. Si le préfet estime qu’il y a une "crédibilité à donner à l’hypothèse selon laquelle, quand l’homme occupe la colonne d’eau, l’animal relativement craintif et furtif qu’est le requin, ne s’y aventure en règle générale pas", les règles de prudence sont régulièrement rappelées.
"Nous sommes entrés en période d’hiver austral, nous sommes entrés en période de grandes vacances, et c’est à ce moment là, comme le passé le prouve, que le risque s’élève", a commenté Jean-Luc Marx. Le préfet appelle à "poursuivre l’énorme travail entrepris et également à être extrêmement vigilants, prudents et à respecter l’arrêté le mieux possible".