Cette fin de semaine a été marquée dans notre île par la coupure d’électricité qui a entrainé la grogne des usagers et leur incompréhension. Alors que près d’un tiers de l’humanité vit dans le noir faute d’accès à l’énergie.
C’est un phénomène bien connu dans nos pays dits développés. Dès que le confort usuel eau ou électricité vient à manquer, la population est démunie. Ainsi plus de 60 000 foyers ont été privés d’électricité dans l’Ouest et le Sud de l’île en raison d’un mouvement de grève au sein de l’Usine du Gol. La raison : la revalorisation des bas salaires et la création d’une unité économique et sociale entre les deux centrales qui produisent 60 % de l’électricité consommée dans le département.
D’un côté des syndicats qui se battent pour une amélioration sociale, de l’autre des usagers pris en otage. La routine. Surtout vu de pays moins riches. Car c’est 30% de l’humanité qui est plongée dans le noir faute d’accès à l’énergie. Et 80% résident dans les pays les moins développés et en Afrique sub-saharienne. C’est à dire nos voisins directs. Des pays qui n’ont pratiquement aucune chance d’atteindre les objectifs de développement du Millénaire fixés pour 2015. Car l’espoir est de diviser par deux la pauvreté d’ici 2015. Pour atteindre ce but, il faudrait qu’environ 1,2 milliard de personnes supplémentaires bénéficient de l’électricité et 1,9 milliard de combustibles modernes pour se chauffer et cuisiner.
Car selon l’étude du Programme des Nations unies pour le développement, c’est l’étroite corrélation entre extrême pauvreté et manque d’accès à l’énergie qui est la cause de cette catastrophe. Car le constat est alarmant. Moins de 3% des Burundais, des Tchadiens ou des Libériens ont le courant, moins de 5% au Rwanda, en République centrafricaine ou en Sierra Leone, 13% en Birmanie ou en Afghanistan. La pénurie d’électricité dont souffrent les grandes villes africaines serait aussi liée à l’absence de stratégie des états.
Lire cet article d’Afrique Express : l’électricité en Afrique : l’obscurité fût.
Environ 1,5 milliard d’habitants des pays en développement n’ont pas accès à l’électricité et 3 milliards dépendent de combustibles solides (biomasse, charbon) pour cuisiner et se chauffer. A l’heure du micro onde qui paralyse la vie des réunionnais quand il n’y a plus d’électricité, et des voitures électriques qui arrivent en masse par bateau.
Apporter l’électricité à chaque foyer coûterait environ un dollar par personne pour un service minimum. Mais comme pour le service de l’eau, l’accès à l’énergie n’apparaît pas comme une priorité aux gouvernements. Dans le monde en développement, 45% de la population utilise la biomasse (bois, résidus agricoles...) et le charbon à des fins domestiques : cette proportion passe même à 71% en zone rurale. Mais seuls 27% se servent de foyers améliorés qui garantissent une meilleure combustion et évacuation des émanations. Car près de 2 millions de décès sont occasionnés chaque année dans le monde par la pollution intérieure liée à ces combustibles. Les femmes (50% des décès) et les enfants (44%) sont particulièrement touchés par les pneumonies, maladies pulmonaires chroniques et cancers du poumon car ce sont eux qui restent près du foyer.
Le futur accord climat qui doit être négocié à Copenhague à partir du 7 décembre doit garantir un financement aux pays les plus démunis pour les aider à se développer sur des modes non polluants, tout en s’adaptant à un climat déréglé.