L’atelier requin organisé hier à Saint-Denis a été l’occasion de faire un bilan provisoire de l’opération CHARC (Connaissance de l’habitat des requins côtiers de la Réunion) lancée après les différentes attaques de requins survenues sur le littoral Ouest en 2011. La création d’un comité réunionnais de réduction du risque requins a été actée et les autorités ont pu faire le point sur les mesures mises en place. Si aucune "solution" n’a véritablement été trouvée, les études scientifiques visant à mieux comprendre le comportement des squales aux abords des côtes vont se poursuivre.
2011 fut une année particulièrement meurtrière sur le littoral réunionnais. Plus de 6 attaques de requin ont été enregistrées à la Réunion, dont deux se sont avérées mortelles. Matthieu Schiller et Eddy Aubert, deux bodyboarders aguerris, ont perdu la vie en pratiquant leur passion. Sur les 6 attaques répertoriées, 5 se sont produites dans l’Ouest. Les charges, observations et attaques se sont multipliées sur le littoral, notamment dans la zone entre l’exutoire de la Rivière des Galets et les Roches Noires. Les statistiques dévoilées par les autorités sont sans appel. Depuis 1980, les surfeurs ont été la cible de 53% des attaques, des attaques survenues à 28% sur le littoral Saint-Paulois.
Hier, usagers de la mer, commerçants, représentants de l’Etat se sont réunis pour un nouvel atelier requin. "Nous avons commencé à entrevoir des solutions il y a déjà plusieurs mois, cette réunion a été l’occasion de faire le point", a précisé Thomas Campeaux, le sous-préfet de Saint-Paul intervenu à de nombreuses reprises dans ce dossier. Un comité réunionnais de réduction du risque requins a été créé. Se voulant un espace de débat et de concertation, ce comité vise à poursuivre la réflexion menée pour limiter le risque d’attaques.
Suite aux attaques successives de requin, les autorités avaient décidé de lancer une vaste opération. Baptisée CHARC (Connaissance de l’Habitat des Requins Côtiers de la Réunion), cette opération a pour objectif de mieux comprendre le comportement et les habitudes des squales aux abords des côtes. Scientifiques et professionnels de la pêche ont travaillé main dans la main pour "marquer" les requins en leur posant des balises acoustiques. Véritables mouchards, ces petits appareils doivent permettre d’enregistrer les déplacements et les passages des requins. Entre octobre 2011 et fin janvier 2012, une vingtaine de requin ont été capturés et 13 ont été marqués par les scientifiques de l’IRD (Institut de recherche et de développement). Sur les treize requins marqués, 3 requins bouledogues ont été détectés dans la zone pendant les 2 mois d’observations. Les autres ne sont pas repassés dans le secteur pendant cette période.
La question cruciale à laquelle les autorités veulent répondre est la question de la sédentarité des squales. Comme le reconnaît la préfecture, "l’interprétation des comportements observés reste difficile". Ce sera tout l’enjeu de la deuxième phase de l’opération qui devrait se poursuivre sur les 24 prochains mois. "Les stations d’écoute vont être multipliées et déployées dans la zone entre la rivière des Galets et Saint-pierre.", a souligné Thomas Campeaux.