Le Conseil d’Etat rejette l’appel du ministère de l’Intérieur et somme le préfet à mettre en place une signalisation adaptée des interdictions et des limitations de baignade et d’activités nautiques.
Epilogue de ce feuilleton judiciaire sur la gestion du risque requin à La Réunion. Le Conseil d'Etat devait se prononcer hier après le recours du ministère de l'Intérieur qui a fait appel de la décision du tribunal administratif de Saint-Denis, rendue le 19 juillet dernier.
En effet, le juge des référés avait enjoint l'Etat à mettre en place des dispositifs nécessaires pour prévenir du risque requin sur le littoral réunionnais, suite au recours déposé par le député-maire de Saint-Leu, Thierry Robert. Il estimait que l'Etat n'avait pas pris la mesure du problème et n'avait pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour sécuriser la baignade et les activités nautiques à La Réunion.
En réponse à la décision du tribunal, Jean-Luc Marx - préfet de La Réunion - a présenté une série de mesures le 26 juillet dernier. Deux points forts sont à retenir :
- par arrêté préfectoral, la baignade et les activités de surf et de bodyboard sont interdites dans la bande des 300 m du littoral, hors lagons et zones surveillées jusqu’au 1er octobre 2013. Les contrevenants s’exposent à une amende de 38 euros
- une nouvelle vague de chasse aux requins est lancée. 90 squales : 45 tigres et 45 bouledogues seront pêchés dans le cadre de l’étude portant sur la présence de la toxine Ciguatera dans la chair des requins.
Mais le ministère de l'Intérieur a fait appel de la décision du tribunal administratif le 7 août dernier. Les avocats des deux parties ont présenté leurs arguments devant le Conseil d'Etat vendredi dernier. La plus haute juridiction française a rendu sa décision hier : elle donne raison au maire de Saint-Leu, valide la décision du tribunal administratif de Saint-Denis et rejette ainsi l'appel du ministère de l'Intérieur.
Le Conseil d'Etat va encore plus loin et somme le préfet Jean-Luc Marx et donc l'Etat de mettre en place la signalétique nécessaire pour prévenir le risque requin sur le littoral réunionnais.
Le préfet à 10 jours, à compter de la publication de l'ordonnance du Conseil d'Etat, pour mettre en place "une signalisation adaptée des interdictions ou des limitations de baignade et d’activités nautiques, en précisant clairement la nature des risques, ainsi que d’assurer une information sur ces interdictions et risques non seulement de la population permanente, mais aussi des personnes ne résidant pas habituellement dans l’île et qui sont donc moins sensibilisées à ces risques".
Des panneaux, portant les interdictions préfectorales et informant du danger lié à la présence de requins, commencent à fleurir sur le littoral réunionnais, notamment à Saint-Paul, Saint-Pierre ou encore l'Etang-Salé. Si les communes se chargeaient jusqu'à présent de mettre en place cette signalétique, c'est désormais à la préfecture de s'acquitter de cette tâche.
Pour le député-maire de Saint-Leu, Thierry Robert, c'est une "satisfaction". Il ne parle pas de victoire personnelle, mais considère que c'est "la victoire des Réunionnais". Selon lui, cette décision du Conseil d'Etat reconnaît qu'il y a bien une problématique requin à La Réunion. "Enfin on reconnaît qu’il y a un véritable problème lié au requin à La Réunion", s'exclame Thierry Robert.
Si la responsabilité de l'Etat est clairement reconnue désormais dans la gestion du risque requin à La Réunion, reste à voir maintenant si les arrêtés d'interdiction seront bien respectées et que les mesures annoncées participeront bien à inverser la tendance concernant les attaques de requins à La Réunion.