Face à l’épidémie de chikungunya, des millions de moustiques stériles pourraient être lâchés dans les 6 prochains mois à La Réunion. Alors que la polémique à propos du vaccin enfle, cette technique représente un espoir dans la lutte contre le virus. Les moustiques sont traités et seront relâchés pendant l’année et demie à venir à Saint-Joseph.
Moins de moustiques c’est moins de piqûres et moins de piqûres c’est moins de contaminations. Le centre de coopération internationale et recherche agronomique pour le développement et l’institut de recherche pour le développement élèvent des larves d’Albopictus et d’Aegypti, ces deux espèces communément appelées "moustique tigre", sont les seuls à transmettre des maladies à l’homme. Une fois les mâles récupérés, ils sont stérilisés et regroupés par 1000 avant d’être traités avec un insecticide.
"Ils sont ensuite mis dans des cupules et ramenés sur le terrain. Chaque cupule sera mise dans un seau placé à des endroits prédéfinis. Ensuite on va laisser les moustiques se réveiller et faire leur travail", explique Cécile Brengues - cheffe du projet OPTIS.
Un test est prévu pour les 18 prochains mois à Saint-Joseph. La première phase libère 60 000 moustiques par semaine, la deuxième phase sur une zone plus large prévoit 175 000 moustiques par semaine. Si les mâles s’accouplent avec des femelles, ils produiront des œufs non fécondés. S’ils ne trouvent pas de femelles, ils stériliseront des gîtes larvaires en s’abreuvant dans les eaux stagnantes.
Après le test, la startup Mositouch va prendre le relais et commercialiser cette méthode à La Réunion. "Le module de production de l’IRD a une capacité de production de 500 000 mâles par semaine. Il faut que l’on construise une nouvelle usine qui serait d’au moins 2 millions de mâles par semaine. Si les financements sont disponibles rapidement on pourrait essayer de bloquer la prochaine vague épidémique de chikungunya l’année prochaine", indique Jérémy Bouyer, fondateur de Mositouch.
La stérilisation des insectes est une méthode complémentaire. Les professionnels le précisent, en cas de baisse du nombre de moustiques, il est essentiel de continuer à pratiquer les gestes de prévention au quotidien.