Porté par les associations, le mois sans alcool tombe à l’eau.
À l’initiative du Ministère de la Santé, le mois sans alcool devait avoir lieu en janvier, moment propice pour faire une pause, juste après les fêtes de fin d’année, généralement bien arrosées. Seulement voilà, le gouvernement a fait marche arrière, pour des raisons que certaines associations imputent aux lobbys des spiritueux qui gravitent autour du président.
Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, affirme que "rien n’était envisagé". Il n’empêche, l’idée circulait dans les arcanes du pouvoir. Nicolas Prisse, président de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) déclarait en juin dernier : "J’espère que nous aurons (...) dès 2020, une première année d’un Dry January à la française, ce serait une belle façon de commencer l’année". "Dry January" (Janvier Sec) c’est le concept du mois d’abstinence d’alcool, né en Angleterre il y a 6 ans.
À l’idée de passer un mois sans alcool, les Réunionnais seraient plus ou moins prêts à relever le défi. "Bien sûr je peux rester un mois sans alcool", "Vu les dégâts que l’alcool cause, surtout sur la route, je pense que c’est une très bonne chose de sensibiliser". Certains vont même plus loin "Il faudrait même arrêter d’en vendre."
David Mété, chef du service d’addictologie du CHU de Saint-Pierre, dénonce une faute politique : "C’est une décision qui scandalise complètement, qui est le fait du roi contre la santé publique. Il se permet par une simple volonté personnelle d’aller à l’encontre d’une population. Ce mois sans alcool, c’est, à l’instar de ce qui se passe avec le mois sans tabac, qui a vraiment prouvé son bénéfice, c’était d’amener une réflexion de la population sur une prise de conscience de sa relation à l’alcool afin de l’amener à lever le pied."
Sans l’appui du gouvernement, difficile d’imaginer poster des affiches ou de financer des spots de prévention.