Dominique Voynet, directrice générale de l’Agence régionale de Santé de Mayotte, fait le point sur la situation sanitaire dans l’archipel. Si elle reconnaît la tension quotidienne à laquelle est soumis le système hospitalier local, elle rejette l’idée qu’il soit submergé. Elle évoque par ailleurs la possibilité d’évacuations sanitaires en direction de la métropole, au cas le CHU de La Réunion ne serait plus en capacité d’accueillir des patients mahorais.
"Pour la deuxième semaine consécutive, on a l’impression qu’il y a un peu moins de cas à Mayotte. Le variant sud-africain a circulé très, très vite. Il a touché toutes les couches sociales, tous les villages, toutes les classes d’âge, générant beaucoup d’hospitalisations en médecine et en réanimation."
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"Ce qui nous fait souci aujourd’hui, c’est le nombre de personnes qui occupent les lits à l’hôpital pour des durées longues, plus que le nombre de nouveaux cas lui-même."
"Les évacuations sanitaires ont lieu deux fois par jour avec à chaque fois deux à trois civières portant des patients. C’est une opération extrêmement lourde puisqu’on a besoin, pour chaque patient, d’un médecin anesthésiste réanimateur, d’un infirmier et d’un ambulancier. D’hôpital à hôpital, il faut entre six et huit heures pour acheminer un patient réanimé, intubé, ventilé à La Réunion."
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"Aujourd’hui, on se rend compte qu’il est impossible d’évacuer nos patients de médecine qui ne sont pas intubés parce qu’ils supportent mal le voyage. Ce sont exclusivement ces quatre à cinq vols de réanimation qui sont évasanés."
"Pourquoi quatre à cinq ? Parce qu’à côté des patients Covid, on continue à avoir des patients de réanimation qui doivent aller à La Réunion pour de la neurochirurgie ou de la cardiologie. On a aussi parfois des patients grands prématurés qui voyagent en couveuse."
"La montée du nombre de cas à La Réunion nous inquiète évidemment. Si le nombre de patients réunionnais qui affluent à l’hôpital contribue également à saturer les services du CHU, on sera amenés ensemble à penser à des évacuations vers la métropole. C’est une opération très risquée, très difficile qui demande une préparation minutieuse, parce que ça n’a jamais été fait à cette échelle."
"Nous avons plus que doublé les capacité en réanimation de Mayotte de 16 à 36 lits. J’ai entendu dire que l’hôpital est submergé, il n’est pas submergé. C’est un terme qu’on utiliserait si on était débordés, si on n’était plus en situation de traiter correctement nos patients. On est sous tension. On est sous tension jour et nuit, tous les jours de l’année, mais on accueille toujours dans les meilleures conditions les patients les plus graves et on ne les met pas en danger."