David Belda, secrétaire départemental de Force ouvrière (FO) Santé, était en direct depuis le CHU Nord, dans le 12h30 d’Antenne Réunion. Alors que le "Ségur de la santé", grande négociation entre le ministre de la Santé et les professionnels soignant, s’ouvre aujourd’hui, le syndicaliste attend des mesures concrètes et immédiates.
Alors que les hôpitaux se vident peu à peu des malades du coronavirus, l’heure est aux revendications pour les professionnels de santé. En première ligne pendant ces mois de crise sanitaire, ces "héros en blouse blanche" exigent plus de moyens pour l’hôpital public : des revalorisations de salaire, plus de postes, plus de lits.
Ces revendications seront le sujet principal du "Ségur de la santé", grande négociation entre le gouvernement et les professionnels de santé qui s’ouvre ce lundi 25 mai, pour aboutir à un plan de relance de l’hôpital public. Le but : sauver l’hôpital public et revaloriser le travail des soignants.
Les attentes sont importantes, y compris pour les soignants réunionnais, qui criaient leur colère contre le manque de moyens lors de grèves en 2019.
David Belda, secrétaire départemental FO Santé, attend des annonces fortes et immédiates à l’issue de ces sept semaines de négociations. "Au-delà des annonces, entre l’augmentation de salaire et la prime exceptionnelle COVID, les beaux discours, ces actions du gouvernement pour nous rassurer, on aimerait des actes immédiats. On voudrait que ce gouvernement prenne des décisions pour sauver l’hôpital public".
"Des investissements lourds ont été menés dans les structures hospitalières réunionnaises. Mais qui a payé la note : les hôpitaux au niveau local, à plus de 50% d’emprunt, avec ce Copermo (Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins) qui est toujours là pour faire en sorte qu’on ferme des lits, qu’on ait moins de personnel pour travail.
"La situation c’est 30 milliards d’euros de dette. Nous ce qu’on attend c’est de meilleures conditions de travail, de recruter des gens, d’arrêter de fermer des lits, de faire en sorte qu’on ait un meilleur ratio entre soigné et soignant à La Réunion, qu’on puisse soigner dans de bonnes conditions. Aujourd’hui Olivier Véran nous dit qu’on va revoir le temps de travail, qu’on va travailler plus pour gagner plus. Moi ça me fait penser à un ancien président. Aujourd’hui quand un soignant travaille plus c’est parce qu’il n’a pas le choix, que c’est imposé, parce qu’il y a un manque de personnel".
A La Réunion, les soignants bénéficient d’une surrémunération salariale par rapport à la métropole. David Belda explique que les revendications salariales restent les mêmes que dans l’Hexagone. "Nous sommes payés sur un indice majoré en fonction du pouvoir d’achat et de la situation insulaire de l’île. On reçoit toujours des patients de Mayotte, nous sommes un établissement de recours, et je vous le dis franchement, c’est pas cher payé. Au début de cette crise on n’avait pas de matériel, pas de masque, pas de surblouse. Un premier outil de travail est arrivé pour faire des masques. On n’a pas pu prévoir car aujourd’hui l’hôpital public est dans une logique comptable et financière dictée par la T2A : une tarification de l’activité qui fait en sorte de fermer des lits, de travailler avec moins de personnel, d’avoir moins de lits, notamment en réanimation et en rééducation. Aujourd’hui on le voit, beaucoup de patients COVID ont besoin de rééducation après 20 à 40 jours de réanimation. On a une deuxième crise sanitaire qui nous attend parce qu’aujourd’hui encore on n’arrive pas à recevoir des patients qui étaient restés chez eux de peur de venir se faire soigner à l’hôtpial. Voilà cette réalité. Ce qu’ont veut c’est que l’hôpital, à travers le gouvernement et le président de la République donne les moyens à la réunion de soigner les Réunionnais mais aussi comme aujourd’hui on le fait, la zone Océan Indien.
On attend d’avoir de meilleures conditions de travail : recruter, arrêter de fermer des lits, pour qu’on puisse soigner dans de meilleures conditions", a conclu le syndicaliste.