L’ Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a décelé des "signaux d’alerte" au cours de nouvelles études scientifiques portant sur le Bisphénol A. Les biberons contenant ce produit sont pointés du doigt.
L’inquiétude augmente sur les effets sanitaires du Bisphénol A présent dans les biberons. C’est un revirement pour cette agence officielle - Afssa (Agence Française de sécurité sanitaire des aliments) - qui avait conclu en 2008 à l’innocuité du Bisphénol A présent dans certains objets en plastique dur tels que les biberons, boîtes en polycarbonate, bouteilles d’eau ou films alimentaires.
Vendredi 5 février, l’Afssa a reconnu l’existence de "signaux d’alerte" au cours de nouvelles études scientifiques. Par conséquent, l’Agence demande de plus amples expertises.
L’alerte devient officielle en ce qui concerne le Bisphénol A. Ce produit migre facilement du récipient à l’aliment puis à l’organisme, d’où l’inquiétude qui grandit concernant les biberons.
Face à cette alerte de l’Afssa, Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts a demandé à ce que soit retirés immédiatement toutes les biberons contenant ce produit.
Dans un communiqué, la tête de liste "Europe Ecologie" en Ile-de-France a rappelé que les Verts réclament l’interdiction des biberons au Bisphénol A depuis deux ans.
Cette demande a aussi été formulée par Gérard Bapt, le député PS (Parti Socialiste) de Haute-Garonne et par André Cicoletta, porte-parole du Réseau environnement-santé.
"Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien, qui a u impact sur tous les systèmes hormonaux, même à faible dose" affirme le toxicologue André Cicollela, président du Réseau environnement-santé qui milite en faveur de l’interdiction du bisphénol A en France. Selon lu, " de très nombreuses études chez l’animal mettent en évidence l’impact du bisphénol A sur les troubles du comportement, de la fertilité, le développement des cancers, le diabète et l’obéité".
++++Plusieurs mesures de précaution s’imposent :
Ne pas trop chauffer les biberons
L’Afssa a relevé des "effets subtils sur le comportement après une exposition in utero et pendant les premiers mois de la vie chez de jeunes rats". Toutefois, son directeur, Marc Mortureux, précise qu’"on n’est pas dans l’urgence sanitaire". Il conseille simplement d’éviter de trop chauffer les aliments conditionnés dans les biberons ou boîtes contenant du bisphénol A.
49 études en six mois
Ces recommandations sont jugées bien faibles par le réseau environnement santé, qui fait état de "49 études entre mai et décembre 2009". Le bisphénol A aurait un rôle de perturbateur hormonal et serait impliqué dans des maladies coronariennes, des troubles de la sexualite ou du diabète chez l’adulte, et des troubles du comportement chez l’enfant.
Appel à l’interdiction
"Il est urgent d’agir et de ne pas attendre les résultats d’études à venir", estime l’association, qui demande dans un communiqué que le ministère de la Santé interdise l’utilisation du bisphénol A dans les plastiques alimentaires. Le Canada l’a banni dans les biberons depuis 2008.
Principe de précaution
L’Association santé environnement France (Asef) demande aussi l’application du principe de précaution, notamment pour les femmes enceintes et les bébés. "Le temps nécessaire aux recherches scientifiques ne doit pas nuire aux populations comme ce fut le cas notamment avec l’amiante", estime l’Asef.
(Photo d’illustration)