La loi du 19 Mars 1946 a apporté des grands changements à la Réunion. Mais 75 ans après, beaucoup reste à faire.
Depuis de nombreuses années, notre île connaît une grave crise économique et sociale. Quelques chiffres suffisent pour traduire cette réalité extrêmement difficile pour des dizaines de milliers de familles :
• Un quart des habitants de l’île, soit près de 220 000 personnes vivraient avec moins de 867 euros par mois (le seuil de pauvreté se situe à 900 euros nets par mois).
• Le nombre de demandeurs d’emplois s’élevait à plus de 132 000 au terme de l’année 2020.
• Cinq communes réunionnaises font partie des 20 villes de plus de 20 000 habitants, les plus pauvres de France : Le Port, Saint-Benoît, Saint-Louis, Saint-André et Saint- Joseph.
• 110 000 illettrés au 21eme siècle à la Réunion, malgré une politique commencée dans les années 1960.
• En 2019, environ 32 000 familles étaient dans l’attente d’un logement social.
• En 2020, 1/3 des usagers EDF soit 142 000 familles en précarité énergétique, et de plus malgré le jeu de la concurrence, les familles réunionnaises sont en difficulté à payer leurs factures d’eau.
Aujourd’hui cette situation s’est encore aggravée avec la pandémie et la crise sanitaire de la Covid- 19. Dès lors, il devient urgent de créer les conditions d’un rassemblement "Domoun", autour d’un nouveau projet de société construit sur la base de quelques idées fortes :
• Renforcer la cohésion sociale en luttant farouchement contre les inégalités. C’est la condition essentielle du développement. Une attention particulière doit être apportée à la situation des personnes âgées ainsi que les précaires qui vivent trop souvent encore dans des conditions difficiles.
• Valoriser la femme et l’homme réunionnais en favorisant leur accession aux responsabilités et à la prise en main de leur propre avenir. Dans cette perspective, il est indispensable d’amplifier la promotion de la culture réunionnaise, de son patrimoine, de l’entreprenariat à l‘ innovation et au génie réunionnais.
• Bâtir une nouvelle agriculture réunionnaise en visant l’autosuffisance alimentaire, en s’appuyant notamment sur des structures de type familial qui ont fait leurs preuves pendant le Covid.
• Développer le transport collectif en site propre afin d’éviter un coma circulatoire. La relance d’un projet ferré du type tram-train de Saint-Benoît jusqu’à Saint-joseph en passant par Saint-Denis, nous semble une nécessité vitale, chaque jour de plus que nous passons dans les embouteillages.
• Avoir une volonté politique forte pour atteindre l‘autonomie énergétique et faire de La Réunion une île verte et écologique.
• Faire de la Réunion un pôle d’excellence :
• Dans le domaine des nouvelles technologies et de la formation, permettre aux jeunes diplômés ainsi qu’aux autodidactes, d’exercer leurs compétences et leur créativité.
• Sur le volet agricole, avoir une diversification des cultures, avec pour objectif une optimisation des ressources locales.
• Faciliter la création de pôles sportifs d’excellence sur notre territoire, ainsi que des passerelles facilitatrices vers la France métropolitaine et le monde. Une politique volontariste sur le développement des associations culturelles et sportives en redonnant ses lettres de noblesses au bénévolat.
• Renforcer et développer toutes initiatives concernant les centres sociaux dans les quartiers en proximité des lieux d’habitation.
• Une part belle à la mise en œuvre des actions en faveur de la démocratie participative ainsi que l’Education Populaire par l’intermédiaire des Cases et Maisons des Jeunes ou tout autre moyen de rencontres. Favoriser les possibles dans la consultation des usagers par l’intermédiaire des RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne local).
La transformation de la société réunionnaise que j’appelle de mes vœux, exige la mobilisation de toutes et de tous. L’Etat doit engager une politique structurelle ambitieuse, au vu des retards relevés par les experts de La Réunion (source INSEE), en lien direct avec toutes les collectivités territoriales, notamment les acteurs économiques, les organisations patronales et syndicales, sans oublier les précaires et les chômeurs.
Mais que l’on ne s’y trompe pas !... Le développement de la Réunion est d’abord et avant tout, l’affaire des Réunionnaises et des Réunionnais. Nous devons tous apporter notre contribution à la construction de cette " Réunion nouvelle ". Elle doit se faire avec notre travail et notre inventivité. Nos ancien·ne·s ont réussi à construire une société à la fois pluriculturelle basée sur le vivre- ensemble, et des valeurs de solidarité et de liberté. Notre modèle constitue aujourd’hui un exemple pour toutes les sociétés confrontées aux problèmes de racisme, de religion et d’intégration.
J’invite aujourd’hui l’ensemble des citoyens, à poursuivre ensemble une nouvelle ambition. Faire de la Réunion une île développée et fraternelle dans l’Océan indien et dans le monde.
Dominique Atchicanon