Retour sur l’actualité avec le député UMP René-Paul Victoria, également conseiller municipal de Saint Denis dans les rangs de l’opposition. Une semaine après le remaniement ministériel, il dévoile sa vision du gouvernement Fillon III. Ancien maire de Saint Denis, René-Paul Victoria évoque également le travail de la nouvelle équipe municipale menée par Gilbert Annette et n’hésite pas à qualifier la politique menée comme étant un grand gâchis.
Retour sur l’actualité de la semaine : le remaniement ministériel. François Fillon est reconduit à Matignon est à la tête d’un gouvernement resserré - plus à droite - , où il ne reste quasiment plus rien de l’ouverture et des centristes. En tant que député au sein de la majorité, que pensez vous ce ce nouveau gouvernement ?
René-Paul Victoria : Tout d’abord, il s’agit d’un remaniement donc ceux qui s’attendaient à un véritable changement ont été déçus. Mais en tant que Gaulliste, je suis fier du retour d’Alain Juppé. C’est un gouvernement qui met le cap pour la France et qui met aussi le cap pour les Français et donc, les Ultra-marins. J’attends beaucoup de ce gouvernement et j’ai eu l’occasion de dire que même appartenant à la majorité présidentielle, je serai un aiguillon pour l’Outre-mer pour que la misère disparaisse chez nous mais également sur l’ensemble du territoire national.
Un gouvernement RPR selon certains. Qu’en pensez-vous ?
René-Paul Victoria : On pourrait dire effectivement que c’est un gouvernement RPR parce que nous avons Michèle Alliot-Marie qui a été présidente du RPR, on a également Alain Juppé ou bien encore François Baroin... Mais ce n’est pas cela qui compte. Le président de la République a voulu une constance : il a nommé François Fillon pour assurer une continuité -ce qui me réjouit - et puis il a mis en place des femmes et des hommes d’expérience pour conduire les affaires de la France et c’est cela qui compte.
Le temps de l’ouverture apparaît révolu : le remaniement a provoqué la colère des centristes qui font également partie de la majorité. Est-ce dommageable selon vous ?
René-Paul Victoria : Oui, effectivement mais le président de la République a reçu Jean-Louis Borloo pour un long entretien (...). On voit bien qu’au-delà d’une appartenance gouvernementale, d’une équipe pour servir la France, il y en a aussi d’autres - qui appartiennent à d’autres équipes - qui doivent concourir à asseoir la politique du président mais aussi à nous engager dans les différents combats à venir pour permettre à la majorité d’être à nouveau aux affaires de la France.
Marie-Luce Penchard est reconduite à son poste de ministre de l’Outre mer. Cela vous étonne ?
René-Paul Victoria : Non, c’est une façon d’assurer la continuité pour l’Outre-mer car l’Outre-mer a trop souffert de la valse des ministre mais aussi d’étiquettes (secrétariat d’Etat, Ministère délégué, ministère...). Le fait que Marie-Luce Penchard soit reconduite à son poste, cela montre qu’il y a une constance, une continuité dans l’action. A elle seule, elle ne pourra pas tout faire mais avec l’ensemble des ministres qui ont en charge un certain nombre de domaines pour l’Outre-mer, nous allons réussir le grand pari qui est le nôtre, c’est à dire le développement de nos territoires.
Marie-Luce Penchard a essuyé de nombreuses critiques. Patrick Lebreton a d’ailleurs déclaré qu’elle est "la pire avocate que l’Outre-mer a connu".
René-Paul Victoria : Je laisse à Patrick Lebreton - que j’estime par ailleurs -, le soin de ses déclarations. Marie-Luce Penchard est ministre mais les Parlementaires doivent aussi apporter leur contribution : il ne suffit pas seulement de critiquer en disant que rien ne va. Une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait ? Pour ma part, je travaille beaucoup avec Marie-Luce Penchard en tant que député et nous faisons avancer les dossiers. C’est cela qui compte.
Pas un mot de l’Outre-mer dans l’intervention de Nicolas Sarkozy cette semaine à la télévision. Comment interprétez-vous ce silence ?
René-Paul Victoria : Je fais partie des députés qui commencent à dire qu’à chaque fois qu’on parle de l’Outre-mer, on se singularise et on oublie que nous faisons partie intégrante de la Nation. Donc, je suis plus dans ce genre d’approche mais par contre, je pense qu’il faut chercher la spécificité pour apporter toujours "le plus" à nos territoires. C’est cela aussi l’un des combats que je mène.
Dans sa feuille de route, Nicolas Sarkozy fait de la réforme de la fiscalité une de ses priorités. Le bouclier fiscal, l’lSF (Impôt sur la Fortune) voué à disparaitre dans le cadre cette réforme : êtes-vous favorable à ces annonces ?
René-Paul Victoria : Je pense qu’il faut revenir sur le bouclier fiscal. Il n’est pas normal qu’on se prive d’un certain nombre de moyens pour assurer le développement de notre pays. Concernant l’ISF, il faut une réflexion encore plus poussée. Il ne faut pas non plus que les capitaux partent ailleurs et que lorsque l’on cherche de l’argent dans notre pays, on n’en trouve pas. Le président de la République a évoqué une grande réforme et au niveau de l’Assemblée, nous avons déjà travaillé sur la mise en place de cette grande réforme. Maintenant, la question qu’il faut se poser est la suivante : comment faire en sorte que l’argent des Français reste au service de la France ? J’espère que nous allons pouvoir apporter des réponses.
Au sein de l’Assemblée Nationale, vous siégerez bientôt aux côtés de Jacqueline Farreyrol qui remplace Didier Robert. Quelle est votre réaction ? C’est une femme que vous connaissez bien.
René-Paul Victoria : Oui, je connais bien Jacqueline. Elle a été ma suppléante et elle était aussi sur ma liste pour les élections municipales. Jacqueline Farreyrol aurait pu faire encore un long parcours à mes côtés à Saint Denis mais elle a déménagé dans le Sud et c’est tout à fait normal que Didier Robert l’ait sollicité. Je peux vous dire que c’est avec une grande fierté et une grande joie que je serai avec elle à l’Assemblée Nationale. Elle donnera aussi une sensibilité à l’Assemblée qui en manque un peu(...). Et puis, à la Réunion, c’est toujours bien d’avoir une femme de plus pour défendre nos intérêts.
Sa nomination a suscité des réactions qui n’ont pas été toujours positives. Pensez-vous que ce soit difficile de poursuivre une carrière politique en étant une femme et chanteuse ?
René-Paul Victoria : Non, ce n’est pas difficile car quand on écoute ses chansons, il y a beaucoup de messages d’espoir pour notre jeunesse, pour notre peuple. Maintenant, elle n’a pas été bien soutenue dans cette démarche parce que le mode de désignation a été un peu bousculé. Parce que ce n’est pas un mode normal au niveau électoral mais ce qui compte, c’est qu’elle était suppléante et la Loi permet à une suppléante de devenir députée. C’est par cette voie que Jacqueline Farreyrol accède à cette fonction de députée de la Nation et vraiment, je la félicite.
Dans les grands dossiers de ces dernière semaines : on a noté la réduction du budget Outre mer, le rabot sur les niches fiscales Outre- mer. Avez-vous le sentiment d’avoir suffisamment défendu la Réunion ?
René-Paul Victoria : Sans langue de bois, je dirais oui. Je n’étais pas souvent soutenu par d’autres mais Gaël Yanno - député calédonien - et moi-même, nous étions présents pratiquement tout le temps à l’Assemblée. Et nous avons obtenu de grandes avancées. La preuve c’est que nous avons fait passer un amendement contre l’avis du Gouvernement concernant le coup de rabot porté à l’investissement productif. C’est une étape gagnée au niveau de l’Assemblée Nationale et on espère que nos collègues au niveau du Sénat vont faire la même chose et on va gagner.
Cette semaine, une lettre d’Objectif Réunion qui dénonce un certain nombre de faits au sein du Département - dont un emploi fictif - a été adressée au Procureur de la république. Est-ce que vous soutenez la démarche ?
René-Paul Victoria : Je n’ai pas été consulté par les élus qui constituent le groupe Objectif Réunion. En tous cas, si la démarche va jusqu’au bout, la justice se prononcera. Je laisse vraiment la justice faire son travail.
Nassimah Dindar n’a pas renouvelé sa carte UMP. Elle ne se reconnait pas dans ce qu’elle appelle l’UMP de Jean Simonetti qui est missionné par Paris. Et vous ?
René-Paul Victoria : Tout le monde sait que si j’ai rendu ma carte à l’UMP, c’est aussi à cause de Madame Dindar. Et en cas particulier à cause de sa position, son mode de fonctionnement par rapport à moi aussi. Mais j’appartiens à une famille, c’est la famille de la droite. A la Réunion, le droite a toujours été une droite plurielle. L’UMP est en train se s’organiser et de se structurer : à l’Assemblée Nationale, j’appartiens donc au groupe de l’UMP mais pas au plan local puisque je n’ai pas renouvelé mon adhésion. Mais je suis dans la famille (...), je suis Gaulliste, c’est à dire que je défends les valeurs d’une France forte, sociale et solidaire. En un mot, j’ai envie de dire que j’appartiens à la famille de la droite sociale.
Quel est votre prochain combat politique ?
René-Paul Victoria : C’est un peu tôt pour en parler mais c’est vrai qu’il y a un cap pour les élections municipales de 2014, il y a un deuxième cap, ce sont les législatives de 2012. Et puis, il y en a d’autres auxquels je participerai.
Donc votre objectif est de reprendre votre mandât à la tête de la municipalité de Saint Denis et de garder votre mandât de député ?
René-Paul Victoria : En tous cas, cela fait partie de mon cheminement politique.
Quant à l’action menée dans votre ville, Saint Denis. Que pensez vous du bilan de votre successeur à la tête de Saint Denis ?
René-Paul Victoria : En tous cas, Saint Denis a perdu beaucoup de temps avec l’arrivée cette équipe de Gilbert Annette. Le preuve, c’est que tous les grands chantiers, les grands projets que j’avais initié ont été stoppés. Je prends l’exemple du Zénith : la pose de première pierre avait été faire mais ce projet ne se fera pas à Saint Denis mais certainement au Port. Tant mieux pour les Portois mais c’est dommage pour les Dionysiens. Le Pôle Océan où tout avait été bouclé, Gilbert Annette a préféré arrêter pour refaire un projet deux fois plus important semble-t’-il. L’aquaparc : les marchés étaient déjà lancés et on se rend compte qu’il arrête sur le Barachois pour en refaire un autre ailleurs. En attendant, on perd du temps, on perd de l’argent. Quel gâchis d’avoir eu cette équipe à la tête de Saint Denis.
Les projets mis en place par Gilbert Annette seront-ils comme les vôtres compromis par un changement de majorité à la tête de Saint Denis ?
René-Paul Victoria : Mon expérience a montré que ce ne sera pas le cas. Lorsque j’ai succédé à Monsieur Michel Tamaya, j’ai continué les projets qui étaient en cours et j’espère bien en 2014 que l’équipe qui sera à la tête de la mairie de Saint Denis - mais ce sera une équipe différente de celle Gilbert Annette, en tous cas je le souhaite et je l’espère - prendra à coeur un certain nombre de projets pour éviter le gaspillage de l’argent public tout en initiant de nouveaux projets.
Donc, si vous accédez à la tête de la mairie de Saint Denis : vous maintiendrez les cinq grands projets de Gilbert Annette tels que la Cité des Arts, le parc aquatique, le projet de rénovation urbaine, l’espace Océan, le Coeur vert familial…
René-Paul Victoria : Le parc aquatique, je l’ai initié. Il y a eu une translation de lieu à lieu et on modifiera certainement le contenu. Le parc urbain a été initié du temps d’Ausguste Legros, il continue et ce sera poursuivi quelque soit le maire qui viendra à la suite. L’ANRU, je l’ai également initié et aujourd’hui Gilbert Annette porte ce projet comme si nous n’avions rien fait. Mais j’ai rencontré le directeur de l’ANRU sur le plan national et il m’a dit que le projet qui est aujourd’hui défendu par la Ville, c’est à 99% le même que celui que j’avais. Donc on peut voir que l’on dénonce, on opère un relooking et on refait la même chose. Mais moi, au lieu de faire cela et de gaspiller de l’argent, je poursuivrais les projets qui seront bien instruits, bien préparés et financés.
Retrouvez l’intégralité de ce face à face avec René-Paul Victoria dans la vidéo ci-jointe ainsi qu’une série de "questions décalées".