Invité du plateau d’Antenne Réunion, Paul Vergès réagit à la polémique lancée par Huguette Bello sur les emplois verts de Saint-Paul financés par la Région. Il revient également sur le congrès du Parti communiste réunionnais de ce week-end.
Votre réaction sur cette plainte qui va être déposée et ainsi que la colère des élus de Saint-Paul. Une manoeuvre électoraliste selon vous ou bien une pure coïncidence ?
Il n’y a pas de coïncidence. C’est un retour aux vieilles méthodes de clientélisme et de corruption. Huguette Bello a eu raison de dénoncer ces méthodes. Lorsque la Région dit qu’elle portera plainte, et bien nous disons tant mieux. On portera le débat dans la campagne électorale, devant la justice. Et nous verrons si les méthodes du passé auront encore un succès.
Cela veut dire que vous soutiendrez Huguette Bello dans cette démarche ?
A 100% ! Mais toute la Réunion, c’est pas le Parti communiste. C’est toute la région qui ne veut pas voir revenir les méthodes honteuses du passé. Jouer sur le manque de travail, jouer sur la pauvreté des gens pour essayer de tromper politiquement les élections, je pense que c’est quelque chose de honteux pour un homme politique.
L’autre actualité c’est ce congrès du PCR qui s’est achevé cet après-midi. ON vous a vu au premier rang. C’est un congrès qui se fait à 18 mois du précédent, avec des objectifs multiples : on parle d’autocritique, de recadrage, de nouveau programme. Cela signifie-t-il que le parti va mal ?
Au contraire, il se porte très bien. Et tous ceux qui ont assisté au congrès peuvent vous le confirmer. S’il y a eu ce congrès véritablement extraordinaire, c’est qu’entre le dernier congrès et aujourd’hui, la situation s’est considérablement aggravée. Avec la crise, on a 118 000 chômeurs officiellement. Alors qu’avec la précarité sans travail le chiffre est beaucoup plus grand. Il y a 110 000 illettrés. Il y a 30 000 demandes de logements qui ne sont pas satisfaites. Vous avez une crise aujourd’hui qui est irréversibles parce qu’on est au bout du bout et il faut à tout prix changer. Et cela durera encore des années avec la politique du gouvernement annoncée sur le plan budgétaire sur 2011, 2012, 2013. Nous allons droit à la catastrophe. Et ceux qui veulent corriger avec des emplois aidés sont des menteurs ou des démagogues. C’est pourquoi nous appelons tous les Réunionnai , pas seulement les plus pauvres, mais les entrepreneurs, tous ceux que l’on prive de travail par la suppression des investissements, les couches moyennes. Demain, nous n’annonçons rien de spécial. Avec la politique actuelle, vous verrez que demande le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, le président de la commission des finances du Sénat, c’est à dire la remise en cause de la situation des fonctionnaires. Vous verrez que le gouvernement y interviendra.
Elie Hoarau l’a affirmé : le congrès avait pour objet de resserrer les liens, de recadrer les troupes et de se remettre en question. Quelles leçons avaient vous retiré du passé Paul Vergès ?
Je pense que si on ne se remet pas constamment en question, on est un cadavre politique. C’est pourquoi il faut le refaire sur la base de l’expérience passée. Nous avons 51 ans du Parti communiste réunionnais. Il est au centre de la politique de la Réunion. On ne peut pas évoquer les luttes politiques sociales et culturelles depuis 50 ans sans remettre au premier rang l’action du Parti communiste. Que ce soit dans l’égalité des droits sociaux, que ce soit dans la politique pour la défense du créole, que ce pour la culture, pour le maloya, pour tout. Nous sommes au centre de tout.
Je pense à une déclaration d’Elie Hoarau qui dit : "C’est en corrigeant ses erreurs personnelles qu’on devient un bon parti". Vous personnellement, pensez-vous que le tram-train et la MCUR étaient une erreur finalement ?
Je pense que c’est une erreur tragique de ceux qui l’ont supprimé. Et je pense que la première action que nous ferrons en cas de changement en 2012, c’est de rétablir tout de suite le tram-train et la Maison des civilisations, tel que s’est engagé à le faire l’opposition avec laquelle nous sommes en discussions à Paris. Et c’est dans la situation actuelle, de chômage, supprimer un investissement d’un milliard 500 millions, mais c’est impardonnable.
L’autre objectif de ce nouveau congrès, c’est l’élaboration d’un nouveau programme. Quels en sont les contours à l’issue de ce septième congrès du PCR ?
Et bien si j’en juge par les conclusions du congrès, l’urgence des urgences est d’aller vers les couches les plus pauvres, les 118 000 chômeurs, les rmistes et les autres. Il y a la possibilité avec des grands services publics que ce soit l’aide à la personne telle que le Conseil général a commencé à le faire.
Donc une politique du parti plus sociale ?
Un service publique pour régler par les Réunionnais les problèmes des déchets, des eaux usées, de l’environnement, etc. Et élaborer, comme nous le demande en France les grands partis nationaux engagés dans l’élection de 2012, ils nous disent faites vos propositions et nous ferons ce plan de développement durable pour la Réunion.