Pour Patrick LEBRETON, le gouvernement doit faire face à ses responsabilités et ne pas abandonner les 2 millions de français d’outre-mer. Patrick LEBRETON a exhorté le gouvernement à conduire une politique volontariste destinée à assurer le développement économique et social que les populations d’outre-mer attendent tant.
Représentant l’opposition, le Député a voté contre ce budget. Voici l’intégralité de son discours prononcé cette nuit à l"Assemblée nationale devant Marie-Luce Penchard et les autres représentants de l’outre-mer :
2) Les Etats Généraux
Les Etats Généraux : cette initiative que plusieurs d’entre nous avions portée au plus fort de la crise de février dernier.
Dans notre ambition, il devait s’agir d’un événement permettant, pacifiquement et sans tabou
1) d’évoquer toutes les difficultés structurelles de nos territoires,
2) de tracer les pistes d’avenir,
3) de déterminer les objectifs communs à atteindre au profit de l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens.
Nous attendions des mesures fortes, de nature à offrir aux territoires et à la population des perspectives de développement économique, de développement social à la mesure des enjeux et de la gravité de la situation
Lors de l’examen de la LODEOM, votre prédécesseur avait d’ailleurs renvoyé bon nombre de nos amendements, pour ne pas dire l’immense majorité à la conclusion des Etats Généraux.
Or force est de déplorer qu’arrivé au terme du processus, cette grande consultation, qui a tant mobilisé, qui a tant laissé espérer de nombreux acteurs de la vie sociale et économique outre mer, les résultats semblent loin d’être à la hauteur.
En effet, le développement du nautisme en Guadeloupe ou le classement de La Réunion au patrimoine mondial de l’UNESCO sont, je n’en doute pas, des décisions sectorielles qui auront très probablement des effets positifs et nous ne sommes pas en mesure de les rejeter.
Mais je ne crois pas que ces mesures seront suffisantes pour conduire l’Outre mer sur le chemin de la prospérité et du mieux vivre pour tous.
En outre, la tentation du gouvernement de vendre une seconde fois les avancées de la LODEOM, toujours non suivies d’effets serait vécue comme une insulte.
La crise sociale et la désespérance sont redevenues silencieuses, les feux des projecteurs se sont éteints, les manifestants sont rentrés chez eux et les CRS dans leur caserne mais la population est déçue et la réplique sociale doit être redoutée.
3) Le budget outre-mer
Comme la plupart de mes collègues, sur tous les bancs de cet hémicycle, nous regrettons ce budget sans réel objectif politique, sans aucune perspective, sans solution.
Encore une fois la LBU, outil essentiel pour résoudre la crise du logement baisse et les crédits affectés aux autres actions stagnent.
Le logement n’est pas pour votre gouvernement une priorité. Or vous ne pouvez ignorer que la crise du logement qui secoue l’outre mer est aiguë et que le secteur du bâtiment et de la construction vit une crise sans précédent.
Le bâtiment a en effet perdu près d’un quart de ses emplois sur ces derniers mois. Ce budget aurait été une opportunité pour réagir et pour soutenir massivement ce secteur et les personnes qui y sont employées de la même manière que votre gouvernement a soutenu les banques et les financiers l’an dernier.
Ces graves problèmes que nous autres, élus de terrain rencontrons au quotidien ne semblent avoir que peu d’écho ou en tout cas ne sont pas pris en considération à Paris.
L’entrée en vigueur du RSA sans cesse repoussée,
le RSTA qui amputera la prime pour l’emploi,
la réduction drastique des contrats aidés
sont autant d’éléments qui trahissent le profond désintérêt, pour ne dire le mépris, de votre gouvernement pour les outre-mers
Alors, vous vous targuez de renforcer le SMA en déclarant en faire la pierre angulaire de votre politique outre-mer en doublant le nombre de jeunes accueilli sur les trois prochaines années .
Je vous rejoins sur cet objectif.
En effet, j’estime que le SMA est un instrument fondamental pour intégrer les jeunes ultra marins. On estime à près de 80 % le taux d’intégration des jeunes ayant accompli le SMA.
Mais une fois encore vos ambitions résistent mal à l’épreuve des chiffres. En effet comment pensez-vous remplir cet objectif ambitieux alors que seuls 54 nouveaux contrats sont prévus dans ce projet de loi de finances ?
4) La mise en oeuvre de la LODEOM
Enfin, la prise des décrets d’application de la LODEOM, texte pour lequel nous aurons attendu près de deux ans, dont nous avons, dans l’urgence et la précipitation baclé l’examen et qui visiblement attendra encore pour être effectif.
Pourquoi avoir donc déclaré l’urgence sur ce texte, et n’avoir pas permis un second examen par les deux chambres si vous tardez tant à prendre les mesures réglementaires indispensables à son application.
Madame le Ministre, les acteurs socio-economiques et les populations n’en peuvent plus d’attendre ces mesures et je ne saurai trop vous inciter à les prendre rapidement.
Conclusion
Alors, madame le Ministre, je vous avouerai que les populations ultra marines n’ont plus confiance en ce gouvernement.
Elles ne croient plus en les bonnes intentions et les discours lénifiants d’un gouvernement qui n’essaye même plus de formuler des promesses.
Madame le Ministre, vous avez déclaré lors de votre visite en Guadeloupe le 12 octobre 2009 que « Les gens ne supportent pas que les ministres arrivent avec des projets tout prêts et des promesses de crédits. Ils attendent une écoute, un soutien. »
Je suis tenté de vous répondre que si les gens dont vous parlez ont assurément besoin d’écoute et de soutien, ils ne se contenteront pas d’une simple calinothérapie.
Je crois au contraire que votre mission consiste à préparer des projets, à réfléchir à l’avenir de l’outre mer, à cibler et à financer des actions décisives pour le développement économique et social de l’outre-mer, à soutenir les collectivités territoriales bref à redonner un espoir à des populations qui n’en ont plus et qui l’on fait au début de cette année.
En conclusion, les outre-mer ont besoin d’action et d’initiative et non du renoncement et du désengagement symbolisés par ce budget".