La nouvelle assemblée majoritaire se présente comme une "force qui dépasse les clivages politiques". Réélue pour la troisième fois consécutive, Nassimah Dindar a donc présenté les grandes orientations pour les trois prochaines années. Dès la fin du mois d’avril, un plan d’action devrait être mis en place en faveur des personnes âgées.
Dès le début de son discours, la présidente du conseil général a insisté sur le fait que "le message des électeurs a été clairement entendu". Avant d’expliquer : "nous y avons perçu l’inquiétude grandissante pour l’avenir. Nous avons aussi perçu l’espoir que les Réunionnais ont placé en nous pour faire face à l’urgence sociale et aux défis à venir. C’est donc en toute lucidité devant l’ampleur de la tâche et en toute responsabilité que nous abordons ce nouveau mandat".
Le message de Nassimah Dindar et de la nouvelle majorité se veut clair : "Nous disons à chaque Réunionnaise et à chaque Réunionnais notre détermination à les accompagner et à agir pour leur redonner l’espoir et les moyens de résister face à la situation de crise majeure qui nous accable aujourd’hui".
En ce qui concerne les actions à proprement dites du conseil général, la présidente du Palais de la Source est directement entrée dans le vif du sujet : "nous travaillons depuis plusieurs semaines avec les élus pour présenter très vite à la population un plan d’actions cohérent à la hauteur d’une situation sociale et économique inédite. Le Conseil général entend apporter sa contribution au combat contre le chômage et la précarité qui doit mobiliser l’ensemble des acteurs. Même si beaucoup a été fait lors du dernier mandat, nous avons à adapter nos interventions et à innover pour répondre à la dégradation de la situation sociale de notre pays. La solidarité avec les plus fragiles de notre société sera une priorité encore plus affirmée. La solidarité avec les familles, avec les entrepreneurs, les jeunes. L’innovation dans le social sera notre champ d’expérimentation". La priorité sera donc donnée au public le plus vulnérable : que ce soit du côté des Anciens comme des jeunes à la recherche d’emplois/
Nassimah Dindar n’a pas manqué de rappeler que le mandat qui s’ouvre correspond "à une période décisive pour la Réunion". En effet, des échéances de différente nature interviendront entre 2011 et 2014 et toutes auront une influence décisive sur notre situation :
- "Les échéances électorales avec notamment le rendez vous dans moins de 14 mois des élections présidentielles et législatives ;
- Les échéances de nature économique avec en 2014 la renégociation de l’octroi de mer, du contrat de projet Etat-Région- Département, et des programmes opérationnels européens qui déterminent les moyens financiers de notre développement, avec le renégociation du POSEI et du règlement sucrier qui seront décisifs pour l’avenir de notre agriculture
- enfin, échéance de nature institutionnelle avec la réforme des collectivités".
Selon la présidente du Palais de la Source, "cette période va correspondre à celle où La Réunion doit prendre en main son destin pour retrouver durablement les moyens de sortie de crise". Elle explique : "notre fenêtre pour agir est courte, c’est pourquoi il est nécessaire d’engager sans délai, et en partenariat avec tous les acteurs du développement, un véritable plan de bataille pour vaincre la crise, et redonner espoir en notre société. Ne nous trompons pas, l’espoir sera retrouvé si les conditions de l’emploi sont recréées et que des perspectives crédibles sont données aux jeunes réunionnais. Et pas seulement en allouant des prestations sociales. La valeur travail n’a de sens que si le jeune, le père ou la mère de famille ont au moins une chance d’accéder à un emploi. Il s’agit de redonner à toutes les femmes et tous les hommes Réunionnais une place dans la société ce qui favorisera en définitive l’harmonie dans les foyers".
Nassimah Dindar précise que ces défis imposent aux élus de travailler "dans un esprit constructif et collaboratif avec l’ensemble des partenaires pour mutualiser les moyens et répondre à l’exigence d’une action concertée et globale qui répond aux attentes légitimes de notre population. Que ce soit avec l’Etat, la Région, les communautés d’agglomérations, les communes, les bailleurs sociaux, les GIP, nous serons des partenaires vigilants et respectueux des prérogatives de chacun, dans un esprit ouvert à la concertation pour mener ensemble les chantiers décisifs pour le développement de notre île. La polémique ne permet jamais d’avancer. Les Réunionnais attendent des responsables politiques la détermination intransigeante qui transcende les clivages dans le seul bénéfice d’une cohésion sociale renforcée. Ce partenariat doit aussi associer les forces vices de La Réunion, en particulier les acteurs économiques et sociaux".
"Il est clair que le Conseil général ne pourra atténuer seul les maux qui fragilisent notre société : il est donc essentiel que chacun des partenaires dans son propre domaine d’intervention puisse aussi apporter sa contribution que ce soit au plan de l’emploi pour l’Etat ou au plan du développement économique pour la Région" explique la représentante de la Droite Sociale. Avant de préciser : "compte tenu de l’impact de la crise économique actuelle sur la charge sociale que le département aura à assumer, nous avons à identifier les moyens que nous pouvons mettre en oeuvre pour contribuer à éviter l’aggravation de la crise sociale. Car la détresse ne pourra être soulagée qu’à partir du moment où la relance économique sera effective".
Avec près de 30% de la population au chômage, plus de la moitié de la population vivant sous le seuil de pauvreté et la grande majorité de nos aînés vivant du seul minimum vieillesse, les nouveaux travailleurs pauvres, … : "le constat social de notre situation ne peut être qu’alarmant".
A peine réélue, Nassimah Dindar s’est immédiatement adressée aux personnes âgées. "Aux aînés qui nous écoutent je leur dit que rapidement nous remettrons le plafond d’éligibilité au chèque santé (800 euros pour une personne et 1300 euros pour un couple). Ceci pour garantir la santé de nos personnes âgées. Alors que notre économie était l’une des plus dynamiques en terme de croissance et de création d’emplois, nous avons assisté à la mise à mal de pans entiers de notre économie (fin des grands chantiers, reforme de la défiscalisation et rabots fiscaux, difficultés à relancer le logement social, ….) qui ont précipité des dizaines de milliers de Réunionnais dans le chômage et dans la précarité en 2010 (+ 13% à La Réunion comparé aux 4% au niveau national)".
"La gravité de la situation nous impose donc une prise de conscience qui doit aujourd’hui se traduire par la convergence des efforts des acteurs publics et privés pour le développement. Cette coopération constructive est impérative au nom de l’urgence sociale, et au-delà de toute opposition stérile qui ne font pas gagner La Réunion. C’est donc un plan ambitieux qu’il s’agit de mettre en place pour retrouver le cercle vertueux du développement économique et de la cohésion sociale. Il s’agira d’accompagner à court terme d’atténuer les maux d’une société fragilisée par la crise, à travers le renforcement de nos actions sociales en les réorientant et en innovant pour les adapter aux changements récents. Tout en traitant l’urgence sociale, il s’agira aussi pour le Conseil Général de prendre sa part à la construction de La Réunion de demain en assumant pleinement ses responsabilités dans les secteurs de l’environnement, de l’aménagement du territoire, des déplacements, de l’agriculture, ….Il s’agira aussi de mobiliser les investissements du conseil général sur des secteurs viviers d’emplois immédiats en identifiant des leviers de croissance créateur d’emplois comme les services à la personne, le logement social, l’environnement, les travaux publics en direction des PME / TPE, et l’agriculture- agro nutrition. Nous travaillons avec les élus sur un plan d’actions concret qui se décline notamment autour de ces axes de travail. Ainsi nous allons regrouper PACT et SICA Habitat avec le dispositif d’aide à l’amélioration de l’habitat, nous mettrons en place un outil unique pour simplifier l’accès au dispositif pour les usagers (moins de papier, délais plus courts)".
"Un plan départemental pour la famille est en réflexion" annonce Nassimah Dindar. Selon elle, "il s’agit aussi d’atténuer les difficultés quotidiennes des foyers dans la précarité et des travailleurs modestes. Nous travaillons sur des mesures concrètes qui touchent toutes les familles de l’enfant, à l’aîné : le chèque marmaille sera versé directement aux parents pour aider à la garde de leur enfant. De la même manière nous allons aider à la création de micro crèches privées en partenariat avec les entreprises (garderies collectives) dans les zones d’activités économiques. Mesure concrète également pour les publics vulnérables et dépendants comme les personnes porteuses de handicap : rapidement le pass transport pour les personnes handicapées pourra permettre de prendre en charge les frais de carburant de ces publics. De même la mesure répit repos sera opérationnelle dans le courant de cette année pour permettre aux familles de souffler face à la lourdeur de la prise en charge".
La président a également conscience du fait que "la situation nouvelle créée par la crise impose aujourd’hui d’élargir le champ d’intervention vers de nouveaux publics : les classes moyennes qui ont le sentiment d’être les sacrifiés de la crise et ceux qui sont aussi pénalisés sont aussi pénalisés par les mesures gouvernementales."
"Le traitement de l’urgence sociale devra ainsi être renforcé pour accompagner les publics encore plus nombreux dans la précarité et dont les situations individuelles se sont encore dégradées. Je pense aux mal logés ou aux sans abris. Ce programme qui vous sera présenté à la fin du mois d’avril par notre nouvelle assemblée sera complété par une large démarche populaire. Je propose aux élus d’engager immédiatement un cycle de consultation de la population afin d’aboutir d’ici juin 2011 à l’organisation des « Etats Généraux de l’urgence sociale et économique » pour élaborer les propositions locales en vue futures échéances électorales nationales pour faire ériger comme une grande priorité nationale le traitement de l’urgence sociale à La Réunion. Même si le conseil général n’est pas compétent en au sein de notre administration. Elle sera élargie aux partenaires percevant des subventions de la collectivité. L’emploi des jeunes doit être une priorité collective, partagée par l’ensemble des administrations de l’île. Nous entendons donc amplifier nos efforts en ce sens. La crédibilité se juge également sur la capacité à poursuivre le travail engagé, à l’améliorer et à ouvrir de nouvelles perspectives. La feuille de route que nous nous donnons doit ainsi correspondre à des solutions concrètes, réalistes, en phase avec les besoins et attentes des Réunionnais. C’est ce nouveau contrat que voulons nouer avec les Réunionnaises et les Réunionnais".