L’émission politique d’Antenne Réunion accueillait ce samedi Michel Vergoz. Sur le plateau de Face à L’Info, le sénateur socialiste a livré son sentiment concernant les divergences de vue entre le député-maire Patrick Lebreton et le premier S-secrétaire fédéral Gilbert Annette. Michel Vergoz a rappelé que même au sein des partis, "il n’est pas aisé de tenir la maison en bon ordre". Le sénateur socialiste s’est par ailleurs dit favorable à une rénovation du PS et prêt à livrer bataille pour récupérer son fauteuil de Maire à Sainte-Rose.
Vous êtes le premier sénateur socialiste réunionnais depuis près de vingt ans. Quel est le projet que vous souhaitez défendre particulièrement ?
Michel Vergoz : Les projets et non pas le projet. Dans l’immédiat, faire que enfin, on revienne à un peu plus de justice concernant par exemple l’allocation de solidarité pour les personnes âgées. Je trouve que c’est terriblement injuste que de voir que les petites retraites que la nation avance en solidarité, on les récupère une fois le décès de la personne sur la maison principale. Je trouve cela monstrueusement injuste et je vais m’investir maintenant sur cette affaire là qui a été ouverte par le député-maire de Saint-Joseph Patrick Lebreton il y a deux ans.
Quand le taux de chômage s’approche à nouveau des 30% à la Réunion, quelles mesures radicales faut-il mettre en place pour booster l’emploi ?
Michel Vergoz : Il faut mettre deux mesures en place. D’abord, la première c’est de rester aux côtés des chefs d’entreprise pour créer une dynamique dans le secteur marchand. On n’a pas pris ce chemin. Avec la suppression de la niche de l’abattement sur l’impôt sur les sociétés pour les petites et moyennes entreprises, c’est un coup dur pour le secteur marchand. Et puis dans le même temps, pour booster l’emploi, il faut définitivement admettre qu’à 30% du taux de chômage, il nous faut une autre économie à côté, c’est-à-dire l’économie solidaire et sociale. Et il faut faire ces deux efforts là ensemble.
Cette semaine, on a parlé de ces anciens salariés de l’Arast qui n’ont toujours pas touché leurs indemnités de licenciement et qui ont été pour certains délogés du Conseil Général. Que pensez-vous du traitement qui leur a été réservé ?
Michel Vergoz : Injuste. Dès le départ je l’ai dit. Revoyons ce qui a été écrit. Nous étions en pleines élections régionales à l’époque. je trouve que cette affaire a suffisamment duré. Oui, des responsabilités au sommet de l’Arast doivent être impérativement recherchées quoi qu’il arrive.
Au sommet de l’Arast ou au sommet du Conseil Général ?
Michel Vergoz : Au sommet de l’Arast d’abord puisque c’est elle dont il s’agit. Puis après faisons confiance à cette recherche pour arriver au fond des responsabilités. Mais on ne doit pas mettre cela sur le compte de pertes et profits.
Vous avez été élu. Le Premier Secrétaire fédéral du parti Socialiste Gilbert Annette a déclaré avoir fait une concession qui en valait la peine. Que doit-on comprendre dans ces déclarations ?
Michel Vergoz : Je ne vois pas à quoi vous faites allusion. Une concession à qui ? à quoi ?
Etiez-vous un candidat par défaut pour Gilbert Annette ? Patrick Lebreton lui a eu ce sentiment. Il en a parlé dans face à L’Info.
Michel Vergoz : Non, pas du tout. je n’ai pas eu ce sentiment là. On s’était entendu pour que je sois candidat aux sénatoriales. Pour Gilbert, pour Jean-Claude (Fruteau) et pour Patrick, c’était une chose entendue. Effectivement, à un moment, Gilbert Annette a changé de position. Et effectivement, Patrick Lebreton et Jean-Claude Fruteau ont ramené les choses dans ce qui avait été arrêté initialement. Mais il ne faut pas s’étonner de ces choses là. La politique est un monde brutal. Et il faut savoir rester constant dans ses positionnements et dans son argumentation.
Même au sein de son propre parti ?
Michel Vergoz : Tout à fait.
Et quand le Premier Secrétaire fédéral met sur le compte de l’humour ses déclarations sur de possibles fraudes à Saint-Joseph lors des primaires, vous avez déclaré qu’avec ce genre d’humour, "l’artiste ne remplira pas la salle". Qu’entendiez-vous par là ?
Michel Vergoz : Je maintiens ma phrase et je n’ai pas d’autre chose à rajouter. Je trouve que c’est quelque chose qui aurait très bien pu ne pas être dit.
Patrick Lebreton propose de créer un mouvement générationnel, en dehors du Parti Socialiste, si Gilbert Annette reste Premier Secrétaire fédéral. Etes-vous d’accord ou pas ?
Michel Vergoz : Mon combat au sein de mon parti, du Parti Socialiste, ça a été de militer pour le projet. Je crois que nous y sommes parvenus. On faisait passer ce projet, ces idées avant les problèmes personnels, problèmes d’hommes, problèmes d’humains. Les choses ont avancé. On l’a vu aux primaires, aux sénatoriales, sur les primaires où il y a eu une forte mobilisation pour la désignation de notre candidat. Je dis simplement que je suis sur cette voie là. Chaque fois je mobiliserai mon énergie pour faire en sorte que l’unité soit préservée. L’unité est un combat aussi. Même à l’intérieur de notre propre famille. Dans la vie de tous les jours, les citoyens rencontrent beaucoup de difficultés. Même chez soi, il n’est pas facile de tenir la maison en bon ordre.
Vous êtes pour une rénovation même en externe ?
Michel Vergoz : Tout à fait. J’ai été pour la rénovation en 2000 précisément avec Gilbert Annette et Patrick Lebreton, pour la poursuivre, pour qu’on la fortifie, qu’on l’amplifie et qu’on l’élargisse.
Patrick Lebreton a déclaré que si Gilbert Annette n’en voulait pas en interne, "on ferait de toute façon à côté". "Ne vous en faites pas, il y en aura un", tels sont les propos de Patrick Lebreton.
Michel Vergoz : J’aimerais que ces choses ne se passent pas. Après il faut que la bonne volonté vienne de tous les camps. Moi je suis de l’avis qu’il faut faire des efforts. j’invite les uns et les autres à le faire, dans le respect des uns et des autres.
Vous pourriez suivre Patrick Lebreton ?
Michel Vergoz : Patrick est un ami et c’est un monsieur avec lequel je partage beaucoup, beaucoup de points communs.
Qui soutiendrez-vous dans votre circonscription lors des prochaines législatives ?
Michel Vergoz : Jean-Claude Fruteau.
Sur le plan national, au Parti Socialiste et à Europe Ecologie les Verts, on se déchire et on se réconcilie à tout bout de champ. Alors est-ce qu’on s’aime vraiment ?
Michel Vergoz : Il n’y pas d’amour en politique. Il y a du respect, des projets, des éléments, des débats qui sont plus ou moins vifs. Je ne me suis jamais étonné des débats vifs. Au Sénat, on dit que c’est la Chambre des Sages, où on est tranquilles. Pas du tout ! Il y a des débats animés, des prises de parole. C’est magnifique pour la démocratie cela. Restons dans cette démarche là et c’est ainsi que les choses avanceront.
Est-ce que vous estimez que François Hollande respecte les accords avec ses partenaires lorsqu’il annonce qu’il va appliquer les mesure essentielles de l’accord qui a été passé entre le PS et EELV.
Michel Vergoz : Non, non, non. Soyons clairs. François Hollande a été claire sur ce point. On a eu un projet socialiste, voté à l’unanimité. Et puis, on a eu une campagne de primaires avec un désignation par 3 millions de Français et non pas au Palais de l’Elysée, au premier étage, entre trois personnes, comme l’a fait Monsieur Sarkozy pour l’UMP. Aujourd’hui, le candidat du PS, c’est François Hollande et il a toute la liberté d’adapter le projet pour lequel il a été mis en place. Fondamentalement, les choses ne vont pas changer. Concernant la question du nucléaire, François Hollande a été clair. Il a été responsable et respectueux.
On ne compte plus les divergences : l’EPR, la sortie du nucléaire, Notre Dame des Landes, la réduction du déficit.
Michel Vergoz : Il n’y a pas eu de divergences. François Hollande a été claire dès le début. C’est Madame Joly qui a eu un moment d’hésitation. A priori, tout semble être rentré dans l’ordre.
Quand François Hollande invite François Bayrou à sortir de l’ambiguité vous êtes pour ou contre cette main tendue au Modem ?
Michel Vergoz : Au final, c’est bien les Français qui vont déterminer cela. Moi j’ai la prétention de vous dire que les socialistes vont rassembler au-delà de leurs forces. Ce ne sont pas les partis qui à eux seuls vont déterminer le vote des Français. Ce sont les Français lors du premier et du second tour qui feront les éléments qu’ils ont perçus durant la campagne. Je pense qu’il faut faire confiance. Il faudra cependant faire la différence entre la Droite et la Gauche.
Pour conclure, il y aura les présidentielles, les législatives, puis les municipales. Est-ce que vous aimeriez retrouver votre fauteuil de maire à Sainte-Rose ?
Michel Vergoz : Bien sûr que j’aimerais être de la partie de cette bataille politique. Maintenant, elle ne dépend pas que de moi car elle dépend des Sainte-Rosiens et de la Loi et de plein d’autres choses.