Le Député-Maire de Saint-Joseph était l’invité de l’émission Face à L"info ce samedi. Patrick Lebreton s’est longuement exprimé sur l’affaire qui l’oppose au Premier Secrétaire Fédéral du parti, Gilbert Annette, assurant qu’il ne s’agit non d’humour mais de "mensonges". Sur le plateau d’Antenne Réunion, l’élu PS a annoncé officiellement qu’il serait candidat aux prochaines élections législatives. Patrick Lebreton s’est également dit prêt à prendre les rênes de la fédération locale.
Un sénateur socialiste pour la première fois en vingt ans, des primaires citoyennes qui mobilisent, et un François Hollande haut dans les sondages : le Parti Socialiste devrait donc sourire. Ce n’est pas le cas. Que se passe-t-il ? La maison brûle ?
Patrick Lebreton : Moi j’ai le sourire, il n’y a pas de problème. Peut-être que certains n’ont pas accepté le résultat qui est le leur. Nous nous sommes en tout cas particulièrement heureux, tant sur le plan national que local. C’est incontestablement un succès. Je crois que c’est cela qu’il faut ressortir. Je veux saluer le travail formidable des militants à Saint-Joseph et sur l’ensemble de la Réunion et aussi le travail de sympathisants.
On a le sentiment que sur le terrain politique, votre principal adversaire c’est le premier Secrétaire fédéral du Parti Socialiste ?
Patrick Lebreton : Je le constate comme vous également. J’ai entendu Gilbert Annette cette semaine et lu dans les journaux qu’il attaquait directement le formidable travail que les militants et les sympathisants de Saint-Joseph ont réalisé. Je crois qu’on est parmi les meilleurs scores nationaux. Moi je n’ai eu que des félicitations de Martine Aubry, de François Hollande, de Bruno Leroux, d’Arnaud Montebourg, de Vincent Peillon.
Je me rends compte qu’ici, visiblement, ce n’est pas la même chose. C’est dommage. En plus, nous accuser un petit peu à l’image de la fable du lièvre et de la tortue d’avoir fait un excès de vitesse comme Jacques Melick (député-maire PS de Béthune) l’avait fait il y a quelques années... Je lui retournerai à Gilbert Annette la fable de La Fontaine sur la cigale et la fourmi. Pendant qu’il était en vacances Madagascar, nous on travaillait, la fourmi saint-joséphoise comme d’autres fourmis militantes.
Je crois que c’est cela qu’il faut regarder aujourd’hui. Les militants doivent savoir ce que l’on veut. Le Premier Secrétaire ne peut pas être là pour tirer dans les pattes. Il doit être là pour unir. Et quand je vois la Droite unie attaquer Jean-Claude Fruteau dans l’Est, je pense qu’on a un autre travail à faire aujourd’hui que se tirer dans les pattes.
Monsieur Annette met sur le compte de l’humour ces déclarations de fraudes sur les primaires à Saint-Joseph. On doit comprendre que vous n’avez pas le même sens de l’humour ?
Patrick Lebreton : Absolument pas puisque je fais une différence entre l’humour et le mensonge. Quand Jardinot fait de l’humour sur Antenne Réunion, il part d’un trait de réalité, d’une vérité, et puis il la grossit. Gilbert Annette a menti sur ce qu’il s’est passé. Il s’est exprimé sur Antenne Réunion dans le journal télévisé de mardi dernier, et il a dit que c’était une blague, une boutade, que c’était de l’humour.
En réalité, même pas une heure après, à 13h50, on découvre que Monsieur André Padeau, du cabinet de la Mairie de Saint-Denis, envoie un message à Paris en disant : "Suite à notre entretien téléphonique, je vous confirme ma demande du taux de participation de 17 heures au second tour, pour la commune de Saint-Joseph". Donc il a menti aux journalistes du Quotidien, il a menti aux journalistes du Journal de l’Île et à ceux d’Antenne Réunion.
D’après ce qu’on peut comprendre de ce courrier, y-a-t-il réellement une possibilité de fraudes sur votre commune ? Le nombre de votes nuls peut-il interpeller le Premier Secrétaire Fédéral du parti ?
Patrick Lebreton : Je crois qu’entre lui et moi, s’il peut y avoir un soupçon de fraude, chacun peut remonter dans l’histoire. Gilbert Annette a trop joué de divisions. On se rappelle qu’en 1993, il a créé un parti socialiste à côté du parti socialiste et a fait perdre Jean-Claude Fruteau la victoire à la Région. Maintenant, je veux dire une chose. Je reprendrai les mots de Bruno Leroux à Paris : "Tu sais Patrick, quand on a un meeting à faire à la Réunion, que ce soit en 2004 avec François Hollande, avec Martine Aubry ou Ségolène Royal, avec Arnaud Montebourg, avec Peillon, c’est à Saint-Joseph, dans ton gymnase qu’on le fait.
Ce ne sont pas des mannequins, ce sont des militants. Ce sont des sympathisants qui sont debout, qui sont là. Le travail que tu as fait c’est le travail de militant." Moi je veux lancer un appel aux militants en leur disant que ce n’est vraiment pas la carrière de Gilbert Annette ou la mienne qui m’intéresse. Je pense qu’il y a un parti qui s’appelle le Parti Socialiste qui peut être rénové. Il y a un gros travail qui a été fait par eux, par les militants de toute la Réunion. Et c’est à cela qu’il faut qu’on se consacre.
Ce n’est pas la succession qui se joue ?
Patrick Lebreton : Très franchement, je ne suis pas dans la succession. Je vois aujourd’hui qu’on est en train de tourner une page au niveau de la classe politique réunionnaise. Je trouve qu’il ne faut pas laisser à la Droite le boulevard et le monopole de ce mouvement générationnel. Il faut que la Gauche s’en saisisse aussi.
Pensez-vous que c’est le temps pour Gilbert Annette de passer la main ?
Patrick Lebreton : Jean-Claude Fruteau et Michel Vergoz notamment l’ont appelé à le faire. S’il ne veut pas de l’interne, on fera de toute façon à côté. Ne vous en faites pas, il y aura un mouvement générationnel et une rénovation dans le camp socialiste à la Réunion.
Avant ou après octobre 2012 ?
Patrick Lebreton : On verra, très rapidement. Mais je pense que les échéances présidentielles et législatives vont nous donner des indications très claires là-dessus. Nous avons montré ce que nous sommes capables de faire. Jean-Claude Fruteau et d’abord Michel Vergoz sont venus me voir pour dire "Faisons l’unité manifeste". Cela n’a pas été crédible pour la Région, ça l’a été pour les cantonales et pour les sénatoriales.
Je vous rappelle que Gilbert Annette n’avait pas accepté la candidature de Michel Vergoz. Il a été contraint et forcé. Il a critiqué le lendemain comme il a critiqué les militants pour l’excellent résultat de Saint-Joseph. Je pense que maintenant, il est temps en effet de tourner la page et de travailler à unir cela. Je suis disponible.
Quel est votre objectif précis ? Prendre la tête du parti, de manière à prendre une avance par exemple et préparer 2014 ?
Patrick Lebreton : ça aurait pu être une bonne chose, une nouvelle équipe avec des gens de Saint-Denis. Quand je vois l’excellent travail de Gérald Maillot sur la Bretagne, les camarades de la Montagne, etc, il y a un excellent travail à faire dans tous les coins de l’île. Il faut rééquilibrer. On ne peut pas avoir un parti avec sur les 2000 adhérents, 1300 qui sont à Saint-Denis. Et on ne peut pas faire du parti Socialiste le parti du centre-ville de Saint-Denis.
Il y a de la place sur toute la Réunion. Il faut rééquilibrer. C’est un challenge. En 2008, j’avais soutenu Jean-Jacques Vlody, donc je pense que c’est en équipe qu’il faut le faire demain. Si je dois prendre le capitanat, je suis prêt. Mais je ne suis pas prêt à le faire dans la guerre. Si Gilbert Annette s’accroche et veut verrouiller le parti comme il l’a fait depuis qu’il est là, nous on fera la rénovation en parallèle, à côté.
Prendre la direction de la future Assemblée Unique, c’est une ambition qui est la votre ?
Patrick Lebreton : D’abord, je veux que la gauche gagne, que François Hollande devienne Président de la République. S’il est élu Président, il n’y a plus d’assemblée unique en tant que telle. Il faudra donner de la force à la Région et au Département. Je vais travailler à ce que des élus socialistes arrivent à prendre la Région ou le Conseil Général demain.
Certains parlent d’un rapprochement entre le Parti Communiste Réunionnais et le Parti Socialiste dionysien. Vous confirmez ?
Patrick Lebreton : je ne suis pas en mesure de donner ces éléments. Je me suis posé un certain nombre de questions sur l’attitude de celui qui occupe le poste de Premier Secrétaire. Qu’il y ait un rapprochement entre le PCR et le PS, c’est tout à fait naturel. En général, c’est plutôt au second tour qu’on a choisi de le faire. C’est la stratégie mise en place. je pense que la première chose c’est de réunir d’abord sa famille en politique, c’est-à-dire les socialistes et après au premier ou au second tour voir les autres rapprochements.
Pensez-vous que le PCR et le PS de Saint-Denis peuvent avoir un ennemi commun en la personne de Nassimah Dindar ?
Patrick Lebreton : Quand il a été question d’aller derrière Nassimah Dindar au Conseil général, c’était en début d’année, tout le monde était d’accord. Aujourd’hui, il faut l’analyse pour voir si on est toujours sur la même longueur d’onde. Après chacun sa circonscription.
Député sortant, serez-vous candidat aux prochaines législatives ?
Patrick Lebreton : je crois que toutes les conditions sont réunies pour le faire. Moi j’entends certains attaquer mon ami Jean-Claude Fruteau en disant que c’est un député fantôme. Ce n’est pas vrai. On a travaillé sur un certain nombre de dossiers. Moi j’ai fait le bouclier rural, reconnu par Monsieur Jégo. J’ai travaillé sur le retour sur succession sur le fonds national de vieillesse, j’ai travaillé pour faire en sorte d’avoir l’équilibre sur les équipements de sécurité et l’implantation de l’hélicoptère de sécurité civile dans le sud, sauver la station maritime sur Saint-Pierre. Je serai candidat aux législatives, incontestablement.
La Réunion est tournée vers l’incendie du Maïdo. Que comptez-vous faire ?
Patrick Lebreton : je ferai prendre à mon conseil municipal une motion de soutien. Je pense à tout ce qui tombe sur mon amie Huguette Bello, après l’affaire des requins. Je lui apporte mon soutien et ma solidarité. Cette motion, c’est pour avoir des équipements de sécurité au niveau de l’Océan Indien, qui soient stationnés sur le département d’Outre-mer majeur de la zone OI, autrement dit la Réunion. Si ça doit être un Dash 8, qu’on étudie. On ne peut pas être seulement dans la solidarité en Afghanistan ou ailleurs. Il faut aussi que la France nous renvoie le soutien quand on en a besoin.