Jean-Jacques Vlody était l’invité de l’émission Face à L’Info ce samedi. Le conseiller général s’est longuement exprimé sur le projet des socialistes pour les prochaines sénatoriales. L’occasion d’évoquer aussi l’échéance présidentielle et les stratégies mises en place par le PS pour conquérir l’Elysée en 2012.
En métropole nous avons assisté cette semaine au premier débat avant le premier tour des primaires socialistes. Qui est selon vous le meilleur candidat ?
Jean-Jacques Vlody : Pour moi, c’est Martine Aubry, il n’y a pas de doute. Mais je crois que le plus important dans ce débat, c’est que nous avons vécu un grand moment de démocratie. Ce qui est important surtout, c’est que tous ceux qui veulent un changement en France en 2012 viennent participer à ces primaires et choisissent leur candidat.
François Hollande part favori en métropole même si, vous l’avez dit, Martine Aubry semble avoir une longueur d’avance. La Réunion est-elle souvent à contre-courant ?
Jean-Jacques Vlody : Pas à contre-courant. Il faut se méfier des sondages. Nous sommes sur une élection totalement nouvelle. Nous ne savons pas qui va participer. Il faut se méfier de ceux qui annoncent des vainqueurs avant l’arrivée. Aujourd’hui, il y a une campagne d’explication qui est menée et Martine Aubry a tous les atouts pour briguer cette fonction présidentielle.
François Hollande et Martine Aubry : deux candidats opposés sur les thèmes aussi importants que le nucléaire ou la réduction du déficit...
Jean-Jacques Vlody : La richesse du Parti Socialiste, c’est le débat, et c’est justement le choix de donner aux électeurs la possibilité de trancher entre une orientation ou une autre. Et ce sera au final l’orientation du PS, suivie par tous. Ce qui est important, c’est que dès le 17 octobre, tous les socialistes et tous ceux qui veulent un changement se rassemblent autour du candidat qui aura été choisi par les électeurs.
François Hollande sous-entend que Martine Aubry est une candidate de substitution par rapport à Dominique Strauss-Kahn. Cette réaction vous fait sourire ? Elle vous énerve ?
Jean-Jacques Vlody : Ni l’un, ni l’autre. Je crois que Martine Aubry a pris le temps de la réflection pour se positionner. Il faut aussi se dire les choses comme elles étaient. DSK a été pendant longtemps le favori des sondages. On connaît l’histoire qui s’est passée. Martine Aubry a réévalué la situation en fonction des événements et elle a pris ses responsabilités en disant : "J’ai conduit le parti pendant dix ans. Je suis aujourd’hui disponible pour conduire les socialistes à la présidence de la République".
DSK est-il toujours le bienvenu au Parti Socialiste ?
Jean-Jacques Vlody : Lorsque son affaire personnelle sera réglée. Le PS ne rejette personne. C’est une personne de qualité. Lorsqu’il sera disponible, il pourra apporter sa contribution. Son expérience et ses qualités pourront toujours enrichir le Parti Socialiste.
Le PS essaie bien sûr de battre Nicolas Sarkozy aux prochaines présidentielles mais il s’agit aussi et avant cela des sénatoriales. Votre objectif : voir le Sénat basculer à Gauche ?
Jean-Jacques Vlody : Bien sûr. D’abord voir un sénateur socialiste élu à La Réunion et là je lance un appel à tous les grands électeurs socialistes et au-delà des électeurs socialistes pour que Michel Vergoz soit vainqueur au soir du 25 septembre, pour que le Sénat ait une chance historique dans la cinquième république de basculer à gauche. Un contre-pouvoir face à Nicolas Sarkozy.
Vous parlez de cet objectif que ne partagent pas plusieurs conseillers généraux qui siègent au sein de votre majorité plurielle au sein du Département. Vous êtes toujours dans le même camp ?
Jean-Jacques Vlody : Il y a effectivement au sein du Conseil Général un rassemblement de plusieurs sensibilités, deux grandes composantes de la Gauche, une composante du Centre. Il est évident que sur des questions nationales, nous ne sommes pas forcément au diapason. L’essentiel, c’est qu’au Conseil Général, nous fassions avancer les dossiers de la Réunion.
Vous n’êtes pas non plus au diapason en ce qui concerne les prochaines législatives sur votre propre commune, notamment face à André Thien-Ah-Koon ? Vous êtes toujours amis ?
Jean-Jacques Vlody : Il n’y a pas d’animosité. Nous sommes adversaires, concurrents. Nous siégeons au sein d’un camp qui s’est rassemblé autour d’un projet pour la Réunion, au sien du CG. Et au-delà de ces intérêts du Conseil Général, nous retrouvons notre liberté et notre identité politique. Et nous portons les couleurs de nos familles politiques.
Nassimah Dindar est-elle une amie ou une ennemie du parti Socialiste quand on sait qu’elle se présentera sans doute aux prochaines législatives ?
Jean-Jacques Vlody : Je pense qu’elle serait dans le camp des amis du PS. Au premier tour, chacun a le droit d’aller chercher le suffrage des électeurs. C’est au deuxième tour qu’il faut rassembler les volontés pour gagner et constituer une majorité.
Selon vous, à mesure que le temps avance, la majorité plurielle ne se fragilise pas ?
Jean-Jacques Vlody : Non, il y a très clairement au sein du Conseil Général un positionnement très fort sur les axes de la majorité. Nous avons déjà traversé une campagne municipale, cantonale, régionale. Mais cette majorité continue d’exister. Elle continuera au-delà des présidentielles, au-delà des législatives et des sénatoriales.
Les législatives représentent un test avant les municipales. On s’imagine bien que les tensions vont s’accentuer au fil des prochains mois, en l’occurrence entre vous et André Thien-Ah-Koon ?
Jean-Jacques Vlody : Il n’y pas de tension. Au Tampon, il y a une dérive extraordinaire et complètement insupportable du fonctionnement de l’équipe municipale.
Vous sous-entendez que TAK est un meilleur Maire que Paulet Payet ?
Jean-Jacques Vlody : Je sous-entend que le premier a fait ses preuves alors que le Maire en place n’a pas fait ses preuves alors qu’il détient le pouvoir entre ses mains. Ce que je dis surtout, c’est que le Tampon a besoin d’un nouveau souffle. je serai le candidat pour porter ce nouveau souffle et inscrire le Tampon dans le développement et dans l’avenir.
Le PS présente la liste de Michel Vergoz aux prochaines sénatoriales. Peut-on dire finalement que le sud et le Nord ont trouvé un terrain d’entente, un compromis ?
Jean-Jacques Vlody : Oui effectivement, on peut dire que le PS, sur cette question, comme depuis les régionales d’ailleurs, a retrouvé son unité et il est important pour que le Parti Socialiste sorte vainqueur de toutes les élections, que nous soyons vraiment unis et qu’on se mette d’accord sur les stratégies communes pour gagner les sénatoriales.
En cas de victoire, Michel Vergoz va-t-il être amené à quitter la Région ?
Jean-Jacques Vlody : C’est un choix qui lui appartient. Notre logique va dans le sens d’un non cumul des mandats, notamment sur les fonctions sénatoriales. Je connais Michel Vergoz, je sais qu’il aura la volonté, l’énergie de s’investir pleinement sur son mandat du Sénat. Je sais qu’il a déjà laissé entendre qu’il laisserait son mandat de conseiller régional mais ce sera une deuxième étape. Abordons déjà les sénatoriales. Nous verrons le reste après.
Quand doit se dérouler l’élection du futur secrétaire fédéral du Parti Socialiste à La Réunion ?
Jean-Jacques Vlody : Dans l’ordre normal des choses, cela se passera lors du prochain congrès, c’est-à-dire l’année prochaine. Il n’y pas de précipitation. C’est prévu après les présidentielles et les législatives, donc dans le courant du mois d’octobre 2012.
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