Sénateur de la Réunion depuis 2001, Jean-Paul Virapoullé est d’ores et déjà très engagé afin d’être réélu par les grands électeurs en septembre prochain. Face à Michel Fontaine - le président de l’UMP -, l’ancien maire de Saint André espère tout de même que le parti de la majorité obtiendra deux sièges sur le département. Par ailleurs, il ne cache pas ses ambitions pour récupérer la mairie de Saint André aux prochains élections municipales, en 2014, même s’il n’affirme pas qu’il sera en tête de liste.
En premier lieu, que pensez-vous du fait de la semaine, en l’occurrence : la suite du grand déballage sur la vie et les moeurs des leaders politiques. Après l’affaire DSK, la démission de Georges Tron suspecté de harcèlement sexuel (…), Luc Ferry a évoqué l’implication d’un ancien ministre dans une affaire de pédophilie. Pensez que c’est bien qu’on fasse aujourd’hui la lumière sur certains comportements des hommes politique ou est-ce que ce grand déballage vous semble dangereux ?
Jean-Paul Virapoullé : Sur le fond de ces affaires, la justice est saisie et il faut attendre son verdict pour savoir si ces hommes politiques ont fauté, ou pas. Et sur l’affaire DSK, je pense que l’opulence qui est déballée par Monsieur Dominique Strauss-Kahn pendant sa période de liberté sous contraintes est indigne par rapport aux fonctions qu’il a occupé mais c’est aussi indécent par rapport au niveau de vie moyen des Français.
En ce qui concerne les faits évoqués, je vote les Lois et en tant que sénateur, la présomption d’innocence est un principe constitutionnel français.
Avec votre longue expérience politique, avez -vous aussi été témoin d’affaires de moeurs ? Avez-vous recueilli des confidences sur des comportements “limites” que vous avez tu secrets en estimant qu’ils relevaient de la vie privée ?
Jean-Paul Virapoullé : Non. Je pense que ces quelques affaires sont comme des tomates gâtées dans un panier. Il y a trois tomates gâtées dans un panier et on dit que tout le panier est gâté. Ce n’est pas vrai et il ne faut pas insulter l’ensemble des maires, des élus, des sénateurs (...) qui ont une vie normale de "Français moyen". (...) Nous sommes plutôt des repères que de mauvais exemples.
Cette succession d’affaires fait dire à certains observateurs qu’on est parti pour une campagne électorale “de caniveau”, de “fonds de poubelle”. Pensez-vous que c’est le risque ?
Jean-Paul Virapoullé : Les institutions de la IVème République impliquent un débat de haut niveau. Les circonstances économiques mondiale et sociales impliquent un débat de haut niveau.
Après la chute du mur de Berlin qui a marqué la fin du socialisme triomphant, les élites du monde ont inventé le système libéral financier et il touche aujourd’hui à sa fin : il a eu des effets bénéfiques mais au prix de sacrifices humains intolérables. Le débat de l’élection présidentielle doit porter sur une chose : quel monde voulons-nous ? Quelles règles économiques devons-nous mettre en place ?
Avant la prochaine élection présidentielle, les élections sénatoriales se tiendront le 25 septembre prochain. Il y a actuellement trois sénateurs à la Réunion : Anne-Marie Payet, Gélita Hoarau et vous-même mais suite à la prochaine élection, la Réunion bénéficiera de quatre sièges au Sénat.
Vous siégez au Sénat depuis 2001, dans le groupe de l’UMP. En septembre prochain, ce sont les grands électeurs - députés, conseillers régionaux et généraux, maires, adjoints et conseillers municipaux - qui voteront lors de ces élections sénatoriales. Qui conduira la liste UMP ? Le président de l’UMP à la Réunion - Michel Fontaine - ou bien, vous ? Quelle est cette guerre des déclarations ?
Jean-Paul Virapoullé : C’est comme pour les affaires morales : il faut arrêter avec les rumeurs. L’UMP est une instance organisée qui répond à un mode fonctionnement. J’ai été reçu par le président du Sénat et par le président de la Commission Nationale d’Investiture puisque je suis sénateur sortant et ils m’ont dit que tout indique que je serai chargé de cette mission.
Au-delà de cela, j’ai fait mon travail. Et si je n’avais pas travaillé, le monde économique sait que nous n’aurions pas sauvé l’économie sucrière avec la prime bagasse. Le monde du bâtiment sait que si nous n’avions pas travaillé au Sénat, nous n’aurions pas reconverti la défiscalisation spéculative pour faire des logements sociaux (...). Mais cela, c’est le bilan et j’ai aussi un projet. C’est là-dessus que nous allons nous battre. Et puis les grands électeurs voteront en leur âme et conscience. Ils auront ma liste et d’autres listes, ils choisiront.
En tant que président de l’UMP et maire de la plus grande commune tenue par la droite en Outre-mer, Michel Fontaine vous semble-t-’il légitime ? Pensez-vous pouvoir vous entendre ?
Jean-Paul Virapoullé : Je souhaite que nous puissions parvenir à un terrain d’entente. Lorsque la droite est divisée, elle fait le jeu de ses concurrents. Il faut tirer les leçons de nos échecs et se rassembler pour obtenir deux sièges au Sénat. Je suis en campagne (...) pour préparer cette importante échéance électorale.
(...)Je rappelle que c’est quand même le Sénat qui à chaque fois sauve la Réunion lorsqu’un danger constitutionnel ou économique risque de frapper le département. A chaque fois que la Réunion est en danger, c’est le Sénat qui a sauvé la Réunion.
En ce qui concerne la scène politique locale, quel est le leader de la droite à la Réunion à l’heure actuelle ?
Jean-Paul Virapoullé : Je pense qu’il y a plusieurs personnes mais aujourd’hui, la Réunion n’a pas encore trouvé la relève en matière de leader.
Ce n’est pas Didier Robert ?
Jean-Paul Virapoullé : Pas encore, il faut qu’il y travaille encore et les résultats des élections cantonales l’ont montré (...).
Est-ce que vous rêvez toujours de reprendre la mairie de Saint André ?
Jean-Paul Virapoullé : Je pense que le bilan global d’Eric Fruteau est très négatif car la Ville n’a plus de grands projets économiques et cela, on le paiera cher. Et puisqu’il n’a pas de grand projet et qu’il a même arrêté tous nos grands projets économiques, les Saint Andréens s’en souviendront au moment du vote, dans trois ans.
En ce qui me concerne, j’animerai une équipe mais je ne peux pas vous dire aujourd’hui si c’est moi qui vais conduire cette liste.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien avec Jean-Paul Virapoullé dans la vidéo ci-jointe.