De nombreux préjugés courent sur la responsabilité des dirigeants et du peuple grec dans la crise de la dette. Mais que disent réellement les chiffres ?
Quelques statistiques permettent d’éclairer sous un autre jour l’actuelle crise de la dette grecque. Depuis 2010, la question intrigue les responsables politiques de l’Union européenne, le Fond monétaire international, les investisseurs mais aussi et surtout les onze millions de grecs.
La responsabilité des grecs dans le désastre économique qui frappe leur pays est pointée du doigt par leurs partenaires. Le PIB a reculé de 25% en cinq ans. En Allemagne, qui est le pays le plus intransigeant envers la Grèce, le journal Bild Zeitung s’insurge régulièrement contre ces "glandeurs grecs" et est allé jusqu’à lancer une campagne sur les réseaux sociaux pour ne plus verser un milliard de plus pour eux.
Bild Zeitung les qualifient de fainéants, corrompus, ou encore surpayés. En France aussi, il y a des mots très durs sur le cas de la Grèce. Ces jugements justifieraient une cure d’austérité violente. Avec une dette publique qui s’établit à 175% du produit intérieur brut, le pays est de loin le pays d’Europe le plus vulnérable, loin devant l’Italie, 133% du PIB en 2013.
A la fin de l’année dernière, l’élection législative a porté au pouvoir le gouvernement d’Alexis Tsipras qui est hostile aux mesures d’austérité supplémentaires demandées par les créanciers aux grecs en échange de fonds. Il a annoncé fin juin la tenue d’un référendum où le Non l’a emporté.
La question posée aux Grecs était : "Acceptez-vous le projet d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international lors de l’Eurogroupe du 25 juin 2015 et composé de deux parties, qui constitue leur proposition unifiée ?". Les grecs ont répondu massivement Non.
En 2012, le montant des dépenses de protection sociale par habitant s’élevait à 6 123 euros chaque année. A titre de comparaison, c’est un tiers de moins qu’en France où ces dépenses étaient de 9 707 euros par français. Plus révélateur encore : ce montant est quasiment stable depuis 2009 après avoir fortement augmenté pendant les années 2000.
Entretemps, le nombre de bénéficiaires a nettement augmenté, car le taux de chômage est passé de 9,2 % en mars 2009 à 25,6 % en 2015. Le gâteau, qui n’a pas grossi, est donc partagé en parts égales. Au final, les conditions de vie des grecs se sont nettement dégradées.