La grève paralyse l’économie réunionnaise, en particulier les professionnels de la restauration et les éleveurs qui subissent de plein fouet les effets de ce mouvement social. Dans l’incapacité de travailler, les éleveurs ont tenu à exprimer leur colère en déversant plusieurs milliers de litres de lait devant l’usine thermique du Gol.
La présence de gendarmes devant l’usine du Gol n’aura pas suffi à apaiser la colère des éleveurs de la Sicalait. Le barrage mis en place par les autorités a été levé sous la pression des professionnels. Privés d’électricité, les exploitants ne parviennent plus à prendre soin de leurs bêtes et assurer le traitement du lait, en respectant les normes d’hygiène en vigueur. Sans courant, la collecte de lait est en effet impossible. Par ailleurs le manque d’électricité entraine des coupures d’eau. Ces-dernières mettent en péril l’activité des éleveurs qui sont dans l’impossibilité d’abreuver les animaux et les soigner.
Pour dénoncer les conséquences dramatiques de la grève de la Séchilienne, et les menaces qui pèsent sur les cheptels et sur la filière, les éleveurs ont donc décidé de déverser ce mardi après-midi plus de 80 000 litres de lait tourné devant l’usine thermique du Gol, à l’arrêt depuis deux jours. Cette production gâchée représente un manque à gagner de 60 000 euros.
Dans un communiqué diffusé peu après 15 heures, la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA) indiquait "qu’après deux jours de grève, la filière lait paye les conséquences, des milliers de litres de lait seront jetés à cause des coupures."
Les éleveurs de la Plaine des Cafres décrivaient par ailleurs les difficultés qu’ils éprouvent "pour alimenter en eau les animaux, la collète de lait ne se fait plus." Il est possible selon eux que "demain d’autres filières animales soient touchées (les éleveurs de porcs, lapins, volailles). Les bâtiments sont souvent équipés de matériels électriques".
La FDSEA en appelle "à la responsabilité de chacun des partenaires pour trouver une issue dans ce conflit mais aussi à la responsabilité de l’Etat au niveau de zone de délestage qui doit prendre en compte ce type d’activité". Elle ajoute qu’en ce temps de crise "ce sont toujours les plus fragiles qui risquent de payer lourdement".
Cet après-midi, une petite centaine de personnes s’étaient retrouvées devant l’usine de Saint-Louis. Parmi elles, des éleveurs mais aussi des anonymes venus marquer leur soutien à tous les professionnels qui pâtissent de la situation actuelle.
Les éleveurs qui ne tolèrent plus d’être handicapés dans leur travail, en ont appelé aux pouvoirs publics. Ce mardi, les professionnels du lait ont fait part de leur souhait de s’entretenir avec le Sous-Préfet de Saint-Pierre, pour trouver une issue à ce problème qui enraye véritablement le développement de la Réunion.