L’adoption par le Sénat de la proposition de loi visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer signe "la fin d’une situation qui s’apparentait à un scandale sanitaire" estime Michel Vergoz.
Le Sénat a adopté le 20 mai la proposition de loi visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer. Concrètement, pouvez-vous nous dire ce qui va changer grâce à ce texte ?
Michel Vergoz : Les DOM seront considérés comme des citoyens à part entière de La République sur des sujets aussi sensibles et graves de santé publique et d’égalité de traitement tels que la teneur anormalement élevée en sucre ajoutés dans certains produits destinés à la consommation des populations d’Outre-mer ou encore poussant à la date limite de consommation de ces produits.
Il ne pourra plus y avoir d’adaptation au "goût local" ou autres allongements choquants des dates de péremption de certains produits (cf Linfo.re "Outre-mer : les aliments auront désormais la même teneur en sucre").
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De plus, en son article 4, cette loi rend obligatoire la prise en compte du "critère de performance" dans l’octroi des marchés publics sur les offres de produits agricoles frais à nos cantines scolaires. Cela peut être une bouffée d’oxygène pour nos agriculteurs. En effet, les pouvoir adjudicateurs ont aujourd’hui un nouveau levier pour aider aux développement local de nos filières agricoles.
Selon vous, il s’agit d’un "progrès majeur pour l’alimentation et la santé des ultra-marins". Pourquoi a-t’-il fallu autant d’années pour parvenir à ce texte alors que les produits vendus en outre-mer étaient anormalement chargés en sucre ajoutés ?
Michel Vergoz : C’est l’interrogation majeure qui subsiste. En effet, plus de dix ans de concertation, de négociations, de chartes de bons comportements, n’ont rien produit de concret et d’efficace. Fut-il que les lobbies industriels aient été aussi puissants ? Je me félicite que ce nouveau gouvernement se soit investi efficacement pour mettre un terme à cette situation méprisante pour les DOM.
En tant que rapporteur, comment avez-vous vécu l’aboutissement de ces longs débats ?
Michel Vergoz : Comme la fin d’une situation qui s’apparentait à un scandale sanitaire, alimentaire et économique. Traités les DOM comme sous-population aux principales prétextes de défendre des intérêts commerciaux m’était devenu insupportable.
Quel sera votre prochain combat au Sénat ?
Michel Vergoz : L’avant projet dévoilé en audition par Benoit Hamon car c’est le texte que je considère fondateur reconnaissant l’économie sociale et solidaire. Ce texte dont le voile a été levé il y a quelques jours de cela permettra à La Réunion de prendre toute sa place sur ce grad chantier qui représente la deuxième jambe de son économie, à côté de son économie marchande.
A noter : la loi s’appliquera à La Réunion, en Guyane, Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon. "La Polynésie française, la Nouvelle Calédonie et Wallis-et-Futuna ne sont pas mentionnés ayant des compétences propres en matière de santé".