Il a profité de son déplacement à Bruxelles pour rencontrer personnellement les deux
Commissaires européens qui jouent un rôle moteur aujourd’hui et qui sont les 1er interlocuteurs pour la défense et la valorisation de nos territoires.
Il a tenu à réaffirmer à Johannes HAHN, Commissaire européen, chargé des politiques régionales et à Michel BARNIER, Commissaire européen en charge du marché intérieur et des services, sa position :
– la nécessité de mettre en cohérence les politiques européennes nationales et régionales. A ce
titre : le tourisme, les métiers des tic, le soutien aux filières agro-alimentaires au premier rang desquelles la filière canne-sucre-rhum-énergie, qui sont les piliers de notre développement doivent être mieux soutenu par l’Europe. Ce sont des secteurs d’activité inscrit aujourd’hui dans le cadre la LODEOM et dans le projet régional depuis mars 2010. Il faut que l’Europe s’engage également dans ces domaines comme secteurs locomotives de l’économie réunionnaise.
– la nécessité de plus de souplesse dans les politiques européennes à l’égard de chaque région
à titre d’exemple la demande du maintien du dispositif de l’Octroi de mer pour les dom...
– l’accompagnement des grands chantiers structurants au premier rang desquels la nouvelle route du Littoral intégrant des voies réservées pour les TCSP
– le pari enfin d’un Développement Durable et d’une ouverture marquée aux pays du bassin indien océanique tels que l’Inde, l’Australie, la Chine...
Le Président de Région a invité les Commissaires européens à se rendre à La Réunion pour être encore plus en contact des réalités et de notre population. Michel BARNIER a d’ores et déjà confirmé sont déplacement à La Réunion en 2011.
Le discours de Didier Robert :
« Mesdames et Messieurs,
Je suis aujourd’hui particulièrement heureux d’être présent à vos côtés pour participer à ce 1er Forum de l’ultrapériphérie, une plateforme exceptionnelle d’expression pour nos régions. En ma qualité de Président de la Région Réunion, je suis heureux aussi de pouvoir m’exprimer au nom des Réunionnais, ici, au coeur de l’Europe, pour pouvoir échanger sur l’avenir de nos territoires, partager avec vous nos préoccupations bien sûr mais aussi nos ambitions et notre volonté déterminée d’aller de l’avant.
Je saisis cette opportunité pour remercier très chaleureusement nos amis de la présidence espagnole du Conseil et de la Commission européenne, pour la tenue de cette rencontre, un moment précieux et riche de sens pour nos populations.
Permettez moi enfin de saluer les membres des délégations venues des trois océans et de remercier plus particulièrement les responsables politiques et ceux du monde socio-économique de La Réunion pour leur présence et leur très forte implication.
Comme je l’ai souligné à Las Palmas le 7 mai dernier, je tiens ici à vous réaffirmer ma détermination, pleine et entière, pour la défense et la réussite des intérêts de l’ultrapériphérie.
Soyez assurés que la Région Réunion s’impliquera totalement dans une démarche que nous voulons dynamique et constructive, une démarche qui doit nous permettre de mieux anticiper les grands enjeux auxquels nous avons à faire face.
Mais avant tout, en tant qu’Européen, je suis comme chacun ici, interpellé par l’actualité de notre « maison commune » qui se trouve sous les feux des projecteurs internationaux. Une actualité préoccupante, marquée par des attaques très dures portées à la zone euro.
Je veux rester confiant, malgré le contexte, dans la capacité de nos dirigeants à surmonter les obstacles, pendant que nous nous interrogeons à l’occasion de ce forum sur l’avenir de nos territoires.
Notre perception des évènements mondiaux et des multiples défis qui se posent depuis l’Hémisphère Sud, nous rend peut être encore plus réceptif aux évolutions du Monde.
Nous sommes ainsi à La Réunion, au centre d’un espace partagé par des pays émergents comme l’Afrique du Sud ou l’Inde, et des voisins, membres des pays « ACP ». Nos routes maritimes font l’objet de menaces nouvelles avec le retour de la « piraterie ».
Nous sommes parmi les témoins les plus proches de la place croissante qu’occupe la Chine sur l’échiquier international, un acteur très présent à La Réunion du fait de nos liens historiques et culturels.
Une nouvelle ère s’ouvre donc aujourd’hui. La question que nous devons nous poser est de savoir si nous serons parmi les acteurs du 21ème siècle, ou simplement les spectateurs désappointés du nouveau monde qui se construit.
Avec la mondialisation, le rapport à la limite spatiale a changé. « Les îles sont des modèles du monde à l’intérieur du monde ». Cette formule du philosophe allemand Peter Sloterdijk (SLOTERDIK) peut servir à orienter et à soutenir le regard porté sur La Réunion et sur les RUP. N’évoque t’elle pas dans ce monde globalisé, agité et perturbé, l’idée de découvrir dans l’image insulaire des modèles à exporter vers les continents ?
C’est précisément et aussi l’un des messages que nous avons délivrés dans le Mémorandum signé le 7 mai :
les RUP sont des terrains d’expérimentation des politiques européennes, des politiques d’équilibre par rapport aux trois niveaux de gouvernance dans un projet collectif partagé entre l’ Europe, les Etats et les Régions.
Nous avons à porter plus que jamais une stratégie rénovée pour l’ultrapériphérie, davantage encore désormais au profit de tous nos citoyens et de nos entrepreneurs : voilà la principale ambition que je souhaite partager ici avec vous.
J’attache à cet égard, une importance capitale au calendrier européen à venir :
je serai ainsi particulièrement vigilant pour la sauvegarde et la promotion de nos productions agricoles. Je pense bien évidemment à la filière canne-sucre-rhum-énergie, mais aussi à toutes les autres grandes filières agro-alimentaires ; à cet égard, nos régions ne peuvent plus être les variables d’ajustement des politiques externes de l’UE.
je plaide aussi pour une politique commune de la pêche qui, dans sa prochaine réforme, devra tenir véritablement compte de la situation de La Réunion, ancrée au coeur d’un espace maritime exceptionnel que constitue l’OI ?
Je fais le choix, par ailleurs, d’un développement économique endogène, créateur d’emplois pérennes, parce que notre premier défi reste celui de l’emploi. J’ai fixé comme priorités aussi de notre politique régionale : l’éducation, la recherche et l’innovation.
Nous pourrions résumer ce projet en quelques mots clefs : développement économiqueendogène, ouverture à la région et au monde, innovation et transfert de technologies dans les domaines de l’agro-nutrition, de l’énergie, de la mer, des TIC, de la santé et des biotechnologies... Nous inscrivons notre action dans une logique de structuration de clusters, pour un développement durable et équitable de notre territoire... en écho et en cohérence à la stratégie de l’Europe de 2020. Je continuerai aussi avec la même énergie à défendre les nécessaires adaptations européennes à la réalité des RUP. Nous devons engager une politique de différenciation des territoires sur la base réaffirmée du principe de solidarité.
Nous devons aussi parvenir à plus de souplesse dans l’application de nos politiques au service d’une plus grande efficacité. Je souligne une fois encore le rôle décisif du régime de l’octroi de mer, la nécessité des aides aux entreprises à des taux d’intervention majorés, en particulier dans les secteurs de croissance.
Je rappelle par ailleurs que l’accessibilité est une des clefs de notre développement. Un partenariat Europe- État – Région est fondamental dans ce domaine : l’égalité des chances n’est pas une utopie, c’est une exigence.
Je veux ainsi participer à encourager la mobilité des personnes, faciliter le transport de marchandises, veiller à ce que l’agenda numérique européen intègre la question de la fracture numérique encore tellement vraie dans nos territoires.
Le constat que je fais, et que nous sommes nombreux à faire, est que 20 ans après la construction du grand marché intérieur, nous peinons à en tirer pleinement profit. Monsieur Barroso évoque régulièrement l’idée « des chaînons manquants ». Pourtant, et je le regrette, le tout récent rapport « Monti » n’évoque pas la situation des « RUP », si particulière en ce domaine. Pour conclure, je voudrais souligner l’implication toute particulière des Commissaires Michel Barnier et
Johannes Hahn en faveur de l’ultrapériphérie. Vous avez su faire émerger dès 2004 une idée novatrice et audacieuse à laquelle je suis particulièrement attaché : celle de la création d’une politique de grand voisinage pour les RUP. Je suis convaincu en effet que le modèle de développement de nos régions passe incontestablement par un renforcement de notre dimension régionale.
Nous devons aujourd’hui lui donner un nouveau contenu, définir des outils mieux adaptées, mettre en oeuvre un plan d’action plus ambitieux. La réussite de nos territoires, pour une politique de succès économiques et de progrès sociaux, passe par une véritable appropriation collective de cette dimension.
C’est de mon point de vue, la seule voie d’expression et d’épanouissement des RUP comme territoires européens de croissance. C’est aussi une voie de reconnaissance et de conquêtes pour l’Europe, confrontée aux nouveaux équilibres de la mondialisation.
C’est cette détermination et ce pragmatisme politiques que nous devons partager. Je plaide donc, pour une action communautaire qui soit juste, proportionnée et cohérente, en phase avec les dispositions du Traité de Lisbonne.
Dans ce monde nouveau, les RUP ne sont pas des charges pour l’Europe. Elles ont naturellement vocation à porter une grande part de l’ambition européenne. Elles seront, si nous le décidons, les territoires de l’excellence européenne partout dans le monde.
Je vous remercie de votre attention ».