-Pourquoi avez-vous décidé d’augmenter le prix de l’eau sur Sainte-Rose ?
C’est vrai que depuis hier, les tarifs ont changé pour le trimestre. Nous sommes une des dernières communes de la Réunion à être en régie communale. Par conséquent le prix de l’eau est très bas. Il faut savoir que les investissements se sont toujours faits sur les fonds de la commune. Nous n’avons jamais fait payer aux consommateurs les travaux.
Souvent quand je discute avec d’autres élus, on me dit : « Mais vous êtes fous à Sainte-Rose !... ». C’est vrai que quand on installe un compteur en traversée de route, c’est gratuit, on ne fait pas payer au riverain.
Mais cela ne peut plus durer, nous arrivons dans une période où pour résoudre nos problèmes d’eau, nous avons besoin de faire de très gros investissements. Par exemple : Nous devons refaire les canalisations d’eau pour Bois Blanc. Cela va nous coûter 3 millions d’euros d’investissement. À côté de cela, nous voulons garder notre régie communale, car il s’agit d’un patrimoine. En même temps il faut que nous régularisions les prix de l’eau. En ce moment, nous sommes très en dessous des prix pratiqués ailleurs.
Les prix augmentent de combien précisément ?
Au niveau de la consommation, sur une tranche de 0 à 30m3, nous étions à 0,24 centimes. Nous passons à 0,50 centimes. C’est une augmentation de 100%. Ensuite sur la deuxième tranche de 31à 100 m3, nous étions à 0,35 centimes, nous passons à 0,70 centimes. Les prix doublent, mais tout est relatif car ils doublent sur des prix déjà très bas.
Vous vous alignez sur les mêmes prix que les autres communes ?
Non, parce que les autres communes sont gérées par un fermier. À Sainte-Rose, nous restons très en dessous. Nous voulons dire à la population que les prix ne vont pas flamber. C’est juste une régularisation.
Je peux aussi vous dire que les prix vont continuer à augmenter. Il faut être réaliste. Nous avons encore une fois de gros investissements à réaliser et nous voulons garder notre régie. Nous voulons aussi garder une certaine qualité d’eau.
Les autres communes ont de gros problèmes à ce niveau. Les villes prennent leur eau en surface, ce qui nécessite de gros entretiens pour les équipements.
À Sainte-Rose, nous employons un système par gravitation. Nous nous approvisionnons sur les trois citernes de l’ONF. Le procédé date de 1988, à l’époque on parlait déjà d’énergie durable…Mais aujourd’hui nous devons refaire toutes les installations.
-Quelle sera selon vous, la réaction des Sainte-Rosiens ?
Écoutez, j’ai déjà fait mon enquête les habitants sont d’accords pour payer, à condition selon eux que tout le monde paye…
-C’est-à-dire ?
Il y a des voleurs d’eau sur la commune. De 1997 à 2007, il faut savoir que nous avons 1,2 million d’euros d’impayés. Aujourd’hui, nous avons déjà fait rentrer 700 000 euros. Depuis le mois de mai, où il y a eu grève devant la mairie, j’ai pris mon bâton de pèlerin et je pars à la chasse des voleurs d’eau. Je dis bien « les voleurs ! » car il y a des gens qui ont des compteurs et ils ne payent pas. Nous avons des factures de plus de 10 000 euros de personnes qui n’ont pas payé depuis 10 ans. Je pars à la chasse aux voleurs d’eau, ça s’appelle comme ça ».