La ministre des Outre-Mer entame sa deuxième journée de visite à La Réunion. Elle a fait plusieurs annonces à la fin du premier jour dans le Nord et compte se rendre sur d’autres secteurs de l’île ce jeudi.
Ce mercredi matin, dès son arrivée sur l’île, Annick Girardin a pris la direction du barrage de Gillot, sur la quatre-voies de Sainte-Marie. Objectif de la ministre des Outre-mer : rencontrer les gilets jaunes et écouter leurs revendications.
Barrage de Gillot : la ministre des Outre-mer face aux gilets jaunes
Barrage de Gillot : la voix des gilets jaunes a retenti
Après avoir écouté les revendications de gilets jaunes sur le barrage de Gillot, Annick Girardin s’est rendue à la préfecture de Saint-Denis où une délégation a été reçue.
Pendant près de 4 heures, la ministre des Outre-mer a écouté, avant de rencontrer les associations, les représentants du monde économique, les maires et les organisations syndicales.
Aux côtés de la ministre des Outre-mer : le préfet Amaury de Saint-Quentin et un signe fort, la présence d’Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté.
Annick Girardin a bien compris que la question du prix des carburants qui a provoqué cette vague de gilets jaunes sur toute la France est loin d’avoir pris toute la place des revendications à La Réunion.
Sur l’île, les gilets jaunes reunionnais protestent contre une situation sociale particulièrement difficile avec 23 % de chômage et 40% de la population sous le seuil de pauvreté. Et les gilets jaunes sont fermement décidés à se faire entendre.
Des agriculteurs, le président du comité de pêche et des gilets jaunes anonymes se sont exprimés en préfecture. Des chefs d’entreprise ont demandé la fin de l’octroi de mer, la taxe sur les importations à La Réunion, mais aussi la suppression de la TVA comme à Mayotte et en Guyane.
Un chef d’entreprise a expliqué qu’il ne dormait plus depuis des jours, qu’il en avait assez de ce qu’il estime être de l’indifférence de la part des élus locaux. Selon lui, les petites entreprises ne sont pas assez aidées et les banques n’acceptent aucun prêt pour permettre de lancer des projets.
Un associatif a évoqué le "regard triste et morose" de la jeunesse réunionnaise qui n’a plus d’espoir.
Pour favoriser l’emploi : Annick Girardin a voulu rappeler que les entreprises qui embaucheront des jeunes au SMIC verront leurs charges sociales sur ces mêmes emplois exonérées au 1er janvier 2019.
La ministre a rappelé plusieurs fois d’où elle vient : Saint-Pierre et Miquelon. Annick Girardin insiste sur le fait qu’elle comprend les difficultés sociales dans les départements et les territoires d’outre mer.
Annick Girardin a aussi répété aux gilets jaunes que les blocages sont trop durs et que leurs conséquences peuvent être graves sur l’économie de l’île. "J’ai traversé une ville morte" a déclaré la ministre des Outre-mer.
Annick Girardin a promis des mesures à l’issue de tous ses rendez-vous avec les réunionnais. La ministre des Outre-mer compte rester au moins trois jours à La Réunion.
Elle s’est exprimée au terme de sa première journée de visite et a voulu présenter des mesures autour de 3 priorités qui concernent la pauvreté et le social :
‐ La 1re priorité, c’est l’enfance et le soutien aux familles
‐ Développer l’offre d’accueil du jeune enfant : la CAF va s’engager dans la création de 1500 nouvelles places de crèches, dans les territoires fragiles et à l’intérieur de l’île. Cela vient en complément du tiers payant pour payer les assistantes maternelles
‐ Nous allons créer 15 nouveaux centres sociaux de proximité sur l’ensemble du territoire réunionnais qui comprendront des possibilités de garde comme des crèches
‐ Nous allons créer 5 "points conseil budget" pour accompagner les familles dans la gestion de leur budget, les informer sur leurs droits et faciliter les démarches
‐ Pour l’accès à l’alimentation à bas prix, nous allons déployer un
programme pour permettre de baisser le prix des produits
alimentaires pour tous les touts petits, comme le lait
maternisé ;
‐ Enfin, dans les écoles, dès 2019, il y aura des petits déjeuners
offerts là où les enfants viennent le ventre vide le matin.
‐ La seconde priorité, ce sont les jeunes
La Réunion compte 63 000 jeunes ni en étude, ni en emploi, ni en formation. Nous allons multiplier les offres d’accompagnement :
‐ Avec une obligation de formation qui contraindra les acteurs
publics à proposer une offre de formation à tout jeune jusque 18 ans ;
‐ Avec des moyens supplémentaires pour les missions locales, à la fois pour aller chercher les jeunes dans les quartiers, les accompagner vers l’emploi, améliorer la prise en compte des besoins de mobilité et de logement, et financer des actions pour les jeunes sans perspective.
‐ Avec une augmentation de l’accompagnement des écoles de la deuxième chance et avec la création d’une nouvelle école dans le Nord
‐ La 3e priorité c’est d’investir massivement dans
l’accompagnement vers l’emploi
Nous voulons sortir des politiques sociales par les prestations pour investir massivement sur l’accompagnement vers l’emploi. Muriel Pénicaud a annoncé il y a quelques jours que le plan d’investissement dans les compétences serait doté de 253 M€ à La Réunion, pour développer l’offre de formation avec la Région. Au total, cela porte à 350 M€ l’engagement supplémentaire de l’Etat.
Pour les allocataires du RSA, nous voulons sortir des parcours cloisonnés entre accompagnement social et accompagnement professionnel. C’est ce qui nous a été demandé aujourd’hui. Cela fait des décennies que cela ne marche pas. C’est pourquoi nous allons déployer sur tout le territoire un accompagnement global entre Pôle emploi et le Département dès 2019, revoir les procédures d’instruction et d’orientation des allocataires et renforcer le contrôles des engagements réciproques.
Cet accompagnement renforcé sera concrétisé par l’augmentation des moyens de l’insertion par l’activité économique qui permettra d’accompagner 1500 personnes de plus chaque année.
Nous allons aussi soutenir davantage les associations qui accompagnent les plus fragiles, notamment ceux qui ont des besoins sanitaires, ainsi que les chômeurs de longue durée.
Enfin, nous allons proposer des moyens supplémentaires aux collectivités, et en premier lieu au Département, assortis d’exigences de suivi et de résultat, pour favoriser l’accès aux droits, le soutien aux jeunes issus de la protection de l’enfance, les politiques d’insertion. Les moyens dédiés seront plus que doublés en 2019. Au total, ce sont plus de 30 M€ qui seront investis aux côtés des collectivités pour soutenir les associations, accompagner les familles, porter notre priorité à la dignité par le travail.
‐ Pour 60 000 Réunionnais qui bénéficient de la prime d’activité,
qui complète les revenus des travailleurs modestes, celle‐ci sera
augmentée de 360€ par an ;
‐ 80% des foyers vont bénéficier de la baisse de la taxe
d’habitation. C’est 65 millions d’€ de pouvoir d’achat rendu aux
Réunionnais ;
‐ Pour les personnes âgées, le minimum vieillesse sera porté à
900€ par mois (+35€) et pour les retraités les plus fragiles, il n’y
aura pas d’augmentation de la CSG ;
‐ Une personne en situation de handicap m’a interpellée ce
matin : les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé verront
son montant porté à 900€ ;
‐ Tous les salariés du territoire verront leurs heures
supplémentaires être exonérées de cotisations salariales, ce qui
permettra un gain allant jusqu’à 250€ par an ;
‐ Tous les Réunionnais bénéficieront d’une prise en charge à
100% par la Sécurité sociale des frais pour les lunettes, les soins
dentaires et les prothèses auditives ;
‐ Enfin, la CMU ne sera pas supprimée pour les plus fragiles. Ils
bénéficieront d’une couverture santé complète non plus pour
110 mais pour 30 € par mois.
Annick Girardin rencontre des gilets jaunes à la préfecture
Annick Girardin apportera "une 1ère réponse sociale" dès ce soir