Conseiller général et régional du Tampon, André Thien Ah Koon dévoile ses ambitions pour la commune. Tout en réaffirmant que ses convictions sont bien ancrées à droite, l’ancien premier magistrat de la ville fleurie a signé son grand retour en politique lors des élections cantonales partielles. Après avoir mené campagne aux quatre coins de la commune, TAK a enregistré un score important (46,42%) face à son opposant, Fernand Sibie. Il estime maintenant qu’il doit reprendre les commandes de la mairie du Tampon.
La procès de l’enlèvement du petit Alexandre par la secte de Juliano Verbard baptisée "Coeur douloureux et immaculé de Marie" est sans conteste le fait de la semaine. C’est sans doute l’affaire qui a le plus frappé les Réunionnais ces dix dernières années et une partie des faits s’est déroulée au Tampon en 2007. Vous n’étiez déjà plus maire mais aviez-vous suivi l’affaire ?
André Thien Ah Koon : Non, pas particulièrement car les Tamponnais ne sont pas directement concernés.
Les membres de la secte ont retenu le jeune Alexandre dans une maison au Petit Tampon. Connaissez-vous les lieux ?
André Thien Ah Koon : Oui, je connais cette maison. Elle est située à une quarantaine de mètres de l’église du Petit Tampon. Ce que l’on peut, c’est que cet enlèvement est révélateur d’une crise économique. La perte des repères se manifeste à travers ce genre de faits.
Aujourd’hui, vous faites votre grand retour en politique à la Région en premier lieu et maintenant au département depuis votre élections dans le canton du Tampon 4. Pendant plusieurs années, vous avez vécu éloigné de la politique à la suite d’une condamnation judiciaire et ce, après avoir été député et maire pendant plus de 20 ans. Considéré comme un des leaders de la droite locale, vous êtes retrouvé tout à coup sans aucun mandat ni aucune responsabilité politique.
Pouvez-nous dire comment vous avez vécu cette période ? Avez-vous été abattu, blessé ?
André Thien Ah Koon : Oui, j’ai toujours le sentiment intime que j’ai été sévèrement et injustement châtié par la justice humaine. D’autre par, l’article L7 du code pénal a été supprimé et reconnu inconstitutionnel par le Conseil Constitutionnel donc tous ceux qui ont été impliqués dans cette affaire n’ont pas été poursuivis.
C’était une période difficile mais cela m’a aussi permis de connaître mes vrais amis et de distinguer ceux qui s’intéressaient uniquement à mes fonctions.
En ce qui concerne votre carrière politique : vous avez d’abord été élu conseiller général aux côtés de l’Alliance de Paul Vergès, puis il y a quinze jours conseiller général après une large victoire au Tampon lors des élections cantonales partielles. Avez-vous l’impression de tenir votre revanche ?
André Thien Ah Koon : Non car tout d’abord, je voudrais dire que lorsque nous étions tous réunis et rassemblés dans le cadre du syndicat Mixte de Pierrefonds - avec la gauche, la droite, le PC et le PS -, nous avons fait des choses extraordinaires pour le sud. On a mis en place l’aéroport de Pierrefonds, l’Université, le pôle mère-enfant, les ITU, la clinique du Tampon... Et puis, lorsque je suis parti du Tampon, tout s’est arrêté, il faut le reconnaître. Car l’unité qui avait prévalu entre la droite et la gauche n’a pas bien fonctionné.
Le jour de l’élection de la présidence du conseil général, vous étiez visiblement très en joie, tout sourire et vous avez même fait la chenille dans l’hémicycle avec Joseph Sinimalé. C’est cette ambiance qui vous a manqué en politique ?
André Thien Ah Koon : Ce qui me révolte et qui m’a révolté, c’est l’injustice. Et quand on voit que notre population est au bord du gouffre et que la commune elle-même est au bord du gouffre, il faut intervenir et ne pas rester chez soi. Il faut faire preuve de charité et de générosité. Tous ceux qui croient en un monde meilleur ne doivent pas s’arrêter à des paroles. Donc, je m’engage au service de la population de la Plaine des Cafres, du Tampon et de la Réunion. Et je suis heureux d’être de retour en politique.
Vous avez été maire du Tampon pendant plus de 20 ans. Aujourd’hui, votre objectif c’est de reprendre la mairie à Didier Robert ?
André Thien Ah Koon : Mon ambition, c’est de partir aux élections législatives et de retourner à la mairie du Tampon pour servir notre population de la Plaine des Cafres et du Tampon.
Didier Robert, c’était votre dauphin, c’est vous qui l’avez choisi pour vous succéder à la mairie du Tampon. Comment expliquez-vous que vous soyez devenus aujourd’hui de tels adversaires ?
André Thien Ah Koon : Didier Robert devait continuer le travail que nous avions engagé, c’est à dire la rocade qui est la jonction entre la quatre voies du Tampon et la continuation des grands travaux sur la Plaine des Cafres tels que la géothermie, le Parc du Volcan et les grandes retenues géantes d’eau et bien, tout cela a été arrêté.
Nous n’avions rien convenu par rapport à mon retour à la mairie car je lui avais donné ma place en toute confiance. Je veux revenir aujourd’hui parce que lorsque l’on donne le volant à son enfant et que l’on voit qu’il va dans le mur, on reprend les commandes.
Souhaitez-vous jouer à nouveau un rôle de premier plan à la Réunion. Le département traverse une grave crise sociale, avec un chômage en forte progression. Avez-vous des propositions concrètes ? Pensez-vous pouvoir les faire avancer avec les mandats que vous occupez au conseil régional et au conseil général ?
André Thien Ah Koon : Les cartes sont entre les mains de Monsieur Didier Robert à la Région et c’est à lui d’assumer ses responsabilités. En supprimant le projet du Tram Train qui devait durer quinze ans, les entreprises font faillite, les travailleurs et chefs de familles sont licenciés. Il y a une grande précarité dans la population, la misère se développe. Jamais on a vu autant de Réunionnais au bord du gouffre.
Ma proposition concrète, c’est de dire au président de la Région de remettre le projet Tram Train en place, tout comme celui de la géothermie au Volcan pour que nous soyons inscrits dans un contrat de développement durable et renouvelable (...). Les grands travaux sont nécessaires, il faut cesser de tergiverser, de faire de la publicité sans lendemain. Il faut cesser ces grandes discussions, ces discours tapageurs que l’on entend, nous avons besoin de concret.
Retrouvez dans la vidéo ci-jointe l’intégralité de cet entretien avec le conseiller général et régional André Thien Ah Koon.