En visite en Martinique, Nicolas Sarkozy a annoncé hier l’organisation d’un référendum sur un éventuel statut d’autonomie pour l’île. A la Réunion, "une porte ouverte à la réflexion" pour Elie Hoarau (PCR), mais pour René-Paul Victoria (UMP), l’île est dans une situation sensiblement différente.
En 2003, les antillais avaient refusé à 50,48% la mise en place d’une collectivité unique. "Je pense que depuis les esprits ont évolué" a indiqué Nicolas Sarkozy. Vendredi 19 juin les élus martiniquais réunis en congrès avaient d’ailleurs voté une résolution réclamant le report des élections régionales prévues en 2010, dans la perspective d’une consultation des martiniquais sur une évolution institutionnelle. Mais pour le chef de l’Etat, avec ce référendum il ne s’agit toutefois que de définir "un degré d’autonomie", la question de la "séparation" avec la France "ne sera pas posée" a-t-il indiqué.
Différents scénarios ont été évoqués : le statut quo, la création d’une collectivité unique, ou encore le statut d’autonomie.
La déclaration du président de la République vient en réponse aux revendications anciennes de la classe politique martiniquaise vers plus d’autonomie, voire pour certains, d’indépendance. Si pour Serge Letchimy, député-maire de Fort-de-France, "la ville capitale" il y a unanimité "sur cette nécessité d’un engagement dans un processus de responsabilisation qui n’est ni l’indépendance ni le statu quo", de son côté Alfred Marie-Jeanne, indépendantiste, insiste sur la nécessité de redessiner "les rapports avec la France".
A la Réunion, les déclarations présidentielles satisfont pleinement le PCR et son secrétaire général Elie Hoarau : "la porte ouverte par le président de la République c’est de dire que le mode de gouvernance qui sera installé demain à la Réunion sera celui que les réunionnais auront choisi... Maintenant à nous réunionnais de dire ce que nous voulons, ce que nous souhaitons, et nous verrons bien la réaction du président de la République". Mais pas de prise de position pour l’instant : pour le PCR, cette réflexion doit avoir lieu dans le cadre des Etats-généraux.
Du côté de l’UMP on ne l’entend toutefois pas de cette oreille : pour le député René-Paul Victoria les situations en Martinique et à la Réunion ne sont pas comparables : "(aux Antilles) on voit bien que le deuil de l’esclavage n’est pas fait, alors que nous, même si on en parle, le deuil est derrière nous... Notre problème à nous n’est pas institutionnel, notre problème est un problème de développement économique, social, culturel, humain...".
Et du côté du PS réunionnais également on considère que "le statut de l’île n’est pas un problème, ce qui compte c’est son développement".