La Sécurité sociale devra supporter à elle seule plus de 20 des 50 milliards d’euros d’économies prévus d’ici 2017 pour financer le pacte de responsabilité, a précisé hier le Premier ministre Manuel Valls.
Sur les 50 milliards d’euros d’économies annoncés par
François Hollande, la
Sécurité sociale y participera à hauteur de 20 milliards, un effort sans précédent qui s’étalera sur trois ans afin de financer le pacte de responsabilité. C’est le Premier ministre
Manuel Valls qui a apporté ces précisions ce mercredi 9 avril.
Dans le détail, l’assurance maladie devra supporter à elle seule au moins 10 milliards, tandis que 11 milliards proviendront des autres branches de la Sécurité sociale. Le tour de vis concernera et les dépenses maladie et le système de prestations sociales, précise Le Parisien.
Dès cette année, l’assurance maladie, l’une des branches les plus déficitaires de la Sécu, est appelée à dégager au total 2,9 milliards d’économies, avec à la clé une réduction drastique des dépenses sur les médicaments. En 2014, "les dépenses de santé ne devront pas progresser de plus de 2,4% ", un chiffre qui devra être ramené au final à moins de 2% afin de trouver près d’un milliard d’économies par an. "C’est sans doute très difficile, mais pas impossible à terme ", argumente dans les colonnes de L’Express Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé de Sciences Po. Il évoque comme pistes possibles, notamment le recours à des génériques ou encore la limitation du gaspillage.
"Si on abaisse mécaniquement le taux de dépenses, le système va exploser. Si on veut gagner des milliards, il faut restructurer le système pour que ce qui se faisait à l’hôpital se fasse en ville" et cela suppose "de vraies réformes de structure". "C’est un défi redoutable" mais "c’est fondamental", soutient-il.
Face à ce train d’économies, les professionnels de santé se montrent toutefois optimistes. Pour eux, chercher "10 milliards d’euros est jugé""réalisable" d’ici 2017. "Il faut investir davantage dans les soins de ville, soigner en ville avant d’aller à l’hôpital", suggère Claude Leicher président du premier syndicat de médecins généralistes, MG France.
"Vu les niveaux auxquels Valls veut arriver, on ne peut plus uniquement impliquer la médecine de ville et jouer sur les génériques. Il faut impliquer l’hôpital (...)", estime de son côté Jean-Paul Ortiz, président du 1er syndicat de médecins libéraux (CSMF). D’après lui, l’effet d’une réforme s’annonce "très rapide et très lourd".
Pour sa part, la fédération hospitalière de France s’est déclarée prêt "à accompagner les pouvoirs publics dans leur volonté de réforme". Se sachant dans le collimateur, la FHF va dévoiler jeudi un plan de 5 milliards d’économies. Sur ce, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine devra définir les orientations à prendre lors de la prochaine présentation de la stratégie nationale de santé. Selon Manuel Valls, "on peut trouver des pistes sur la gestion des caisses de Sécurité sociale".