Jugés pour avoir violenté leur bébé et avoir entraîné son décès, une jeune femme et son conjoint comparaissent devant la Cour d’Assises de Saint-Denis depuis hier. La première journée d’audience a été marquée par le rappel des faits insoutenables et les conclusions des experts psychiatriques. Ces derniers ont mis en évidence l’immaturité de la mère et la personnalité ambigüe du père.
La Cour d’Assises examine depuis hier une affaire sordide. Face aux juges, comparait un jeune couple. L’homme et sa conjointe doivent répondre de très lourdes accusations. La Justice leur reproche d’avoir frappé à mort leur bébé âgé de trois mois en 2008.
Le petit Mathis qui souffrait de lésions profondes est décédé quelques instants après son admission à l’hôpital de Bellepierre à Saint Denis. Pour rappel, l’autopsie avait révélé plusieurs fractures et un enfoncement de la boîte crânienne. Dans un premier temps, le père s’est accusé de la mort de son enfant mais la responsabilité de la mère a très vite été mise en cause dans cette affaire délicate et complexe.
Pour les jurés, tout l’enjeu est de comprendre ce qui a pu conduire à un tel drame. La première journée d’audience a été en partie consacrée au rappel des faits. Des faits insoutenables qui ont ému l’assistance et ont confronté les protagonistes de ce fait divers tragique à l’horreur de leurs actes. Les experts psychiatriques ont ensuite défilé à la barre pour apporter des éléments précieux au dossier. L’examen des personnalités des deux accusés a permis à la Cour de mieux comprendre le contexte dans lequel ces faits de violence se sont produits.
Les spécialistes mandatés par la Justice ont ainsi brossé le portrait du père de la victime, Mathieu. Selon eux, le jeune homme âgé de 20 ans à l’époque des faits, souffre d’un sentiment d’abandon. Son profond mal être trouverait son origine dans l’enfance. Le départ de sa mère du domicile familial a semble-t-il marqué Mathieu qui a vécu dès l’âge de trois ans, uniquement avec son père et son frère.
Pour ce qui est de la personnalité de la mère, la jeune femme a été décrite comme une personne très immature. Les experts psychologiques ne parlent pas des accusés comme des adultes mais comme "de grands adolescents" qui ont été chamboulés par la naissance du petit Mathis.
D’autre part, il apparaît que l’enfant n’était pas désiré par le père. Une idée que réfute en bloc l’accusé. Face aux accusations, les parents restent solidaires. Aucun des deux ne rejette la faute sur l’autre. Comme l’a indiqué l’un des experts, durant sa détention, le père a été soutenu par sa compagne. Le couple a d’ailleurs échangé plusieurs lettres d’amour.
Cette relation fusionnelle a semé le doute dans l’esprit des enquêteurs et donné une nouvelle dimension à cette affaire de violences intra-familiales. Jugée devant la Cour d’Assises, la mère du petit Mathis crie aujourd’hui son innocence. Elle nie avoir une quelconque responsabilité dans la mort de son fils. Pourtant, des éléments troublants viennent contredire sa version. Les enquêteurs en charge de ce dossier délicat avaient ainsi prouvé que la victime avait déjà fait l’objet de violences par le passé.
Maître Sainte-Claire pour la défense explique que son client "n’est pas un grand violent et qu’il n’était pas souvent chez lui". Maître Saubert insiste lui sur le fait que sa cliente a refait sa vie, qu’elle a une petite fille de 15 mois et qu’elle reste très traumatisée par ce drame. Il précise aussi que la jeune femme a consulté un médecin dès qu’elle a remarqué des traces étranges sur le corps de son enfant. La Justice devra démêler le vrai du faux et établir les responsabilités de chacun.
Dans cette affaire, le père et la mère de Mathis risquent gros. Pour avoir violenté leur nourrisson de trois mois et causé son décès, ils encourent une peine de trente ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu ce mardi.