Des conjoints possessifs et violents se sont succédé à la barre du tribunal correctionnel ce lundi après-midi. Sur les 5 dossiers examinés en comparutions immédiates, deux concernaient des violences conjugales. Un lundi après-midi, ressemblant, malheureusement aux autres jours de la semaine.
Le fléau des violences conjugales ne peut pas être ignoré sur notre île, 3e département français où l’on dénombre le plus de violences faites aux femmes. Il suffit de passer une journée au tribunal pour le réaliser. Deux hommes ont été condamnés ce lundi après-midi à des peines de 27 mois (dont 9 mois d’un suris révoqués) à 3 ans de prison dont une année de sursis probatoire.
Les violences commises ne sont pas les mêmes. Le point commun est que les victimes deviennent de véritables défouloirs pour aucune raison. Seulement, l’alcool et les toxiques deviennent le déclencheur. Le premier à passer à la barre est jugé pour des violences commises envers les policiers de Saint-André en avril 2021 et des violences conjugales d’août et septembre. La présidente parle d’"une scène de violences intenses" pour décrire les faits du 11 septembre. La procureure emploie une autre qualificatif. "Pour ma part, je parlerai d’une scène surréaliste. Quand j’avais l’enquêtrice au bout du fil qui me faisait le récit, je me demandais quand cela allait s’arrêter".
Ivre ce 11 septembre, le Saint-Andréen est rentré dans une colère incontrôlable où seule l’agressivité le guidait. Il menace de la séquestrer et de l’attacher au lit avec une corde. Il récupère son sac, urine dessus à l’extérieur et brûle ses papiers sur une taque électrique.
Elle s’enferme dans la salle de bains. Son bourreau ne s’arrête pas. Il donne des coups dans la porte qui finit par céder. Les vêtements de la victime seront arrachés à deux reprises. Arrivée dans la rue, son calvaire ne s’arrête pas là. Son agresseur lui retire son tee-shirt, lui mord le sein et tente d’enlever son short en jeans. Il attrape sa tête entre ses deux mains et la frappe en arrière contre la vitre du véhicule. Le prévenu est incapable de se calmer. La victime sera sauvée lors du passage d’une voiture et grâce à l’intervention des deux passagers interviendront.
Le second à être jugé pour des violences conjugales a l’air inoffensif. L’homme à petite taille se transforme quand il consomme de l’alcool et des médicaments pour soigner ce qu’il appelle "sa schizophrénie". Il reconnaît boire de l’alcool et prendre ses médicaments. Après, il se montre violent, mais les souvenirs disparaissent. Les psychiatres retiennent des troubles de la personnalité, mais pas de schizophrénie. Déjà condamné pour des faits de violences sur la victime, il a récidivé ce weekend à La Possession en donnant des coups-de-poing et de pied sur le corps de la victime. Présente à l’audience, la victime qui n’a pas souhaité déposer plainte, se montre discrète. Elle n’ose pas s’exprimer. Elle finira simplement par dire : "Je ne veux plus qu’il m’approche".
La présidente lui rappelle que, le tribunal vu la gravité des faits, peut poursuivre le prévenu, malgré son refus de déposer plainte. "On est dans le schéma de la femme battue qui refuse de voir un médecin ou de se faire photographier ses blessures. Elle est alcoolique et dépendante. Avec lui, elle boit moins et arriver à se sauver. Seulement, lui, il la détruit", avance la procureure.
Dans une ultime prise de parole, le conjoint violent bafouille. Quelques mots sont audibles parmi ses sanglots. "Je regrette d’avoir fait tant de bêtises, tant de mauvaises choses". Les souvenirs ne reviennent toujours pas pour autant. Condamné à 27 mois de prison, à sa sortie, il aura l’interdiction d’entrer en contact avec la victime durant trois ans. Le souhait de la femme battue a été entendu.