Onze prévenus sont jugés pour un trafic de stupéfiants, plus précisément de zamal, entre La Réunion et Maurice. La marchandise produite à La Réunion, était amenée sur l’île Sœur et revendue jusqu’à 16 000 € le kilo. Le trafic aurait généré plusieurs centaines de milliers d’euros pour ses bénéficiaires. Les prévenus ont été condamnés, en fin de journée, à des peines d’un an à 7 ans de prison.
Aujourd’hui, onze prévenus sont attendus à la barre du tribunal correctionnel. Des Réunionnais mais aussi des Mauriciens. D’ailleurs, deux mandats d’arrêts sont lancés à l’encontre de deux Mauriciens, absents au procés ce 2 juillet 2021. Tous sont suspectés d’avoir entre 2017 et 2018 participé à un trafic de zamal entre les deux îles.
À Maurice où le gouvernement applique une politique pénale contre les trafiquants très sévère et le relief moins accidenté, rend le zamal plus rare. La Réunion prend donc le relais et une partie de la production locale est envoyée directement sur l’île Sœur, où le gramme de cannabis peut être revendu jusqu’à dix fois plus cher qu’à La Réunion.
"Ils ont été repérés après l’observation d’allées et venues suspectes dans le port de Sainte-Rose", précisait le procureur de la République, Éric Tufféry lors d’une conférence de presse le 3 mai 2018.
Les gendarmes organisent de discrètes surveillances et remarque le départ d’une cargaison destinée à l’Île Maurice. Au passage, ils récupèrent des numéros de téléphone qui sont repérés par une borne. "C’était une organisation tout à fait structurée avec un grossiste qui reçoit ses commandes de Maurice, qui à son tour transmet ses commandes à ses lieutenants. Eux-mêmes vont voir un certain nombre d’agriculteurs. On leur demande d’accentuer la production de certains types de cannabis. Ensuite, ils recueillent la production et la préparent pour un envoi", avançait le général Xavier Ducept, l’ancien commandant de la gendarmerie. L’un des suspects récupérait l’argent en liquide à Maurice, avant de revenir à La Réunion par avion.
Le 30 avril 2018, un important coup de filet est réalisé par la gendarmerie avec 70 militaires impliqués. L’action est coordonnée et 7 personnes sont arrêtées dans l’Est principalement mais aussi dans l’Ouest de l’île.
À cette occasion, près de 500 pieds de zamal et102 kilos de cannabis prêts à partir seront saisis. Des véhicules seront placés sous scellés. Le kilo de zamal de qualité, séché, trié et conditionné pouvait être revendu jusqu’à 16 000 euros. Le trafic aurait rapporté plusieurs centaines de milliers d’euros.
L’audience prévue aujourd’hui devrait déterminer les rôles de chacun et leur degré d’implication dans le réseau. Le parquet a requis de lourdes peines. Pour les deux Mauriciens absents, une peine de 8 ans a été demandée pour la tête de réseau et de 5 ans pour son bras droit.
Pour celui qui tirait les ficelles à La Réunion, la procureure requiert une peine de 6 ans et de 4 ans pour ses lieutenants. Pour les autres, elle a demandé des peines d’un an à 3 ans prison.
Les avocats de la défense ont terminé leur plaidoire vers 16 heures. Le tribunal s’est retiré pour délibérer et vient de rendre ses décisions.
Les deux Mauriciens les plus impliqués sont condamnés à 7 ans de prison ferme. Pour la tête de réseau réunionnaise, elle écope de 5 ans de prison dont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans . Les autres prévenus ont été condamnés à des peines mixtes, allant d’un an à 4 ans.