Le procès de la sulfureuse Siti Soumaïla a débuté ce jeudi en début d’après-midi. Dans une salle comble, la quadragénaire a témoigné et mis en cause son patron de l’époque. Celle que l’on surnomme "la reine de l’arnaque" se dit être la principale victime dans cette affaire de vaste escroquerie, dont le préjudice est évalué à plus d’un million d’euros.
Siti Soumaïla ( 39 ans) et sa nièce Karima Houmadi ( 22 ans) doivent répondre defaits d’escroquerie. Les deux femmes comparaissent ce jeudi devant le Tribunal de Saint-Pierre pour avoir floué une vingtaine de personnes en 2008 en leur promettant de superbes maisons à prix cassés.
L’enquête confiée aux hommes de la brigade de gendarmerie de Saint-Louis avait permis d’identifier les nombreuses victimes de cette combine bien rodée. Principale protagoniste de ce feuilleton judiciaire, Siti Soumaïla s’était tue jusque là. Aujourd’hui, la quadragénaire a changé son fusil d’épaule et incrimine son patron de l’époque, un certain Gilles. S. , patron de l’entreprise MK Immobilier. Selon Siti Soumaïla, c’est cet homme qui aurait orchestré cette vaste escroquerie en 2008 et imaginé la vente fictive de maisons.
Siti Soumaïla reconnaît qu’elle a conclu les accords de vente et qu’elle réceptionnait les sommes d’argent en liquide. Pour autant, l’accusée dit ne plus vouloir porter toute la responsabilité sur ses épaules. A la barre, Siti Soumaïla s’est présentée comme la principale victime dans cette affaire, comme une femme manipulée qui n’a agi que parce qu’on lui promettait un contrat de travail.
Face à ces multiples accusations, les avocats des parties civiles ont tenté de destabiliser Siti Soumaïla. Maître Frédéric Hoarau s’est interrogé sur le long silence de l’accusée qui a attendu plusieurs années avant d’évoquer ce mystérieux commanditaire. De son côté, Maître Jean-Jacques Morel n’a pas ménagé "l’escroc en jupons" et lui a demandé devant les juges : "A quel moment dites-vous la vérité ?".
L’arnaque immobilière aurait permis aux acteurs de cette escroquerie d’engranger plus de 200 000 euros, auxquels il faut ajouter les 300 000 euros que Siti Soumaïla aurait perçus comme cadeaux pour des relations plus intimes. Le troisième et dernier volet de l’affaire implique Laurence Enilnorac et le préjudice est estimé ici à 500 000 euros.