Alain ROBERT/SIPA
Un jeune homme de 19 ans, alcoolique depuis l’enfance et SDF depuis ses 16 ans, a été interpellé le 19 avril. Il faisait partie d’une quarantaine de jeunes regroupés pour tourner un clip de rap.
Il n’a que 19 ans, mais est déjà abîmé par la vie. À la barre du tribunal de Champ fleuri, il en paraît beaucoup plus. “A quel âge avez-vous commencé à boire ?” le questionne la présidente lors de son audience. “En CM2”, répond le jeune prévenu. Livré à lui-même, il a arrêté l’école au lycée et a du mal à lire et écrire.
Arrivé à la Réunion en 2015 pour rejoindre sa grand-mère, il se retrouve livré à lui-même. “Elle est vieille, elle ne pouvait pas gérer”, explique-t-il. Il vit dans la rue depuis ses 16 ans. Souffrant d’alcoolisme, le jeune homme commence à boire dès le réveil. “Ma drogue préférée, c’est l’alcool”, confie-t-il.
“Vous êtes seul à la rue et vous vous alcoolisez de façon massive”, remarque la présidente, “ça vous apaise l’alcool ?” “Oui”. Le jeune homme estime à présent qu’un séjour en prison lui permettra de se sevrer. “Je suis fatigué de rester comme ça, j’ai envie de me reposer un peu”.
Car dans la rue, il a rejoint une bande de jeunes nommée “Moufia Zoo” qui sévit depuis quelques mois dans le chef-lieu et affronte régulièrement d’autre groupes. Ce 19 avril, il fait partie d’une quarantaine de jeunes regroupés au parc du Colosse pour “tourner un clip de rap”. La police arrive pour les disperser, ils reçoivent des projectiles, dont un lancé par le prévenu, puis utilisent une bombe lacrymogène. Le jeune homme tente de s’enfuir, mais trébuche. Interpellé, il insulte les fonctionnaires de police et tape dans le siège de la voiture qui le transporte vers le commissariat. Il a quasiment 3 g d’alcool dans le sang.
“Dans ces groupes, certains sont plus influents et exploitent les autres. Ils exploitent sa vulnérabilité, sa précarité. Aujourd’hui il est tout seul. Ce sont eux ses ennemis”, analyse la procureure. “Il fait énormément de peine, c’est un jeune en demande d’aide”, plaide l’avocate du jeune prévenu.
Il écope d’une peine de 10 mois de prison ferme et 8 avec sursis ainsi que 105 heures de travaux d’intérêt général. Pendant l’audience, le tribunal le questionne : “vous avez des projets ?”. “J’aimerais être maître chien ou travailler en animalerie, j’aime les animaux”, répond difficilement le prévenu.