Aujourd’hui, deuxième jour du procès Thérinca à la cour d’assises, présidée par le juge Szysz. Ce matin, les jurés écoutent les témoins de la partie civile, des témoins dont les récits sont parfois confus et contradictoires.
La compagne du Lion des Camélias, Lolita Toulcanon, est la première à la barre ce matin. En premier lieu, elle parle de sa rencontre en 2002 avec la victime, Philippe Robert, alias Thérinca. Puis de sa vie avec lui, une vie « de famille, sans violence », une vie tranquille depuis 2005 à Sainte-Suzanne. Tour à tour, elle le décrit comme un homme « formidable, aimant ses enfants, généreux ». Bref, une vie construite à nouveau sur de bonnes et solides fondations pour celui qui avait un passé chargé.
Une vie tranquille jusqu’à ce fameux soir du 25 août 2008. Lolita Toulcanon était là. Et pour cause. C’est elle et sa sœur Stéphanie qui décident d’aller parler à Corinne Grondin, concubine de Jean-Pierre Pothin. « On voulait parler entre femmes. On voit Corinne Grondin arriver. On avance tranquillement vers elle. Mais le ton a monté. Elle était paniquée. Elle a crié Jean-Pierre. Elle a dit de courir, sinon on tue a zot. Et là on a pris la fuite. On a entendu un coup de feu. Je me suis cachée dans les toilettes d’un voisin », raconte-t-elle.
D’après elle, Philippe Robert et son frère Abraham seraient alors sortis. Philippe Robert n’aurait rien dit ni fait, contrairement à ce que la compagne de Jean-Pierre Pothin, auteur présumé de l’homicide volontaire du Lion des Camélias, a déclaré hier. « J’ai entendu un deuxième coup de feu. Philippe est tombé juste à côté de moi. Je ne comprends pas ce geste. Je n’ai pas vu Jean-Pierre Pothin ce soir-là. Je pense que Corinne Grondin savait qu’il avait une arme. Pour moi, le premier coup de feu était à l’avant pas à l’arrière. En tout cas, ça va très vite. »
Sa sœur Stéphanie Toulcanon apparaît plus confuse dans ses déclarations. Il est vrai que deux ans ont passé depuis les faits. Elle se contredit parfois, elle s’énerve et pleure même à la barre. Elle déclare à maintes reprises que « c’est moi le plus souvent qui étais agressée. A chaque fois qu’elle me voyait, il fallait qu’elle m’agresse. Et moi on m’agresse, je ne me laisse pas faire. Je n’en pouvais plus ».
Quant à Abraham Robert, frère de Philippe Robert, chez qui la victime était ce soir-là, il se demande encore pourquoi son ex-meilleur ami a tué son frère « que j’aimais beaucoup ». Il a par ailleurs confirmé que Corinne Grondin, compagne de l’accusé, a crié ce soir-là. « Quand Corinne crie, mon frère est mort. Je n’ai pas vu Jean-Pierre », continue-t-il.
Un autre témoin, Jean-Daniel Sautron, un voisin de Jean-Pierre Pothin, assure avoir vu l’accusé « qui a menacé les femmes avant et ensuite a tiré une première fois en l’air ». Il dit également à la barre avoir entendu le deuxième coup de feu, alors qu’il avait déclaré le contraire lors de sa déposition le soir du drame.
Un ami de Abraham Robert témoigne également. Il dit que Jean-Pierre Pothin aurait tiré en direction des femmes la première fois et non en l’air comme les autres témoins le racontent. Il affirme également que la victime et son frère étaient déjà dans le chemin avant le premier coup de feu, alors que la compagne de Philippe Robert et sa sœur ont affirmé le contraire. De nouveau des contradictions dans les témoignages apparaissent.
Le beau-frère de Lolita Toulcanon lui succède à la barre. Il reconnaît les discordes entre les deux familles. Il avoue également que l’accusé avait « une réputation de violent », alors que la victime, Philippe Robert « s’était rangé ». Malgré cela, le Lion des Camélias a trouvé la mort.