Les plaidoiries des avocats de la défense se poursuivent ce mardi 18 avril. Maître Catherine Moissonnier, qui défend les intérêts des époux Michel a axé sa longue intervention sur l’amateurisme de ses clients et leur bêtise.
"Des pieds nickelés" : c’est en ces termes que Catherine Moissonier a décrit ce matin ses clients, Marie-Lucie et Alexin Jusmy Michel. La première encourt une peine de 3 à 4 ans de prison. Alexin-Jusmy qui incarne la figure du patriarche risque lui entre 8 et 10 ans de prison pour l’enlèvement et la séquestration du jeune Alexandre Thélahire en 2007.
Durant près d’une heure, Maître Moissonier a tenté de casser l’image de "professionnels" qui a été attribuée à ses clients. En listant tous les couacs dans l’organisation de l’enlèvement d’Alexandre, l’avocate des époux Michel a voulu convaincre le jury de la cour d’assises de l’amateurisme des deux accusés. Elle a ainsi évoqué les gants de cuisine utilisés pour le rapt d’Alexandre ou encore l’achat d’un briquet à la dernière minute pour mettre le feu à la Renault Symbol, à Saint-Leu.
Les époux Michel sont encore présentés comme des gens "baignant dans la religion" et qui ont été entrainés dans "une spirale infernale". Si elle concède que Marie-Lucie Michel a facilité la rencontre entre Verbard et l’ enfant de choeur à Salazie, Maître Moissonnier souligne aussi de multiples incohérences dans la procédure judiciaire. L’avocate s’interroge de fait sur le travail des forces de l’ordre qui n’auraient pas, selon elle, exploité "les nombreuses pistes" pour mettre la main sur le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie".
Maître Catherine Moissonnier a par ailleurs démonté l’analyse du Président de la Miviludes, Georges Fenech, qui classait vendredi le groupe de prière de Juliano Verbard parmi les mouvements sectaires. Cette catégorisation, Maître Moissonnier la rejette en bloc, qualifiant le clan Verbard non comme une secte mais comme "une équipe de bras cassés". Face aux jury, le conseil a insisté sur le manque d’organisation au sein du clan Verbard, une hiérarchie finalement peu marquée qu’elle a opposé à "l’organisation paramilitaire" décrite par Georges Fenech la semaine dernière.
Maître Moisonnier poursuit encore : "Les adeptes n’avaient pas de fortune, ils vivaient à la petite semaine. Leurs messes en latin, leurs chapelets et autres séances de prières n’ont rien à voir avec une secte". L’avocate du couple Michel a conclu son intervention en insistant sur l’embrigadement total de ses clients à l’époque des faits : "monsieur et madame Michel ne méritent pas de rester en prison ; ils ont déjà largement payé leurs actes par la privation de liberté".