Minus était bien connue des scientifiques de la Réunion. La tortue verte la plus observée par l’équipe du centre de recherches Kélonia a été massacrée par un braconnier. La découverte a été faite par des habitués du Cap Méchant qui ont aperçu la carapace du reptile dans les fonds du site Saint-Paulois.
La législation en vigueur n’a pas dissuadé le ou les braconniers qui ont tué la tortue verte Minus en début de semaine. Ce reptile juvénile était devenu la mascotte du centre de recherches Kélonia. Pour l’équipe des scientifiques, c’est un coup dur. Ils suivaient l’évolution de Minus depuis plus de deux ans et la population s’était elle aussi éprise de l’animal.
Le Directeur du centre Kélonia, Stéphane Ciccione exprimait ce matin son incompréhension face à cet acte de barbarie. La législation en vigueur n’a eu de cesse de se durcir au fil des années. Déjà protégées sur la scène internationale, les tortues faisaient également l’objet d’un dispositif de protection dans l’île. Un arrêté préfectoral signé voilà plus de vingt ans interdit en effet la chasse de cette espèce protégée. La législation a par ailleurs été durcie en 2005 avec la signature d’un arrêté ministériel.
Les scientifiques ont appris en début de semaine ce qui était arrivé à Minus. Des habitués du site du Cap la Houssaye ont fait parvenir des photos au centre de recherches de Kélonia. Sur ces différents clichés apparaissent notamment la carapace de la tortue verte complètement vidée de sa chair et la tête de l’animal. Cette dernière photographie a permis à Stéphane Ciccione et son équipe de confirmer la mort de Minus.
Habitués et scientifiques sont consternés. Minus était très appréciée des passionnés de la nature. Les plongeurs et apnéistes aimaient nager avec elle. Ses déplacements dans les eaux réunionnaises étaient suivis avec attention. La découverte de l’animal dans les fonds marins du Cap la Houssaye rappelle que la vigilance doit rester de mise.
La thèse de l’attaque de requin et celle de la blessure par hélice de bateau un temps envisagées ont bien vite été écartées au profit de celle du braconnage.Si cet acte demeure rarissime, les défenseurs de l’environnement restent en alerte. "Les tortues sont observées à la réunion depuis 1996 et depuis cette année leur nombre a triplé", comme l’explique Stéphane Ciccione. Les braconniers qui chassent les tortues le font généralement pour leur carapace et leur viande.
La tortue fait partie intégrante du patrimoine réunionnais. Dans ce contexte, tout acte de barbarie constitue un préjudice important vu le nombre limité des individus (environs une centaine). Les agents de la Brigade nautique et les éco-gardes veillent sur la réserve marine de l’île mais il est très difficile de saisir les braconniers sur le vif. Ces-derniers encourent une amende de 10 000 euros pour leur action malveillante.