Les membres de l’association Extinction Rebellion ont mené une action la semaine dernière près du Cinéma Grand Sud à Saint-Pierre. Ils demandent à l’établissement d’éteindre leur écran numérique pendant la saison d’envols des jeunes pétrels.
Depuis le 4 avril et jusqu’au 3 mai se déroule une opération "nuits sans lumière" dans plusieurs communes de l’île. Le but est d’empêcher une pollution lumineuse afin de préserver les jeunes pétrels.
La semaine dernière, l’association Extinction Rebellion est passée à l’action. Après "plusieurs demandes" envers le Cinema Grand Sud pour éteindre leur écran numérique pendant la saison d’envols des jeunes pétrels, les membres de l’association ont mené une action devant l’établissement.
Dans un communiqué, ils s’expliquent :
"On parle souvent du réchauffement climatique mais moins fréquemment de l’effondrement de la biodiversité. Le constat est pourtant sans appel. Celui d’une chute libre et silencieuse de la diversité du vivant. Une extinction de masse qui menace notre propre survie.
A la Réunion, les sites touristiques aiment vanter une « île intense » et « intensément biodiversité » classée au patrimoine mondiale de l’UNESCO, un des rares derniers « points chauds » de la biodiversité du monde. La Réunion est la seule île au monde à héberger 2 espèces endémiques de pétrels. Ces espèces sont pourtant en train de disparaître. Selon l’UICN, le pétrel de Barau est en danger et le pétrel noir de Bourbon, le Timize créature fantastique qui fait parti de nos légendes est en danger critique d’extinction.
En cause ? La pollution lumineuse qui est de plus en plus importante. Les jeunes pétrels nichent en altitude dans les parois des sommets. Ils prennent leur premier envol et se dirigent vers l’océan guidés par le reflet des astres sur l’eau. Mais un grand nombre d’entre eux s’échouent attirés par les lumières artificielles.
Afin de protéger ses oiseaux, la SEOR (Société d’Etudes Ornithologiques de la Réunion) appelle les réunionnais à éteindre au maximum les éclairages dès la tombée de la nuit. Cette année, l’opération des nuits sans lumière commencent le 4 avril et se terminent le 3 mai. Mais force est de constater que la pollution lumineuse est de plus en plus importante comme tristement le nombre d’échouages. Malgré le plan de sauvegarde de la biodiversité d’Elisabeth Borne, malgré les alertes rouges qui se suivent pour la sauvegarde de la faune et la flore ici et ailleurs comme à la Réunion, rien ne bouge et le vivant se meurt dans l’indifférence générale.
Il faut agir ! Sensibiliser la population, alerter les acteurs publics comme privés ! Face au manque d’ambition du cinéma Grand Sud pour la sauvegarde des pétrels, nous agissons pour dénoncer leur choix inconséquent. Le choix du gain sur celui du vivant. Malgré nos demandes, le cinéma reste sourd et daigne répondre à notre revendication, celle d’éteindre son écran numérique pendant la saison des pétrels. Car le cinéma se situe sur la route des pétrels. L’écran géant (d’une superficie pourtant illégale) projette ses lumières pour diffuser de la publicité. En 2023, la SEOR comptait plus d’une vingtaine de pétrels échoués autour du cinéma dont une dizaine au pied de l’écran. Comparativement, avant son ouverture l’an passé, la SEOR ne comptait qu’un seul échouage de pétrels en 8 ans (entre 2015 et 2022). Aujourd’hui c’est l’heure des choix pour demain, pour aujourd’hui. Que veulent les réunionnais ? Un monde illuminé de publicité ? Ou un ciel étoilé où virevoltent en avril les pétrels ?
Nous demandons au cinéma grand sud d’éteindre leur écran numérique pendant la saison d’envols des jeunes pétrels."