Le procès de Juliano Verbard et de ses co-accusés s’achèvera plus tôt que prévu. Hier, le jury de la cour d’assises de Saint-Denis a écouté les dernières plaidoiries des avocats de la défense. Ce mercredi matin, les seize accusés de ce procès retentissant seront rappelés une dernière fois à la barre. Tous encourent de lourdes peines pour avoir participé à l’un ou aux deux enlèvements du jeune Alexandre Thélahire en 2007.
Retour sur les plaidoiries du mardi 18 avril :
Dernier avocat à plaider pour la défense, Maître Nicolas Normand a mis en avant ce mardi le statut privilégié de son client Juliano Verbard au sein du groupe sectaire "Coeur douloureux et immaculé de Marie". Selon lui, le gourou s’est laissé piégé. Idolâtré et vu comme un demi-dieu par ses fidèles, Juliano Verbard n’a pas su affirmer son refus face au projet d’enlèvement du jeune Alexandre.
L’avocat s’est longtemps attardé sur la nécessité pour les seize accusés "d’assumer des responsabilités". Se présentant comme "l’avocat du diable", Maître Normand est revenu sur l’histoire du gourou baptisé Petit Lys d’Amour, et sur le phénomène de "diabolisation" qui s’est fait dès le départ, à travers notamment l’emprise exercée par les représentants de l’ordre de Saint-Charbel sur Juliano Verbard.Pour Maître Normand, cela ne fait aucun doute : "Juliano Verbard a payé pour tous ces forfaits". A l’époque de l’enlèvement du jeune Alexandre, ses adeptes ne voulaient pas le voir comme l’auteur de crimes sexuels, malgré sa condamnation. Les fidèles totalement embrigadés ont préféré adopter la thèse du complot.
Comme ses confrères, Maître Normand a centré sa plaidoirie sur "l’excès de foi" des seize accusés qui se sont laissés entrainés dans ce qui était à leurs yeux "une quête spirituelle". C’était bien un groupe de prière au début ; la sectarisation s’est faite ensuite. L’avocat de Juliano Verbard va plus loin dans son argumentaire : "Les adeptes se sont soudés autour du gourou et ont fait de Juliano un demi-dieu".
Les avocats du couple Michel et des frères Daleton ont abattu leurs dernières cartes ce matin. Pendant que Maître Catherine Moissonier axait sa plaidoirie sur l’amateurisme de Marie-Lucie et Alexin-Jusmy, Maître Djalil Gangate et le bâtonnier Georges-André Hoarau ont eux choisi de centrer leur propos sur l’embrigadement total de leurs clients au moment des faits, et sur ce qu’ils considèrent comme "un excès de foi".
Ce dixième jour d’audience a été marqué par l’absence de plusieurs membres de la famille Thélahire et d’une bonne partie des avocats de la défense. Dans le box des accusés, les visages fermés de Juliano Verbard et des autres fidèles du groupe "Coeur douloureux et immaculé de Marie" indiquent bien que l’épilogue de ce procès médiatique approche.
Durant près d’une heure, Maître Moissonier a tenté de casser l’image de "professionnels" qui a été attribuée à ses clients. En listant tous les couacs dans l’organisation de l’enlèvement d’Alexandre, l’avocate des époux Michel a voulu convaincre le jury de la cour d’assises de l’amateurisme des deux accusés. Elle a ainsi évoqué les gants de cuisine utilisés pour le rapt d’Alexandre ou encore l’achat d’un briquet à la dernière minute pour mettre le feu à la Renault Symbol, à Saint-Leu.
Les époux Michel sont encore présentés comme des gens "baignant dans la religion" et qui ont été entrainés dans "une spirale infernale". Si elle concède que Marie-Lucie Michel a facilité la rencontre entre Verbard et l’enfant de coeur à Salazie, Maître Moissonnier souligne aussi de multiples incohérences dans la procédure judiciaire. L’avocate s’interroge de fait sur le travail des forces de l’ordre qui n’auraient pas, selon elle, exploité "les nombreuses pistes" pour mettre la main sur le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie".
Maître Catherine Moissonnier a par ailleurs démonté l’analyse du Président de la Miviludes, Georges Fenech, qui classait vendredi le groupe de prière de Juliano Verbard parmi les mouvements sectaires. Cette catégorisation, Maître Moissonnier la rejette en bloc, qualifiant le clan Verbard non comme une secte mais comme "une équipe de bras cassés". Face aux jury, le conseil a insisté sur le manque d’organisation au sein du clan Verbard, une hiérarchie finalement peu marquée qu’elle a opposé à "l’organisation paramilitaire" décrite par Georges Fenech la semaine dernière.