Accusé par une collègue de deux exhibitions sexuelles et d’une agression sexuelle, le policier municipal de La Possession a été relaxé en partie. Ce mardi, le tribunal correctionnel de Saint-Denis l’a condamné à 6 mois de prison avec sursis.
La relation décrite entre le policier municipal et sa collègue, devant le tribunal correctionnel rend perplexe, tout comme le vocabulaire employé pour le prévenu pour décrire leur comportement. Absente à l’audience, la victime décrit des graves faits datant de septembre 2020. Toujours en état de choc, elle porte sa voix par son avocate. En 2012, l’ancienne surveillante de prison, sera reconnue victime d’une agression sexuelle commise par un détenu. Suite à cela, elle rejoindra son île natale et intégrera la police municipale de La Possession. "Elle lui avait confié ces faits. Et lui son frère, son ami va sans scrupules commettre d’autres faits", souligne l’avocate de la partie civile.
La policière municipale connaît depuis le lycée celui qu’elle accuse d’être son agresseur. Ils sont décrits comme inséparables, passant les patrouilles ensemble, faisant les trajets à deux jusqu’au lieu de travail et échangeant un nombre pléthorique de messages. Seulement, en septembre 2020, leur relation s’est détériorée. D’après la victime, le policier municipal aurait à deux reprises sorti son sexe, avant de se masturber devant elle. De force, il aurait pris sa main pour la déposer sur son sexe en érection.
Dans un premier temps, lors de sa garde à vue en avril 2021, le policier avec 17 ans de service ne va pas reconnaître les faits. Au fur et à mesure et encore à l’audience ce mardi, il va présenter une autre version. Évoquant "un jeu de séduction" et des "étreintes" répétées, il avance qu’ils se prennent régulièrement dans les bras. À chaque fois, son sexe entre en érection. D’après sa version, lors d’une patrouille en septembre, dans un terrain vague, les deux policiers ont à nouveau une étreinte. À ce moment, il lui informe de son érection et elle aurait mis sa main pour vérifier. De retour au bureau, le scénario se répète. "On a de nouveau une étreinte. Je lui dis que je dois évacuer et elle me répond d’évacuer. Pendant ce temps, elle fait le guet et donne un papier pour nettoyer après", avance le prévenu à la barre du tribunal correctionnel. Il reconnaît que son comportement vis-à-vis de son uniforme n’est pas "adapté". Et d’ajouter : "Si dès le début, elle m’avait indiqué que cela la dérangeait, j’aurais arrêté. Tout d’un coup, j’ai appris qu’elle avait déposé plainte. Je n’ai noté aucun changement dans son comportement". Les collègues tomberont aussi des nues en apprenant la nouvelle. D’autant plus qu’ils savaient que la victime était homosexuelle. Le prévenu le sait aussi, mais affirme qu’elle avait déjà eu des relations avec des hommes.
Pour la procureure, les "déclarations sont divergentes". "Quand on écoute le prévenu, elle serait à l’origine de tout cela. Mais systématiquement, elle va contester d’avoir touché le sexe de celui-ci. Les faits sont caractérisés". En s’adressant au prévenu, elle affirme que le comportement de ce dernier est une violence et un choc pour la victime. Elle requiert 12 mois de prison assortis du sursis probatoire et l’interdiction pour le prévenu d’exercer dans la police municipale.
De l’autre côté de la barre, les réquisitions font bondir l’avocate de la défense, Me Marie Briot. "Il a toujours été exemplaire et n’a jamais eu une parole ou un geste déplacés envers la gente féminine. Aujourd’hui, la seule parole d’une dame qu’on peut remettre en cause suffirait à sa mort professionnelle", avance le conseil. La robe noire va reprendre les nombreux sms échangés entre la victime et le prévenu. Des mots doux comme "chéri" sont employés ainsi que des émoticones coeur.
De plus, selon Me Marie Briot, la chronologie des faits décrite par la victime ne colle pas. " À aucun moment, elle ne prend ses distances ou dit dans ses sms que leur relation la dérange, avance l’avocate. N’importe qui en lisant ces messages comprendrait que ce n’est pas une amitié". Et de conclure : "Il n’y a pas grand-chose dans ce dossier sauf de gros points d’interrogation sur un certain nombre de choses. Le doute doit profiter à mon client". Des arguments entendus en partie par le tribunal. Le prévenu est condamné pour les faits d’exhibitions sexuelles mais est relaxé pour l’agression sexuelle. Il écope de six mois de prison avec sursis et devra débourser 800 € à la victime au titre du préjudice moral, loin des 10 000 € demandés par l’avocate de la partie civile.