On se souvient de la détresse de Catherine Thélahire, la maman du petit Alexandre, la dernière victime de Juliano Verbard. Le garçon de 12 ans avait été enlevé par le gourou pédophile. Ce dernier voyait en l’adolescent, le nouvel élu de sa secte. Depuis l’incarcération de Petit lys d’amour, toute la famille est partie vivre en Métropole pour essayer de se reconstruire. Un de nos confrères du journal Le Parisien a pu rencontrer la maman d’Alexandre.
La famille a quitté l’île de la Réunion. Pour reconstruire sa vie et tenter d’oublier les événements de l’été 2007. Le 9 juillet de cette année-là, Alexandre, alors âgé de 12 ans, avait été une première fois séquestré durant vingt-quatre heures par Juliano Verbard. Le 3 août, le gourou, qui avait désigné l’enfant comme son « élu », avait organisé une véritable opération commando pour s’en emparer.
Quatre hommes cagoulés et armés avaient attaqué et séquestré ses parents, buralistes à Saint-Denis de la Réunion. Le plan Alerte Enlèvement déclenché, Alexandre avait été libéré, sain et sauf, au terme de quarante-huit heures de traque. Sa maman, Catherine, réagit à l’évasion d’hier.
Comment avez-vous appris la nouvelle ?
Catherine. Les autorités nous ont prévenus très tôt. Je me suis mise à trembler comme une feuille… Je me suis tout de suite dit : il faut qu’on se protège. Alexandre et son petit frère étaient à l’école. Je suis sortie plus tôt de mon travail pour leur apprendre la nouvelle. Je voulais leur dire avant qu’ils ne l’entendent à la radio ou à la télévision. Je viens de leur dire… Ils se sont mis à pleurer. C’est comme un terrible retour en arrière. Nous avons beau être partis loin, il y a toujours eu une crainte. Cet homme est si dangereux, si manipulateur.
Son évasion vous surprend-elle ?
Oui, car elle semble démontrer des soutiens impressionnants. Ce n’est quand même pas si simple de s’évader… Cela me semble absurde. Est-ce que cela signifie qu’il a disposé d’appuis ? Dehors ? Dedans ?
Avez-vous déjà rencontré Juliano Verbard ?
Non, jamais. Celui qui lui a présenté Alexandre était Guillaume Maillot (NDLR : interpellé et mis en examen après le 7 juillet 2007).
Nous croyions avoir à faire à un jeune séminariste, qui préparait notre fils à sa confirmation. Il s’agissait en fait d’un rabatteur, complètement embrigadé.
Les forces de l’ordre vont-elles, selon vous, retrouver vite le fugitif ?
L’île est petite, mais il y est très facile de s’y cacher. Je sais que d’énormes moyens ont été mobilisés. Et je souhaite de tout coeur qu’il soit rattrapé.
Votre famille a-t-elle surmonté le traumatisme de l’enlèvement ?
Nous essayons d’aller de l’avant. Mon mari et moi avons chacun retrouvé du travail. Notre cadet, qui a aujourd’hui 11 ans, voit toujours un psychologue. Nous en parlons de temps en temps ensemble. Il n’y a pas de tabou. Des courriers arrivent régulièrement, pour l’instruction, qui est presque achevée. Nous tenons les enfants informés. Nous sommes retournés une fois sur l’île, l’année dernière en juin, pour la reconstitution. Alexandre a voulu y aller. Il souhaitait avoir ses kidnappeurs en face. Ce sont eux qui se sont défilés.
Interview extraite du journal Le Parisien.