Au-delà de la prise en charge immédiate des victimes de violences intra-familaies, des soins, des dépôts de plaintes et des procédures pénales (...), il s’agit de mettre fin au cycle de la violence. Suite aux drames de la séparation qui marqué le début de l’année 2011 à la Réunion, la fondatrice et présidente du collectif pour les l’élimination des violences faites aux femmes tente d’apporter des éléments de réponse.
Depuis le début du mois de janvier, deux drames conjugales ont éclaté à la Réunion. Le 19 janvier, Roseline Baleinier a été étranglée par son concubin, à son domicile situé à Saint Louis. Mère d’une petite fille âgée de neuf ans, Roseline Baleinier était en couple avec Pascal Yobé depuis moins d’un an.
Hier, un autre drame de la séparation a éclaté dans le quartier Café de Sainte Marie. Armé de deux sabres à canne, Laurent Perrier s’est introduit dans la maison des parents de son ancienne concubine en passant par la fenêtre avant de se jeter sur eux. Placé sous suivi socio-judiciaire depuis trois ans pour violences conjugales, ce trentenaire a grièvement blessé les deux quinquagénaires, sous les yeux de son ancienne compagne (cf. "Un homme agresse ses ex beaux-parents à coups de sabre").
Selon la fondatrice et présidente du Collectif pour l’élimination des violences intra-familiales ; le contexte actuel - situation économique, sociale, et le chômage (...) peut expliquer le mal-être de certaines personnes mais en aucun cas, cela ne peut justifier ces actes. "On a enlevé beaucoup aux hommes avec l’évolution de la condition des femmes (les femmes travaillent, elles sont indépendantes...) mais cela ne peut pas justifier les violences" explique Thérèse Baillif. Avant de poursuivre : "Par contre, il faut essayer de comprendre pour trouver des solutions car ces violences sont insupportables. (...) Notre société va vers la catastrophe". Bénévole depuis trente ans à la Réunion, Thérère Baillif essaye de comprendre ces passages à l’acte qui laissent place à l’incompréhension générale.
De son côté, Sophia Gastaingt - de l’association "Ni Putes, ni soumises" exprime son ras-le-bol, elle souhaite que les politiques se mobilisent afin de stopper les violences intra-familiales.
Face à ces drames, les bénévoles des associations réunionnaises qui se battent au quotidien contre les violences conjugales ou intra-familiales se demandent si es marches blanches peuvent changer les choses mais pour eux, pas question de baisser les bras face à fléau. Le travail de prévention se poursuit donc sans relâche. Une marche blanche est prévue le 13 février, en hommage à Roseline Baleinier.
En 2010, la lutte contre les violences faites aux femmes a été décrétée « Grande cause nationale » par le Premier ministre François Fillo,.
Cette priorité s’est traduit à travers la loi du 9 juillet 2010. Cette loi relative "aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants" a été adoptée à l’unanimité par les députés et les sénateurs, qui ont ainsi montré que ce combat transcendait tous les clivages politiques. Cette loi marque une nouvelle étape dans la lutte contre les violences faites aux femmes :
- Elle donne au juge les moyens de prévenir les violences avec un dispositif novateur, l’ordonnance de protection des victimes ;
- Elle adapte l’arsenal juridique à toutes les formes de violence ;
- Elle s’appuie sur de nouveaux moyens technologiques pour renforcer la protection des femmes victimes de violence
Quelques chiffres parlant au niveau national :
- 2,5 jours : c’est la fréquence à laquelle une femme meurt sous les coups de son compagnon en moyenne par an.
- 75 000 : c’est le nombre de femmes victimes de viol chaque année.
- 20 % : c’est la part des homicides commis en France qui seraient dus à des violences conjugales.