Jeudi 13 octobre au tribunal correctionnel de Champ Fleuri, Fabrice est jugé pour violences conjugales envers son ex-compagne, Corinne. Pendant plus d’un an, il lui aurait porté des coups jusqu’à lui ouvrir l’arcade sourcilière. Le quinquagénaire nie toute responsabilité pendant l’audience.
C’est la deuxième fois en moins d’un mois que Fabrice se retrouve face au juge. La dernière fois, il comparaissait pour avoir menacé par arme blanche un homme qui avait “insulté sa maman”. Pour ces faits, il a écopé d’un an de prison. Jeudi 13 octobre, c’est donc un détenu qui était entendu au tribunal pour violences conjugales.
Le 17 septembre 2021, Corinne décide enfin de se rendre au commissariat de St-Denis. C’est le coup de trop porté par son mari. Elle dépose plainte contre Fabrice pour viol et violences conjugales. Elle décrit des gifles, des rapports sexuels imposés et l’emprise de son conjoint.
Elle a mis du temps à venir porter plainte car elle avait peur. Absente au procès, son témoignage est lu par son avocate à la barre : “Il me déshabille lorsque je rentre au domicile conjugal. Il arrache ma culotte pour vérifier s’il n’y a pas de traces de sperme. Il la renifle. Il insère un doigt dans mon vagin pour vérifier si je n’avais pas eu de rapports sexuels en son absence. Il m’insulte de salope à de nombreuses reprises”. En plus de ces brimades, parfois, Corinne se réveille en pleine nuit “et mon mari est en train de faire ses affaires".
Elle perd beaucoup de poids. Son entourage commence à s’inquiéter. “Au début, elle nous saluait tous les jours. Au fur et à mesure, elle nous fuyait”, témoigne le voisinage. Elle adopte des stratégies pour cacher ses ecchymoses en s’habillant avec des vêtements longs et larges. “Elle met des cols roulés l’été. Nous sommes à La Réunion alors que ce n’est pas nécessaire à cette saison”, rappelle le procureur. Le médecin de famille constate l’amaigrissement. Il ne reconnaît pas sa patiente.
Une autre pièce versée au dossier, le rapport psychiatrique réalisé pendant l’enquête décrit “une femme en détresse psychologique, dans une relation d’emprise et victime de violences conjugales”. Un autre rapport d’un médecin légiste fait état de la présence de nombreuses cicatrices qui confirment des violences conjugales passées.
Un soir la violence monte d’un cran. Après une gifle assénée par son concubin, elle perd l’équilibre et heurte un meuble. Corinne se retrouve avec l’arcade sourcilière en sang. “Elle est tombée sur le coin de la table”, explique très calmement Fabrice, se dédouanant de toute responsabilité.
En effet, pendant toute l’audience, le quinquagénaire réfute l’ensemble des accusations de violences. “Madame était nymphomane. C’est moi qui subissais. Je ne suis pas le seul alcoolique. Elle buvait aussi. Et puis, ce n’est pas de ma faute si elle perd du poids… Elle était anorexique, dépressive et manipulatrice”, se défend le prévenu à la barre.
Lorsque la juge lui fait remarquer que “de nombreuses personnes affirment avoir vu Corinne changer totalement. Notamment sa propre fille”. “Tout le monde voulait nous séparer. C’est tout”, affirme Fabrice. “Donc les voisins parlent de cris mais ils mentent ?”, rétorque la magistrate. “Oui”, répond avec aplomb le prévenu.
Le tribunal a en face de lui un mur. Fait aggravant pour Fabrice. Il avait déjà été condamné à suivre un stage de sensibilisation pour violences conjugales en 2018. “On se demande à quoi il a bien pu servir”, s’interroge l’avocate de Corinne.
Tout au long de l’audience Fabrice nie en bloc toutes responsabilités dans ces faits. Il est condamné à 18 mois de prison ferme qui s’ajoutent à un sursis probatoire de deux ans. Il sera obligé de se soigner, refaire un stage de sensibilisation, et il a l’interdiction d’entrer en contact avec Madame.
L’histoire ne s’arrête pas là. Nous reverrons bientôt Fabrice au tribunal. Les deux filles de Corinne ont porté plainte pour viol à son encontre. L’enquête est encore en cours.
Carla Bucero-Lanzi