Juliano Verbard a témoigné mardi 12 avril devant la cour d’assises de Saint-Denis. Le gourou du groupe de prière "Coeur douloureux et immaculé de Marie" est revenu sur le deuxième enlèvement du jeune Alexandre Thélahire, décrivant le fonctionnement du groupe sectaire. S’il niait jusque là toute responsabilité dans le deuxième enlèvement d’Alexandre, Juliano Verbard a avoué ce mardi qu’en donnant le message, il a déclenché le processus.
"En donnant le message, j’ai donné l’ordre. Si je m’étais opposé au projet d’enlèvement, le groupe m’aurait suivi." Juliano Verbard semble bel et bien le chef d’orchestre de l’enlèvement d’Alexandre du 3 août 2007. Avec calme, il témoigne ce matin à la cour d’assises : "Après l’affaire de Sainte-Suzanne, on est allés à la Plaine des Palmistes. On a loué les deux maisons au Petit Tampon. Un soir, les femmes nous ont rejoint. Corinne Michel a eu un message. Celui-ci lui disait qu’il fallait enlever le petit Alexandre pour son ordination. J’ai discuté avec Fabrice pendant deux jours. " L’ordre de Saint-Charbel serait selon le gourou reconnu par l’Eglise. Le 3 août 2007, Alexandre Thélahire est enlevé. Les femmes l’ont accueilli mais Juliano Verbard n’était "pas tranquille" selon ses dires.
" J’ai dit qu’Alexandre pleurait. On était tous d’accord pour le libérer. C’est quand j’ai remis le message que le processus s’est déclenché. Pendant les deux jours qui ont suivi, j’ai pesé le pour et le contre. Nous avions une mission à accomplir".
" En donnant le message, je sais que j’ai donné l’ordre." Le Président de la cour interroge ensuite Juliano Verbard sur la préparation de l’enlèvement. Achat de cagoule, location de voiture, surveillance : cet enlèvement a été finement préparé ? " A cette époque, il est vrai que j’avais autorité sur le groupe".
" Je n’étais pas pour cet enlèvement car j’étais en cavale et je ne voulais surtout pas me faire attraper. Mais ce message venait de Saint-Charbel et il nous disait que nous étions protégés : "Vous trouverez un enfant avec une grande piété, le candidat idéal".
Le Président du jury : " Lors du premier enlèvement, Alexandre a été relâché au bout d’une journée. Pourquoi un deuxième enlèvement ?". "Le message. Arrêtez avec ça !" réplique Juliano Verbard, visiblement agacé.
Dans une lettre à Corine Michel, Juliano Verbard aurait demandé de le couvrir. Finalement, il reconnaitra plus tard devant le juge avoir joué un rôle dans le deuxième enlèvement.
Le "prince papal" déclare ensuite : "On a pensé aux frères Daleton car ils étaient les plus forts. Fabrice Michel était évêque. Il fallait cacher l’ordre de Saint-Charbel".
Maître Normand : "Vous êtes le Petit Lys ou Juliano ?
Juliano Verbard : "Je suis Juliano. Suite à l’épisode de Sainte-Suzanne, un autre message est arrivé. C’est le groupe qui me donnait à manger, qui me cachait."
A la question : "Vous êtes à ce moment dans la clandestinité, il faut quelqu’un pour reprendre le flambeau ?", Juliano se contente de répondre "oui", sans donner davantage de détails.
" Quand j’ai dit à Alexandre qu’on allait le rendre à sa famille, on a fait la promesse de ne plus le prendre". Le Président de la cour s’adressant à Juliano Verbard : "Je ne pense pas qu’ils se seraient opposés à un refus de votre part".