Depuis plus d’une semaine, 46 migrants sri-lankais sont à La Réunion, en rétention administrative dans un hôtel de Saint-Denis pour les uns, et en zone d’attente à Gillot, pour les autres. Leurs avocats avaient mis en avant, au cours d’une audience, les conditions d’accueil de ces derniers. Quatre d’entre eux témoignent au micro d’Antenne Réunion.
Le 17 septembre dernier, 46 migrants venus du Sri Lanka ont débarqué sur l’île. Depuis, ils font les allers-retours entre leur zone d’attente et le tribunal de Saint-Denis, alors que la majorité d’entre eux demandent la fin de leur rétention administrative.
Quatre d’entre eux, installés dans une chambre commune au Select Hôtel, nous ont ouvert leur porte. Ils n’ont pas manqué de partager leurs sentiments sur leur fuite et leur arrivée à La Réunion.
"Nous avons beaucoup de problèmes au Sri Lanka. Ici, à La Réunion, c’est la première fois de ma vie que je me sens en sécurité", s’exprime l’un d’entre eux.
"Si je reste au Sri Lanka, je meurs", raconte un autre.
En zone d’attente, les migrants vivent dans des conditions précaires qui ne sont pas évidentes pour eux, et pourtant préférables à un retour au Sri Lanka, selon eux.
"Partager une chambre à quatre n’est pas un problème, mais nous ne pouvons pas sortir, même pas cinq minutes. Nous pouvons seulement dormir et aller aux toilettes, c’est tout, comme en prison. Les familles à l’aéroport, elles, n’ont pas de fenêtres. Elles ne voient même pas le soleil, mis à part 15 minutes par jour", déplorent-ils.
À l’aéroport de Gillot, en effet, sur les 46 migrants, ce sont deux couples et huit enfants qui sont hébergés dans une autre zone d’attente. Toutefois, les autorités ont refusé l’accès de la zone d’attente aux journalistes.
"Pourquoi dans un pays des droits de l’Homme comme la France, comme La Réunion, on ne laisse pas les médias montrer les images à l’ensemble de la population réunionnaise. Je suis persuadé que si la population voit ces images, ils vont changer d’avis", soutient le député Jean-Hugues Ratenon, présent sur les lieux pour constater leurs conditions d’accueil.
"On a l’impression que ces enfants sont enfermés, livrés à eux-mêmes dans des chambres isolées. Ce sont des conditions difficiles à vivre pour les adultes, ça doit être encore plus terrible pour des enfants", ajoute Candasawmy Pillay, membre d’Amnesty International.
Les avocats des migrants sri-lankais avaient également exposé, au cours de leur première audience, les conditions de vie dans lesquelles ils se trouvaient. Des conditions qui ne respecteraient pas la loi, selon eux. "Il faudrait qu’ils puissent se déplacer librement à l’intérieur de la zone d’attente, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il faudrait qu’ils puissent bénéficier des conditions d’hygiène adéquates, ce qui n’a pas été le cas pendant plusieurs jours. Suite à nos dénonciations devant les juges des libertés, cela a été mis en place. Cinq jours après leur arrivée, ils ont enfin pu avoir du savon", fait savoir l’un d’eux.
Ce lundi 26 septembre, dans l’après-midi, les migrants sri-lankais seront fixés sur leur sort, à savoir si la cour d’appel acceptera, ou non de leur octroyer un visa de régularisation de 8 jours pour qu’ils puissent ensuite faire leur demande d’asile.