Les jurés doivent rendre leur verdict ce vendredi dans le procès de l’évasion de Juliano Verbard. Un procès qui a débuté le 21 mai dernier devant la cour d’assises.
Le procès pour l’évasion de Juliano Verbard s’achèvera ce vendredi. Le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie", déjà condamné pour viols sur mineurs et pour enlèvement, va connaître la décision des jurés pour son évasion, ainsi que ses 13 co-accusés. C’est à tout point de vue un procès hors normes qui va s’achever. Deux semaines d’audience, quatorze accusés et une armée d’avocats pour une évasion spectaculaire et inédite à la Réunion, avec l’ultime étape de ce procès c’est la page Verbard qui va se tourner. Après avoir donné une dernière fois la parole aux accusés, les jurés se retireront pour délibérer. Le verdict devrait tomber dans la journée.
Les faits :
Le 27 avril 2009, plusieurs membres de la secte de Juliano Verbard, déterminés à faire évader leur gourou qui affirme souffrir de ses conditions de détention, prennent la direction du cirque de Mafate. Plusieurs d’entre eux montent à bord d’un hélicoptère qu’ils ont loué. Ils prennent alors en otage le pilote Yann Morvan et son mécanicien Stéphane Libel. En les menaçant avec une arme et en les aspergeant d’essence, le commando les contraint à prendre la direction de la prison de Domenjod où est incarcéré Juliano Verbard pour viols sur mineurs et enlèvement. L’appareil se pose dans le cour de la prison et Juliano Verbard, son amant Fabrice Michel et Alexin Michel son père se hissent dans l’hélicoptère. L’engin se pose ensuite sur un terrain vague de Sainte-Clotilde et les preneurs d’otage prennent la fuite.
L’envergure du dispositif policier déployé est sans précédent. Des centaines de gendarmes et une cinquantaine d’enquêteurs quadrillent l’île pour retrouver les fuyards. La Réunion est inspectée jusque dans les coins les plus reculés et c’est toute l’île qui est tenue en haleine par cette cavale. Juliano Verbard devient l’ennemi public n°1. Après dix jours de traque intensive, les fugitifs et leurs complices sont finalement arrêtés dans un petit studio du Moufia le 6 mai, situé, comble de l’ironie, à quelques pas seulement de la prison de Domenjod.
Les 14 accusés comparaissent aujourd’hui devant la cour d’assises pour pour "évasion, séquestration, prise d’otages, détournement d’aéronef ou complicité de ces faits".
Les victimes :
Yann Morvan, pilote de l’hélicoptère détourné est encore très traumatisé par cette expérience. A l’époque, pensant que ses preneurs d’otage veulent perpétrer un attentat terroriste, il prévoit de se crasher volontairement sur des lignes à haute tension, afin d’épargner la vie d’innoncents. Il comprend d’extrême justesse que le véritable dessein de ses bourreaux. Les blessures causées par la peur et par cette intention suicidaire sont encore très vives chez le pilote. Devant la cour, il n’a pu retenir son émotion (cf linfo.re : Les pleurs de Yann Morvan à la barre). Egalement très meurtri par cette prise d’otages, le mécanicien Stéphane Libel -ligoté, frappé et menacé d’une arme dans l’hélicoptère - suit aujourd’hui une formation pour devenir pilote. Une "revanche" selon son avocat.
Les réquisitions :
Au terme d’une réquisitoire de plus de 3 heures, l’avocate générale a donné ses réquisitions pour les 14 accusés de ce procès. Des peines de prison ferme allant de 20 ans de réclusion criminelle, notamment à l’encontre des trois fugitifs, Juliano Verbard, Fabrice Michel et Alexin Michel, à 6 mois de prison ferme à l’encontre de Christiane Mainguet, accusée d’avoir hébergée le groupe.
La stratégie de la défense :
Les plaidoiries des différents avocats chargés de représenter les 14 accusés ont toutes sensiblement suivies la même ligne de défense. Soulignant l’endoctrinement des accusés, chacun des avocats a tenté de minimiser les actes de son client. A plusieurs reprises, les avocats évoquent l’évasion de Ferrara, grande figure du banditisme, pour relativiser la gravité et la violence de celle de Juliano Verbard. Tous estiment que le Ministère public s’est montré beaucoup trop sévère dans ses réquisitions et abattent leurs dernières cartes, susceptibles de convaincre les jurés.
Les jurés rendront leur verdict ce vendredi.