Les gendarmes impliqués dans l’affaire du "Niktamère" seront jugés ce mardi après-midi devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis. Au coeur de la polémique, le commandant de la brigade de Bras-Panon et un militaire du peloton devront répondre des faits d’incitation à la haine raciale. Pour avoir placardé sur un panneau de service un portrait robot discriminant des jeunes d’origine maghrébine, les deux représentants de l’autorité risquent une amende de 45 000 euros et un an d’emprisonnement.
Des gendarmes devant le juge : voilà une scène peu banale qui se déroulera pourtant cet après-midi, au Palais de Justice de Champ-Fleuri, à Saint-Denis. Suite à l’affichage de portraits à caractère raciste dans les locaux de la brigade de Bras-Panon, le commandant et l’un de ses militaires ont été suspendus de leurs fonctions. Cette mesure disciplinaire a été suivie de l’ouverture de deux enquêtes, l’une administrative, l’autre judiciaire. Les deux représentants de l’ordre devront répondre dans quelques heures des faits d’incitation à la haine raciale. Des faits très graves qui pourraient leur valoir un an de prison et une amende de 45 000 euros.
Cette affaire qui a choqué l’opinion et provoqué la fureur du Préfet Michel Lalande remonte au 27 mai dernier. Dans ses colonnes, le Journal de l’île avait alors révélé l’existence de deux imprimés discriminants qui présentaient les jeunes arabes comme des "spécimens appelés branleurs qui se déplacent en petits troupeaux de 5 ou 6" et qui sont "armés d’un couteau qu’ils utilisent pour égorger les moutons mais pas seulement". Cette description honteuse s’accompagnait d’un protrait-robot encore plus caricatural sur lequel on découvrait un jeune Maghrébin au regard haineux, vêtu d’un survêtement.
Ces propos particulièrement outrageants et xénophobes ont rapidement fait le tour des médias locaux, trouvant même un écho en métropole, avec les vives réactions du président du conseil musulman Mohammed Moussaoui et la lettre ouverte du Ministre de l’Intérieur Claude Guéant.
Si les gendarmes incriminés évoquent une simple boutade, une maladresse, et réfutent en bloc la thèse d’un acte raciste, le procureur de la République Richard Bometon qui a décidé de les poursuivre entend bien éclaircir les circonstances de cet événement et sanctionner un comportement indigne d’un représentant de l’autorité publique.